Nous le voyons bien avec la crise des gilets jaunes, plus d’an après l’entrée en vigueur de la nouvelle fiscalité immobilière, les Français réclament le retour de l'ISF, l’ancêtre de l’IFI. La question de la fiscalité et des taxes dans le secteur de l’immobilier est omniprésente. Elle a un impact non négligeable sur le marché et représente un danger dans notre secteur mais, avant tout, sur l’Offre de Logement.
L'Immobilier, une source de recettes fiscales diverses d’un poids considérable
“L'immobilier ne crée pas d’emplois”. Avec cet argument, Emmanuel Macron a souhaité remplacer l’ISF par l'impôt sur la fortune immobilière.
Le Président de la République s’est montré assez critique sur la question de l’immobilier dès le début de son mandat. Sa dernière réforme de la fiscalité immobilière a été mise en place pour brider l’investissement immobilier, lutter contre la rente immobilière et ainsi favoriser une économie dite plus “productive”. En cela, il affirme que le secteur de l'immobilier n’en fait pas partie. Or, il serait injustifié de dire que l’investissement locatif ne participe pas à l’économie réelle et de surcroît non délocalisable.
À titre indicatif, une étude de 2016 d’un cabinet de conseil a révélé qu’un investissement d’1 milliard d’euros permet de créer jusqu’à 12 000 emplois. Le secteur de l’immobilier dispose d’un potentiel très large, il se divise en plusieurs sous-secteurs qui regroupent une infinité d’emplois. Il favorise par exemple l’entreprenariat.
Dans la construction aussi, un sous-secteur de l’immobilier, le nombre d’emplois est important : architectes, maçons, peintres, experts… Le propriétaire/bailleur est donc un acteur économique à part entière, et, par son investissement dans l’immobilier, participe à l’économie réelle de l’Hexagone.
Et l’Immobilier constitue une source de recettes fiscales diverses et d’un poids considérable.
L’IFI va faire fuir les bailleurs
Mais le gouvernement ne semble plus vouloir d’une “France de propriétaires”. Cela voudrait dire qu’un individu relativement aisé qui désire investir dans un logement dans le but de pouvoir le louer et ainsi bénéficier d’un complément de revenu, n’aura le choix qu’entre payer l’IFI, ou investir cette même somme dans un autre secteur et être exonéré de cette taxe. Pour cette simple raison, il préférera exclure l’investissement locatif.
Il est important que notre Gouvernement fasse la différence entre les super-rentiers multipropriétaires et tous ces bailleurs qui eux, ne sont pas, pour la plupart les quelques grands fortunés de ce pays. Imposer l’IFI à ces bailleurs privés réduira d’une part le nombre d’emplois (plus de 2 millions d’emplois en France, soit 8,2% de la population active), et réduira également la possibilité de mettre sur le marché de nouveaux logements. Or, le gouvernement affiche également la volonté d’augmenter l’offre de logement. On voit bien le contresens.
Nous traversons aujourd’hui une crise immobilière qui n’a jamais été aussi conséquente. D’après le rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre, celle-ci touche aujourd’hui 15 millions de personnes dans le pays, dont le tiers sont mal logés !
Ce que nous constatons, nous, les acteurs de terrain, comme nombre d’associations, c’est la demande toujours plus grande, les situations toujours plus précaires, les loyers et les garanties toujours plus élevés….
Devait-on donc ainsi détourner l’investisseur de cette solution Logement (en en faisant désormais Le Symbole de ce qu’il ne faut pas faire), pour l’orienter vers les voitures de sport italiennes, les œuvres d’art, les yachts, les lingots d’or ?
L’IFI va faire fuir les bailleurs, qui à force d’impôts et de fiscalité, vont finir par se désintéresser de l'immobilier et privilégier des actifs non taxés.
Cette crise du logement sera déterminante quant à la politique à venir dans les prochains mois. Est-il trop tard, pour ramener le Gouvernement vers le bon sens et la réalité de terrain ? Est-il trop tard pour exclure l’investissement locatif de l’IFI ? Car c’est cela qui permettra de développer l’offre de nouveaux logements et répondre aux besoins du marché en mobilisant tous les moyens privés dont le pays a, aussi, tant besoin.