J’entendais Gilles Smadja, Directeur de cabinet du maire de Nanterre, hier sur le canal du Figaro Live entre trois marmots qui s’étripaient faute d’écoles ouvertes. Il évoquait doctement la taxation de riches à qui l’on pourrait prendre 70, 80 90% même sans les mettre sur la paille ! Pour lui, il faudrait taxer à 90% tout ce qui dépasserait les 400 000 euros par an.
Alors évidemment au comptoir du bistrot de mon petit coin normand, un revenu de 400.000 euros, on appelle ça un revenu « d’américain », expression locale pour parler de la richesse. Pourtant il n’y a aucune justice, ni aucune raison morale à voler 90% des revenus d’une personne sous prétexte uniquement qu’elle gagnerait trop !
Le problème, encore une fois, n’est pas ceux qui gagnent trop, mais ceux qui ne gagnent pas assez.
Plus vous taxez les riches, plus vous cultivez les pauvres. Je le dis et le re-dis encore. En dehors de la Corée du Nord, la France est le pays où nous taxons le plus les classes moyennes comme les petits riches. 400.000 euros par exemple, ce sont les honoraires annuels d’un bon chirurgien dentiste. Alors son activité à lui n’est pas délocalisable, ces patients sont ici, mais si on lui prend trop de sous, à ce petit riche qui n’est pas milliardaire, il finira par partir et aller gratter des dents ailleurs, au Portugal ou à Monaco. Vous aurez moins de dentistes, moins de soins, et plus de sans dents.
Si ce sont des vrais riches, vous ne leur prendrez jamais 90% car sinon, cela va mettre en péril de grands groupes et des milliers d’emplois, et eux, peuvent sans problème se délocaliser à l’étranger. D’où l’idée d’impôt mondial de Biden.
Le FMI veut taxer les riches !
L’idée du FMI comme vous pouvez le voir sur cet article de France Bleu c’est de mettre une taxe provisoire sur les riches.
C’est bien.
Comme personne ne se pense riche et que tout le monde pense que le riche c’est l’autre et qu’objectivement il y a effectivement 99 % de pauvres et 1 % de riches, c’est une mesure assez populaire avec laquelle vous prenez peu de risque de manifestations de protestations.
Mais que les 99 % de pauvres ne se réjouissent pas trop vite à l’idée d’aller tondre en meute le 1 %.
Cette mesure préconisée par le FMI a bien peu de chance de donner quelque chose de vraiment significatif en France puisque nous sommes déjà le pays le plus taxé au monde et de l’OCDE.
Cette idée est donc essentiellement pour les autres pays où la marge de manœuvre fiscale est considérable parce que nettement moins imposés que sous nos latitudes hexagonales.
Encore une fois, au-delà d’un certain seuil d’imposition, nous cultivons du pauvres plus nous taxons des riches de moins en moins nombreux et de moins en moins riches puisqu’ils sont copieusement tondus.
La création de richesse et la lutte contre la pauvreté passe par l’éducation, l’instruction, la connaissance et le savoir. Quand un type n’est pas très fute-fute génétiquement parlant comme on dit, certains sont bien dotés d’autres pas et en attendant la greffe de neurones nous sommes inégaux face à l’intelligence, mais le monde n’ayant pas besoin uniquement de premier de la classe, on peut avec de l’instruction, de l’éducation, et de la connaissance faire de grandes choses aussi avec les seconds, les troisièmes et même les derniers ! Pour cela encore faut-il avoir une ambition collective pour tous nos enfants et pour que chacun puisse avoir une place assurant les conditions de son bonheur. L’impôt n’est que la partie la plus facile de l’égalité, celle qui consiste à taxer celui qui a un peu plus, c’est facile, peu glorieux, et surtout cela ne répond pas à la vraie question « comment réussit-on à créer de la richesse ? » Vaste débat !
La démondialisation à la sauce Biden
Toujours sur ces histoires d’impôts, Biden veut un impôt mondial comme je vous le disais il y a deux jours pour éviter l’optimisation fiscale.
Dans mon grenier, j’aime appeler mon chat, un chat.
Ce n’est pas de l’optimisation fiscale, c’est du dumping fiscal.
Alors vous avez deux façons de concevoir la mondialisation.
Celle qui a été, celle que nous subissons depuis des années maintenant à savoir que l’on ouvre nos pays à tous vents, mêmes aux « partenaires » qui n’ont ni droit social, ni minimas sociaux comme nous et encore moins de fiscalité. Résultat, nous sommes évidemment totalement largués dans cette compétition mondiale perdue d’avance. Nous fermons nos usines, nous délocalisons et nous nous retrouvons nus comme des vers et ayant mis en place évidemment les conditions d’une économie totalement déflationniste structurellement parlant.
Soit, nous avons une mondialisation où le dumping fiscal, social, et on peut même rajouter environnemental, est rendu impossible par des taux communs d’imposition, par des minimas sociaux partagés par des pays qui commercent ensemble et excluent ceux qui n’appliqueraient pas ces taux minimums.
Evidemment, rien ne peut se faire sans les Etats-Unis en ce bas monde.
Si aujourd’hui la mondialisation est dysfonctionnelle c’est parce qu’il n’y a pas de convergence sur ces taux (d’impôts et sociaux).
Si vous avez une convergence avec une marge de manœuvre de quelques points et que vous avez des droits de douanes ou pénalités imposés à ceux qui ne les respectent pas, alors la mondialisation actuelle deviendra « fonctionnelle ».
Mais ce ne sera plus la même, et les entreprises qui gagnent énormément d’argent parce qu’elles produisent à pas cher là-bas pour revendre très cher ici y laisseront de sacrées plumes. Les cours de bourse également.
Ce que je voulais vous soumettre comme axe de réflexion, c’est que la démondialisation selon Trump (des droits de douanes pour tous les pays à bas coûts) ou la démondialisation à la Biden (imposer des taux d’impôts identiques partout) cela revient aux mêmes conséquences et aux mêmes résultats. La méthode change. La finalité reste identique.
C’est un premier pas vraiment très intéressant, et la portée économique de cette volonté est considérable et bien peu commentée pour le moment. Derrière cette croisade sur les impôts, il y aura aussi celle sur le dumping social. C’est inévitable.
Allons-nous assister à une convergence mondiale prélude également à une véritable gouvernance mondiale ?
Les prochains mois vont nous apporter de précieux renseignements sur cette évolution qui pourrait bien devenir une véritable révolution. Pour le meilleur, ou… pour le pire.
Restez à l’écoute.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !