Les sages n’y vont pas de main morte. La Cour des comptes a rendu public, le 29 juin 2016, son rapport annuel sur la situation et les perspectives des finances publiques. Pas joli joli !
Le mauvais élève d'Europe
En 2015, le déficit public s’est réduit de 0,4 point de PIB mais il reste élevé, à 3,6 % du PIB et la situation des finances publiques en France est plus dégradée que celle de nombreux pays européens. Voilà en substance la conclusion de la cour des comptes. Or un déficit supérieur à 3 % du déficit, c’est évidemment un manquement à notre engagement vis-à-vis de Bruxelles de tenir nos finances.
Pour 2016, la prévision de déficit public (de 3,6 % à 3,3 %) est atteignable, selon le rapport, « en dépit de fortes tensions sur les dépenses de l’État ». Et cette réduction, qualifiée de « modeste », « ne permettra toujours pas de faire diminuer le poids de la dette dans le PIB ».
Comment faire pour mieux maitriser les dépenses ?
Les objectifs de déficit retenus pour 2017 à 2019, supposent une maîtrise sans précédent des dépenses publiques, alors qu’« aucune indication n’est donnée sur les réformes à mettre en œuvre pour l’atteindre » et qu’à l’inverse de nombreuses décisions récentes vont conduire à des dépenses supplémentaires importantes. Le successeur de François Hollande appréciera !
L’institution de la rue Cambon déplore aussi le fait que les comptes publics français restent toujours plus dégradés que dans la moyenne de l’Union européenne. La France présente un déficit effectif et structurel supérieur à ceux de la quasi-totalité des pays européens. Seuls la Grèce, l’Espagne, le Portugal et le Royaume-Uni conservent des déficits supérieurs.
Entre 2010 et 2015, la dépense publique en volume a continué d’augmenter davantage que dans la plupart des autres pays européens. L’endettement a poursuivi sa progression, contrairement à l’Allemagne mais aussi à la majorité des pays européens.
Ce n’est pas tout : la cour des comptes estime que les « économies » en dépenses relèvent d’un effort réel mais nettement inférieur à celui affiché pour 2015. Le Gouvernement a annoncé un programme d’économies de 50 milliards d’euros, entre 2015 et 2017. Or la Cour estime que l’effort d’économies réalisé en 2015 (12 milliards), réel, est sensiblement inférieur à celui affiché par le Gouvernement (18,1 milliards). Pour cette même année, l’effort structurel en dépenses réalisé est inférieur d’environ 0,3 point de PIB à celui qui aurait été nécessaire pour assurer sur le moyen terme la consolidation de nos finances publiques. En gros, nos finances ne sont guère « solides » !