Tandis que la France rentre officiellement en récession à la suite de la baisse du PIB sur deux trimestres consécutifs, notre roi François Hollande serait bien inspiré de relire certains passages de la lettre de Turgot à Louis XVI.
Sire,
(...) J'aurais désiré pouvoir lui développer les réflexions que me suggère la position où se trouvent les finances; le temps ne me le permet pas, et je me réserve de m'expliquer plus au long quand j'aurai pu prendre des connaissances plus exactes. Je me borne en ce moment, Sire, à vous rappeler ces trois paroles :
Point de banqueroute ;
Point d'augmentation d'impôts ;
Point d'emprunts.
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Point d'emprunts, parce que tout emprunt diminue toujours le revenu libre ;
il nécessite au bout de quelque temps ou la banqueroute, ou l'augmentation des impositions.
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Pour remplir ces trois points, il n'y a qu'un moyen. C'est de réduire la dépense au-dessous de la recette,
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chaque ordonnateur, dans sa partie, soutiendra que presque toutes les dépenses particulières sont indispensables.
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ordonner aucune dépense nouvelle sans avoir auparavant concerté avec la finance les moyens d'y pourvoir.
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Votre Majesté sait qu'un des plus grands obstacles à l'économie, est la multitude des demandes dont elle est continuellement assaillie,
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considérer d'où vous vient cet argent que vous pouvez distribuer à vos courtisans, et comparer la misère de ceux auxquels on est quelquefois obligé de l'arracher par les exécutions les plus rigoureuses, à la situation des personnes qui ont le plus de titres pour obtenir vos libéralités.
Il est des grâces auxquelles on a cru pouvoir se prêter plus aisément, parce qu'elles ne portent pas immédiatement sur le Trésor
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Tant que la finance sera continuellement aux expédients pour assurer les services, Votre Majesté sera toujours dans la dépendance des financiers
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C'est donc surtout de l'économie que dépend la prospérité de votre règne, le calme dans l'intérieur, la considération au dehors, le bonheur de la nation et le vôtre
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Votre Majesté qu'elle ne doit pas enrichir même ceux qu'elle aime, aux dépens de la subsistance de son peuple.
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J'ose lui répéter ici ce qu'elle a bien voulu entendre et approuver. La bonté attendrissante avec laquelle elle a daigné presser mes mains dans les siennes, comme pour accepter mon dévouement, ne s'effacera jamais de mon souvenir. Elle soutiendra mon courage. Elle a pour jamais lié mon bonheur personnel avec les intérêts, la gloire et le bonheur de Notre Majesté.
C'est avec ces sentiments que je suis avec le plus profond respect
Sire
De votre Majesté
Le très humble et très obéissant Serviteur et Sujet.
Turgot
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Article initialement publié le 16/05/2013