L'enjeu du financement des PME est au cœur des réflexions des différents acteurs financiers. Oxygéner les PME est la première nécessité pour un pays qui en comptait en 2011 plus de 3 millions, soit 99,8% des entreprises et 48,7% de l'emploi salarié.
Les tendances montrent, notamment à travers une étude de la Banque de France, une hausse des taux de refus de crédit à court terme (30% contre 10% à long terme), posant avec une acuité grandissante la question des solutions alternatives de financement telles que l'affacturage et la mobilisation des actifs circulants. La courbe du moral des entrepreneurs suit évidemment de près ces resserrements des financements de leur exploitation.
Par ailleurs, il apparait que la tendance à la « désintermédiation bancaire » concerne surtout les ETI, pour différentes raisons qui sont principalement liées à une bonne appréhension des risques.
Le crédit inter-entreprises demeure ainsi leur principale source de financement, puisqu'il représentait un montant fin 2011 de 119 milliards d'euros, trois fois supérieur à l'encours de crédits à court terme.
De nouvelles solutions innovantes apparaissent, tel le développement du crowdfunding ou les initiatives de l'Etat à travers des structures telles que la BPI, qui à elle seule portait à son bilan en 2013 plus de 50 milliards d'euros. Les assureurs ne sont pas en reste, portant l'essentiel du patrimoine financier des ménages. Se pose pour eux la question de la destination du placement des montants collectés, le chiffre de 2% des placements en titres de PME a même été atteint un bref moment, avant qu'il ne redescende par l'effet des contraintes normatives telles que Solvency II.
Quelle que soit la façon dont est abordé ce sujet si fondamental qu'est le financement des PME, ressurgit l'éternelle question de l'évaluation, de l'anticipation et du monitoring des risques.
Quelles que soient aussi les tendances à venir, chaque véhicule posera nécessairement l'éternelle question de l'analyse des profils de risque. Là aussi, de nouvelles solutions émergent en parallèle de l'innovation des techniques de financement. Certains accumulent les informations les plus diverses dans de gigantesques bases de données, capables de générer des statistiques de toutes sortes, calquées sur des modèles de valorisation des entreprises, renforcées par des ratios issues des bilans publiés.
Une approche macro-économique n'est assurément pas suffisante pour répondre aux enjeux de la mesure de ces risques et une approche « bottom-up » apparaitrait plus pertinente.
Enfin, chacun sait que l'analyse « photographique » bilancielle, aussi sérieuse et modélisée soit-elle, n'est que le reflet d'une clôture travaillée, qu'elle soit ou non certifiée. L'évaluation issue de cette analyse « rétroviseur » propose des éléments de réponse, mais ne reflète plus la réalité des besoins présents et surtout futurs.
C'est donc qu'à ces éléments industriels de mesure quantitative doivent être ajoutées des informations plus qualitatives et personnalisées. Faire du sur-mesure rendrait par trop disproportionné le coût de cette évaluation, mais il convient néanmoins de proposer d'autres solutions.
Ces renseignements pourraient être apportés par l'entreprise elle-même, avec le risque de renforcer la suspicion du partenaire financier face au demandeur « dans le besoin ». Ils pourraient être recherchés par l'évaluateur lui-même, au risque cette fois de frustrer le demandeur en question.
C'est vrai qu'un chef d'entreprise en recherche de financement fait preuve d'une réelle détermination pour arriver à trouver les euros manquants, mais cette détermination se fait trop souvent au détriment de la qualité de sa communication et des données financières qu'il apporte pour soutenir sa démarche, et il semble parfois pertinent pour lui de se faire accompagner afin de « désensibiliser » la discussion.
D'autres nouveaux acteurs, tels que Patrick Sénicourt à travers sa société NOTA-PME, proposent une approche communicative et dynamique de la notation, au service non de la sanction mais de l'anticipation des risques et de leur éventuelle correction. Voilà une initiative très vertueuse qui conjugue analyse historique bilancielle et apports individuels de correctifs, à travers le plus souvent un accompagnement financier, pour réévaluer les valeurs soutenant la notation. Ces données plus pertinentes, car plus normatives, posent les bases d'une meilleure négociation et partant, d'un meilleur financement.
Il reste nous semble-t-il manquer la pierre angulaire à toutes ses démarches, et qui pourrait se synthétiser à travers l'image de la vidéo. Ces évaluations en effet nécessitent un arrêt sur image, une photographie, alors que nous pourrions proposer un film continu des tendances d'indicateurs d'évaluation. C'est exactement l'approche que propose la société TAIGA, dont le projet de plateforme de scoring du BFR a été labellisé par le pôle Finance Innovation et dont l'objectif est de proposer, en ligne, le suivi de principaux indicateurs de performance, certains universels et d'autres normatifs.
TAIGA a pu constater, à travers son expérience des problématiques de BFR et de pilotage des prévisions de trésorerie, que l'analyse des risques par les flux constitue finalement, et simplement, une analyse pertinente et effectivement dynamique. Les nouvelles contraintes normatives exigent de plus en plus d'informations, de reporting sur l'évolution des liquidités. La transposition en droit français par exemple de la directive AIFM impose pour les dépositaires un suivi des flux de liquidités (cash-flow monitoring).
Car si la réponse la plus simple lorsqu'on attend un règlement est d'appeler le débiteur plutôt que de modéliser la date prévisionnelle à laquelle le paiement devrait mathématiquement arriver, suivre de façon dynamique les flux donne une image fidèle de la réalité d'une exploitation, et une tendance depuis le passé jusqu'au futur.
Les flux de trésorerie particulièrement montrent de façon limpide sur un historique si une entreprise a généré du cash et dans quelles proportions, ses besoins actuels et, pour peu qu'elle soit structurée pour présenter des prévisions de trésorerie, ses besoins futurs. L'analyse des flux passés propose bien d'autres informations, en particulier la capacité d'une entreprise à avoir prévu correctement dans le passé et avec parfois beaucoup d'anticipation un atterrissage, et donc sa capacité à prévoir avec précision (predictability). Cette vision dynamique et bien construite est justement proposée à travers la technologie développée par TAIGA, qui consacre 15% de ses dépenses à la recherche et au développement des techniques de monitoring de l'exploitation des PME.
La méthodologie de suivi des flux de trésorerie peut ainsi s'appliquer à n'importe quel autre type de flux géré par les entreprises, encours clients, encours fournisseurs, rotation des stocks, réalisé vs budget...Ce qui compte alors surtout est de savoir comment à tout moment rendre l'information disponible. Et la vertu d'une plateforme connectée aux systèmes d'information des entreprises, qu'ils soient comptables, de gestion ou de trésorerie, est bien de proposer cette réponse à travers différents indicateurs de suivi de ces flux passés, présents et futurs, modulables, adaptables, en les mettant toujours en perspective, en les comparant le cas échéant, et en certifiant qu'ils sont l'image fidèle de la comptabilité.
Ce positionnement apparait donc être celui d'un tiers de confiance, dont le rôle n'est pas de certifier des comptes mais simplement d'assurer une retranscription fidèle et non déformée de la gestion de l'entreprise. Montrer sa capacité à générer du cash, montrer la stabilité ou la maitrise de ses encours, analyser par les flux de trésorerie les principaux postes de produits et de charges, montrer sa capacité à prévoir, telles sont les réponses complémentaires à apporter au monitoring des risques à court terme.
Tel nous semble aussi constituer un autre élément de réponse aux enjeux d'évaluation des risques liés au financement des PME. Communiquer clairement à travers cette analyse à valeur ajoutée des flux permet de faciliter leur lecture par les banques, qui en font quoi qu'il arrive au quotidien leur analyse. Cela renforce alors la nécessaire confiance mutuelle qui conditionne dans le temps les facilités de crédits courts ou longs. Communiquer de façon transparente contribue en effet à ce climat de confiance nécessaire, à l'heure même où l'administration fiscale a imposé à travers la loi de finance rectificative de 2013 un format de fichier standardisé pour récupérer les données comptables électroniques. Pour aller un cran plus loin, ce monitoring pourrait un jour être complété, en France, d'une fiducie sur les actifs circulants.