Érigée en modèle par une grande partie des élites politiques et économiques françaises, l’économie allemande montre aujourd’hui de très grands signes de difficultés et de faiblesses. Alors faut-il encore croire en la puissance du système allemand ?
Des indicateurs macro-économiques dans le rouge
Croissance au plus faible depuis près de quinze mois, hausse du nombre de chômeurs qui s’établit à près de 3 millions, salaires progressant que très peu… Des constatations déprimantes qui ne concernent pas la Grèce, la France ou encore l’Italie, mais bel et bien l’Allemagne, première puissance économique de l’Union européenne. Ajouter à cela un commerce extérieur, pourtant fer-de-lance de l’économie allemande, déclinant depuis le printemps 2014 et l’on obtient une Allemagne en grande difficulté.
Les raisons de cette crise sont principalement imputables au modèle économique de l’Allemagne, notamment la baisse de l’investissement de la part de l’État allemand. En cherchant à tout prix l’équilibre de ses finances, le gouvernement allemand a oublié l’importance de l’investissement, avec pour comble un rappel du FMI, qui n’est pourtant pas le dernier en matière d’austérité budgétaire.
Aussi, un autre indicateur de la spécificité allemande pourrait sonner son glas : le vieillissement de sa population. En effet, l’effondrement des naissances, s’il n’est pas inversé, amènera en outre-Rhin un différentiel entre retraités et population active insoutenable tant pour le paiement des retraites que pour le maintien d’un fort taux d’emploi.
Et si l’Allemagne devenait le parent pauvre de l’Europe ?
Si cette situation ne va évidemment pas transformer l’Allemagne en « boulet » de l’Europe, cela peut inciter à une remise en cause du leadership allemand sur l’UE et notamment sur sa vision économique, mais aussi à mettre le pays devant une conséquence évidente : la nécessité d’un plan de relance.
Évidemment, cette situation est également problématique pour la France, qui n’est pas non plus dans une situation florissante. Une Allemagne en difficulté c’est une mauvaise nouvelle pour l’hexagone qui peut perdre son principal partenaire économique. Emmanuel Macron ne s’y est d’ailleurs pas trompé en proposant, début octobre, cette fameuse relance à son partenaire allemand.
Pourtant, l’Allemagne ne semble pas décidée à prendre cette direction. Pour preuve, l’instauration d’un SMIC au 1er janvier 2015. Au contraire d’une stimulation de la consommation intérieure, cette décision ne va sans doute pas produire les effets espérés, le SMIC n’étant pas le meilleur instrument connu pour lutter contre la pauvreté et la hausse du chômage.
L’UE a donc besoin de retrouver une Allemagne forte, mais cette dernière a également besoin du retour de la croissance des autres pays pour réussir. Autant dire que la situation n’est sans doute pas près de se décanter.