71 % des Français ne veulent pas que Fillon soit encore candidat

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Par Nicolas Boudot Publié le 3 mars 2017 à 8h29
France Fonctionnaires Suppression Postes Fillon
20%François Fillon n'atteint pas les 20 % d'intentions de vote.

Q1 : François Fillon doit-il rester candidat à la présidentielle en dépit de sa possible mise en examen ?

Sous total « oui » : 28 %

Sous total non : 71 %

NSP : 1 %

71% des Français interrogés considèrent que François Fillon devrait se retirer

Au lendemain de la conférence de presse au cours de laquelle François Fillon a affirmé qu’il serait candidat, même s’il était mis en examen le 15 mars prochain, à l’issue de la convocation du juge d’instruction en charge du dossier pour lequel il est soupçonné, il apparaissait important de prendre le pouls de l’opinion publique sur le maintien de sa candidature dans la course à l’Elysée. Autrement posée, la question est de savoir si les Français concluent que sa position est, comme lui le pense, un « assassinat politique » ou s’il s’agit plutôt d’une forme de « suicide politique ».

En effet, selon les experts juridiques qui se sont exprimés depuis, sa mise en examen semble être l’une des conséquences procédurales la plus probable à cette audition (avec le placement sous statut de témoin assisté). Pourtant François Fillon avait affirmé le 26 janvier dernier sur le plateau du « 20 heures » de TF1 qu’il ne renoncerait à être candidat que si et seulement si, il était mis en examen. Il a donc dû s’expliquer hier sur cette forme de parjure.

71 % des Français interrogés considèrent qu’il devrait se retirer et concluent donc que sa posture relève plutôt du suicide politique.

François Fillon paye la ligne de communication qui est la sienne depuis le déclenchement de ce que l’on appelle le « Penelopegate », le 25 janvier 2017, mais aussi et surtout la stratégie de communication qui fut la sienne durant « la primaire » de la droite et du centre, dont il est très largement sorti vainqueur. François Fillon a construit toute sa stratégie sur l’honnêteté et la probité. Cette stratégie a été verbalisée, le 28 août dernier, lorsqu’il a prononcé la « petite phrase » qui a fait mouche et véritablement lancé sa campagne et freiné celle de Nicolas Sarkozy : « peut-on imaginer le Général de Gaulle mis en examen ? ». Hier, François Fillon a répondu à sa propre question. C’est oui. Cela crée un hiatus entre l’image qui lui a permis d’être le candidat de la droite et du centre et celle brouillée qu’il renvoie depuis la fin du mois de janvier.

Dans le monde de 2017, qui demande plus de transparence et d’exemplarité de la part des élites, Fillon se trouve automatiquement condamné par le tribunal de l’opinion d’une part et par le tribunal médiatique d’autre part, alors même que le seul tribunal qui vaille, celui de la justice, ne s’est pas encore prononcé.

Comment peut-il, en communication, se sortir de cette situation ?

Le décalage d’image est profond. Finalement, seule l’absolution de la justice pourrait à terme mettre fin à la crise. Toutefois, cette absolution potentielle ne saurait intervenir avant les élections. Hier, François Fillon, pour sauver sa campagne et expliquer qu’il maintenait sa candidature malgré tout, a gaullienne en faisant appel à la capacité de résistance du peuple. Il a adopté une posture les accents de de Gaulle en juin 1940 en appelant à la résistance, il a pris les accents de de Gaulle en 1962 qui, après le putsch d’Alger, avait conclu son intervention à la radio par « Françaises, Français, aidez-moi », il a pris l’accent de de Gaulle, le 30 mai 1968 reprenant la main sur la situation intérieure, à son retour de Baden-Baden par une allocution radiodiffusée qui commençait par : « je ne me retirerai pas ». Il est également gaullien quand il considère que c’est le suffrage universel et lui seul qui sera l’arbitre suprême de son destin politique. C’est finalement logique dans une démocratie à 6 semaines d’une élection présidentielle. Nous saurons dans quelques jours si cette esthétique de discours, qui peut mobiliser son camp, sera la bonne pour mobiliser au-delà de ce camp et ainsi espérer l’emporter.

Q2 : Si Emmanuel Macron est élu président de la République, pensez-vous qu’il aura une majorité à l’Assemblée nationale à l’issue des élections législatives de juin 2017 ?

Sous total « oui » : 29 %

Sous total « non » : 50 %

NSP : 21 %

50 % des Français interrogés pensent que Emmanuel Macron, s’il devait être élu président de la République, ne disposera pas d’une majorité parlementaire à l’Assemblée nationale (29% pensent qu’il aura une majorité et 21% ne se prononcent pas).

Voici après les affaires, l’une des questions centrales de l’élection présidentielle de 2017 qui a, pour l’instant, relativement été laissée de côté dans le débat public. Depuis 2002 et l’alignement des mandats présidentiels et législatifs, le président nouvellement élu a toujours pu compter sur une majorité à l’Assemblée. Les présidents Chirac, Sarkozy et Hollande, en s’appuyant chacun sur un parti politique organisé localement dans chacune des 577 circonscriptions, avaient gagné les élections législatives sitôt élus.

Ils avaient à chaque fois pu bénéficier du fait que les électeurs indécis se soient tournés vers le camp du vainqueur présumé, c’est-à-dire le camp dirigé par celui qui venait, quelques semaines auparavant, de remporter l’élection présidentielle et de vivre « l’Etat de grâce ». Ce phénomène étudié depuis les années 50 en sociologie politique s’appelle d’ailleurs l’effet Bandwagon (les indécis se tournent vers le camp de celui qui apparaît le plus logiquement en mesure de l’emporter, pour être dans le camp du vainqueur au moment des résultats).

Il n’en va pas de même pour Emmanuel Macron qui n’est rattaché à aucun groupe politique ancien avec lequel il pourrait transformer l’essai de son succès éventuel. Il s’appuie aujourd’hui sur un petit parti composite, dont l’existence remonte au 6 avril dernier et qui comporte en son sein des militants issus de la gauche et du centre droit. La ligne idéologique est particulièrement délicate à classer si l’on prend comme « mètre étalon » le clivage gauche/droite qui organise la vie politique de la Vème République.

Les Français ont intégré cette problématique puisqu’ils sont une majorité importante (50% contre 29%) à penser qu’il n’aura pas de majorité parlementaire à l’Assemblée nationale.

C’est un handicap de communication immédiat qu’il va devoir purger. En effet, ne pas appartenir à une idéologie politique n’est pas nécessairement un problème pour une élection personnalisée comme l’est une élection présidentielle en France. Il n’en va pas de même pour 577 élections locales où la personnification est moins tangible et les situations locales toutes différentes. Avoir des candidats « En Marche » venus de la gauche, du centre, de la gauche, de la société civile, peut potentiellement permettre de gagner les élections législatives. Le problème c’est qu’en cas de crise politique, les réflexes partisans reprendront leurs droits.

Il restera alors à Macron deux solutions : la coalition ou la négociation permanente sur tous les textes. Autrement, ce sera la cohabitation. Une première sous le quinquennat, créé justement pour éviter ce type de blocage institutionnel. En communication, Emmanuel Macron doit anticiper dès aujourd’hui l’éventualité de devoir construire, un mois après son élection, une majorité de coalition à l’Assemblée nationale. Plutôt que d’attendre d’être en situation, il doit déminer ce sujet. Déminer, c’est sortir du flou. Déminer, c’est dire s’il gouvernera prioritairement avec le groupe de députés de gauche ou avec celui des députés de droite (car nous sommes certains qu’il y aura un groupe pour chacun d’entre eux). S’il ne démine pas, ses adversaires auront bon dos d’expliquer que sa candidature amènerait la France sur le chemin de l’aventure politique et institutionnelle.

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Directeur de Tilder

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