1. La Fed a laissé ses taux inchangés jeudi 17 septembre 2015. Deux raisons ont été invoquées.
En premier lieu, la Fed a indiqué un accroissement des inquiétudes portant sur la solidité de la demande mondiale, et a expliqué que le comité de politique monétaire (le FOMC) surveille dorénavant « l'évolution des perspectives à l'international ». Cela ne surprendra pas les investisseurs. L'augmentation du risque baissier quant à la croissance mondiale a clairement eu un impact sur les marchés depuis le mois d'août, comme la volatilité accrue des actions, la pression sur le cours des matières premières (en particulier le pétrole), et la dépréciation des devises émergentes. En second lieu, l'inflation qui continue d'évoluer en deçà de l'objectif de la Fed constitue une préoccupation supplémentaire pour le FOMC. La Fed a légèrement révisé à la baisse ses perspectives d'inflation pour 2016, et introduit une nouvelle expression au vocabulaire du communiqué, soulignant une attention continue sur cette partie de sa mission. Toutefois, la Fed semble rester d'avis que des tensions sur le marché du travail auraient des effets inflationnistes au cours des deux prochaines années.
2. D'une manière plus générale, la décision d’hier reflète la volonté de la Fed de modifier sa politique monétaire en réponse à l'évolution des perspectives de croissance. La prise en compte de ce facteur est un élément essentiel de l'objectif de la présidente Janet Yellen. Même si, au début de l'été, le comité de politique monétaire prévoyait de relever ses taux en septembre, l'émergence de nouveaux risques a clairement amené la Fed à changer son fusil d'épaule. Nous pensons que le FOMC de Madame Yellen continuera à prendre en compte l'évolution des perspectives de croissance et des risques afférents. Bien entendu, les changements de perspectives peuvent évoluer dans les deux sens. Une atténuation de ces risques pourrait contribuer à justifier un relèvement des taux dans les mois à venir. A l’opposé, un accroissement des risques liés aux perspectives a servi en partie à justifier un statu quo lors du comité d’hier.
3. La Fed semble toujours prête à relever ses taux cette année. Mme Yellen a fait de son mieux pour minimiser l'importance de la décision d’hier, et ce faisant, a découragé les investisseurs de conclure que cette décision représentait le signal d'un tournant plus accommodant. Mme Yellen a notamment fermement indiqué que la Fed n'avait pas modifié ses perspectives à moyen terme, perspectives sur lesquelles repose - et continuera de reposer - l'argument en faveur d'un relèvement des taux. En outre, Mme Yellen a souligné que la majorité des membres du comité de politique monétaire continuent de penser qu'une hausse des taux cette année serait justifiée (bien qu'il soit impossible de l'affirmer avec certitude, Mme Yellen ne fait sans doute pas partie de ceux qui ne souhaitent pas relever les taux cette année).
4. La partie courte de la courbe des taux avait intégré une probabilité faible, mais positive, de relèvement des taux hier. La Fed n'ayant pas relevé ses taux, les rendements sur la partie courte de la courbe ont baissé, comme on pouvait s'y attendre. Toutefois, les mouvements n'ont pas été extrêmes, précisément parce que la probabilité implicite des marchés était relativement faible. Les rendements à long terme sont également en baisse, mais la Fed n'étant pas le moteur principal des rendements à long terme - qui dépendent bien plus de la croissance, de l'inflation et du sentiment des marchés - la réaction dans cette partie de la courbe est plus modérée. Il est encourageant de constater que les marchés de crédit semblent réagir avec calme à la décision de la Fed, clôturant la journée presque inchangés.
5. Ce qu'il faut retenir : la décision de jeudi n'a pas altéré notre opinion sur la stratégie de la Fed. Nous continuons de penser que la Fed tiendra compte de l'évolution des perspectives, et dans le même temps, considérons aussi qu'elle est prête à relever ses taux cette année.