J’ai toujours affirmé depuis maintenant deux ans qu’il était impossible pour la FED de relever significativement ses taux d’intérêt sauf à souhaiter créer volontairement une crise économique d’ampleur “biblique” avec explosion des bulles boursières et obligataires, insolvabilité généralisée des acteurs économiques et arrêt total et rapide du système économique.
Pourquoi ? La réponse est à la fois très simple et très compliquée si l’on souhaite être exhaustif mais disons, pour résumer, que nous sommes dans un monde de dettes. Un monde d’endettement généralisé, et en l’absence de croissance forte il n’y a point de possibilité de rembourser ces dettes qui ne sont garanties ou assises sur une promesse de richesse future.
Hélas, nous le voyons depuis 2007, la croissance économique mondiale s’en est allée. Alors depuis cette date, nous attendons, nous espérons le retour de la sainte croissance, et les autorités monétaires ainsi que politiques assurent la solvabilité du système d’endettement par des taux bas, à zéro généralement, de plus en plus souvent négatifs. Les banques centrales émettent de la monnaie sans compter et rachètent des centaines de milliards de dollars d’actifs chaque mois.
La planète financière et économique est devenue une droguée à l’argent gratuit. Si nous cessons ces injections, alors les forces déflationnistes, présentes naturellement dans nos économies, prennent le dessus.
Déclencher à tout prix l’inflation… et faire croire que tout va mieux : la fable américaine
Nos amis américains ont décidé de lancer un beau scénario hollywoodien. Au début était la crise des supbrimes. Mais grâce à la super FED qui a des super pouvoirs et à Obama qui au bas mot est un véritable héro de comics américain, la reprise est revenue. L’argent s’est mis à couler à flots. La croissance a repris. Les entreprises ont investi. La bourse montait, montait, montait encore, permettant aux retraités de Floride de dépenser à nouveau. L’immobilier s’est stabilisé avant de repartir à la conquête de nouveaux prix toujours plus en hausse, les voitures neuves se vendent comme des petits pains et, cerise sur le gâteau, évidemment le chômage baissait, baissait, baissait pour atteindre le plein emploi et la félicité générale avec un taux de 5 % à peine…
Haaaaa… quelle belle historie économique. Sauf que cette belle histoire n’est qu’une fiction dont est prisonnière la FED, enfermée jusqu’à présent dans ses propres mensonges. Empêtrée même, pouvons-nous dire.
Alors il fallait attendre des excuses, des “alibis” pour dire “finalement la reprise est plus délicate que prévue… la faute à Pierre, Paul Jacques et aux émergents”.
Car tout cela n’était qu’une fiction destinée à provoquer des anticipations autocréatrices mais cela n’a pas fonctionné.
Cela n’a pas fonctionné car 80 % des jobs créés sont des petits boulots d’auto-entrepreneurs payés à la tâche. 47 millions d’Américains restent à la soupe populaire moderne – et encore, en réalité ils sont plus nombreux car les programmes d’aide deviennent de plus en plus restrictifs.
Alors la FED calme un peu ses ardeurs et finalement annonce une pause dans la montée des taux, baisse ses prévisions de taux et aussi de croissance économique pour l’année 2016, ou encore celles d’inflation.
Les conséquences pour votre épargne à court terme !
Évidemment, comme vous pouvez le voir, les discours changent et cela impacte directement vos placements.
Si les risques d’une augmentation des taux s’éloignent, alors cela est favorable aux marchés actions, mais attention : ces derniers sont déjà très chers (ils ont remontés) et si la FED n’augmente plus les taux, c’est qu’il n’y a plus de croissance et les investisseurs peuvent vivre cela comme en réalité une mauvaise nouvelle. La mauvaise nouvelle de la fin de la belle fable rassurante sur la croissance américaine.
Dans tous les cas, cela fait baisser les risques d’effondrement brutal des marchés financiers et cela devrait faire baisser ce que l’on appelle pudiquement “la volatilité”.
Autre élément, évidemment l’or et de façon générale les métaux précieux : pas de hausse de taux et toujours plus d’argent mis en circulation sont autant de facteurs de soutien pour l’or qui n’a baissé qu’en raison de deux choses. La fin des craintes d’explosion de l’euro, grâce aux propos de Draghi à l’été 2011, et au discours de la FED disant que tout allait tellement mieux que bien qu’elle allait monter les taux… Rien de tout cela ne se passant comme annoncé, l’or va pouvoir reprendre durablement sa progression vers de nouveaux sommets.
L’argent gratuit a cela d’extraordinaire qu’il fait monter toutes les classes d’actifs – immobilier, action, métaux précieux – et qu’il gonfle des bulles.
Il faut donc choisir avec soin la bulle dans laquelle on rentre et pourquoi car quand les bulles explosent, elles n’explosent absolument pas toute de la même manière. Ceux qui veulent en savoir plus peuvent me rejoindre dans ma lettre STRATÉGIES ici. Avant de vous quitter pour aujourd’hui, sachez également que la classe obligataire dont les rendements tendent vers zéro et dont les risques augmentent par ailleurs avec l’abus de crédit sera évidemment directement frappée par ces taux très bas ou négatifs, et les obligations c’est l’essentiel de l’épargne des ménages. Je vous révélerai (entre autres) dans ma lettre STRATÉGIES du mois de mars (qui n’est pas encore sortie mais qui ne va pas tarder) le taux de rendement à partir duquel les compagnies d’assurance vie perdent de l’argent et pourquoi elles feront tout pour vous faire migrer de vos fonds euros vers des fonds actions nettement plus “volatils”.
En attendant mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !
Article écrit par Charles Sannat pour son blog