La prochaine réunion du comité de politique monétaire de la Reserve fédérale américaine ne devrait donner lieu à aucune annonce et celle-ci devrait confirmer sa volonté de rester accommodante. Comme annoncé lors du précédent meeting de décembre, la Fed attendra des progrès notables dans ses deux objectifs, le plein emploi et l’inflation, pour faire évoluer sa politique. Or si l’on peut attendre une remontée du taux d’inflation courant 2021, les perspectives sur l’emploi sont encore très déprimées.
La Fed souhaite également se donner le temps de réévaluer ses prévisions sur les conséquences de la crise économique, la campagne de vaccination, ainsi que l’impact du paquet budgétaire voté par le Congrès fin décembre et du plan de sauvetage annoncé par Joe Biden à quelques jours de son investiture, dans un contexte de pandémie de coronavirus incontrôlée.
La communication de Jerome Powell sera toutefois scrutée de près par les investisseurs. Car, malgré le contexte, le débat sur un possible tapering (ralentissement des achats d’actifs) a déjà commencé dans les marchés, convaincus que le prochain mouvement de la Fed sera d’en faire plutôt moins que plus. Un changement de régime de la politique monétaire est une étape clé pour les investisseurs et les expériences de tapering de 2013 et 2018 sont encore dans toutes les mémoires. Ceux-ci seront donc à l’affut du moindre signe qui pourrait laisser à penser que les discussions ont démarré au sein même de la banque centrale.
Conscient des risques d’une communication prématurée sur le sujet, qui provoquerait une tension sur les taux et un resserrement des conditions financières alors que l’économie américaine reste encore fragilisée, Jerome Powell a pris les devants lors d’un discours à Princeton le 14 janvier. « Ce n’est pas le moment de débattre d’une sortie du programme de rachat d’actifs mensuel de 120 milliards de dollars ». Il devrait tenir le même discours lors du FOMC.
Nous estimons que la Fed pourrait commencer à communiquer sur un ralentissement de ses achats d’actifs en fin d’année, si le rebond de l’économie se matérialise au second semestre et si la campagne de vaccination permet une reprise de la consommation. Le séquencement de la politique de sortie de la Fed a d’ailleurs déjà été précisé : celle-ci commencera d’abord par ralentir ses rachats, puis les arrêter. Ce ne sera qu’à ce stade qu’elle pourra envisager une remontée des taux d’intérêt, qui n’est pas anticipée avant 2023.
Face au message de continuité de la politique monétaire de la Fed, les marchés devraient rester stables. Les tensions sur les taux à long terme nées à la faveur des élections sénatoriales en Géorgie, qui signalaient la probabilité d’une politique budgétaire plus agressive qu’anticipée, sont quelques peu retombées, et les taux d’intérêts à court restent fortement ancrés.