Leçon de calamité

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Par Bill Bonner Publié le 14 avril 2020 à 6h12
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@shutter - © Economie Matin
2000 MILLIARDS $Les Etats-Unis ont lancé un plan à 2.000 milliards de dollars contre le coronavirus.

Il n’y a pas de catastrophe que les autorités ne puissent pas aggraver à coup de fausse monnaie et d’interventionnisme. Illustration en ce moment même…

La guerre, c’est la santé de l’Etat, disait Randolph Bourne.

Et la voilà, en 2020. Aussi grasse et insolente que la femme d’un patron de bar. Des joues roses. Un peu dodue à force de trop manger. Stupide. Mais rusée.

L’Etat a rarement été en meilleure santé. Pourquoi ? Parce qu’il est en guerre… contre un virus.

Comment aggraver une calamité

Nous n’avons pas de problème particulier avec le Covid-19 lui-même. Il est ce qu’il est.

Mais nous sommes d’avis que la menace de la molécule se révélera largement surévaluée… comme la menace de l’Allemagne durant la Première guerre mondiale, les Vietcong durant les années 1960, les drogues pendant les années 1970 et les terroristes en 2003.

Quant à la réaction du gouvernement…

Eh bien, les autorités ont déclaré la guerre.

Rien de surprenant à cela. Les politiciens adorent la guerre. Elle leur donne un sentiment de puissance… et met les ressources de la nation à leur disposition, leur donnant ainsi plus de pouvoir et plus d’argent.

Mais la guerre des autorités contre le Covid-19 a poussé l’économie dans une récession… et, sans doute bientôt, dans une dépression.

Alors quoi ? Faut-il enterrer nos morts, encaisser nos pertes, ramasser les morceaux et nous remettre au travail ?

Pas du tout. A la place, les autorités sont en train de prouver notre dicton : il n’y a pas de calamité naturelle qu’elles ne puissent aggraver. Comment ?

En suivant une antique méthode qui a traversé les siècles… appliquée par les empereurs romains… les trous m***iques… et les politiciens argentins ce dernier demi-siècle.

Passés à gauche

Aux Etats-Unis, tant les républicains que les démocrates complotent pour augmenter les dépenses.

Sous peu, les autorités US dépenseront – directement – plus de 50% du PIB. Ajoutez à cela les dépenses indirectes – santé, éducation, réglementation –, et le total dépasse les 60%.

Le fossé entre les revenus et les dépenses est tel – à 53% – que les Argentins semblent positivement conservateurs à côté. Leur déficit n’est que de 14%.

Les Etats-Unis sont passés à gauche. Les « conservateurs » sont au pouvoir, mais il n’y a rien de conservateurs dans ce qu’ils mijotent.

Le président américain a par exemple proposé de payer les frais médicaux des victimes du Covid-19 n’ayant pas d’assurance-maladie.

C’est gentil. Mais qu’en est-il des gens qui ont un cancer… une insuffisance cardiaque… des hémorroïdes ?

Et voilà qu’arrive le secrétaire au Trésor avec une augmentation de 71% des fonds aux petites entreprises.

Bloomberg :

« Le secrétaire au Trésor US Steven Mnuchin a demandé mardi aux dirigeants du Congrès d’engager rapidement 250 Mds$ supplémentaires pour renflouer un nouveau programme coronavirus dédié aux petites entreprises, déjà dépassé par l’afflux de demandes. »

Rien de tel que de l’argent gratuit pour calmer les nerfs et engourdir le cerveau.

Et voici un autre prétendant à la Maison Blanche, Mark Cuban – qui affirme être « un conservateur budgétaire » – avec un plan inédit pour dépenser l’argent des autres :

« Si vous avez une petite ou moyenne entreprise, nous couvririons simplement tous vos chèques, et la Fed rembourserait votre banque locale pour tout ce que vous envoyez.

Ainsi, vous pourriez conserver tous vos employés, payer toutes vos factures, payer votre prêt immobilier, votre loyer et vos frais généraux, et les choses pourraient continuer, au moins un peu, comme en temps normal… »

Normal ? Normalement, les entreprises gagnent l’argent pour couvrir leurs dépenses en fournissant des biens et des services. C’est ainsi que fonctionne une économie réelle.

Un boulanger gagne de l’argent en faisant du pain, pas en touchant des chèques du gouvernement. Il produit de la richesse réelle, en d’autres termes.

Mais à présent… dans ce Fabuleux Nouvel Age où Tout Est Possible, Aussi Ridicule que Ce Soit…

… On rase gratis ? Pas de problème !

Une farce énorme et idiote

Mark Cuban, Donald Trump, Steven Mnuchin et Nancy Pelosi pensent qu’on peut sauter l’étape « gagner de l’argent »… pour aller directement à l’étape « dépenser de l’argent ».

Il suffit de distribuer des morceaux de papier imprimés à l’encre verte !

Mais comme nous l’avons décrit hier, le pain qui n’a pas été cuit lundi ne sera plus jamais cuit.

Ce jour-là est passé. Il ne renaîtra pas. Imprimer de l’argent ne le fera pas revenir.

Alors installez-vous confortablement. Versez-vous un verre.

Nous sommes sur le point d’assister à l’une des farces les plus énormes et les plus idiotes jamais données – en temps réel.

Toujours plus de pouvoir pour les autorités

En 1803, l’économiste français Jean-Baptiste Say a remarqué que ce n’était pas l’argent qui enrichissait les gens… c’était la production.

C’est la capacité à produire des biens et des services qui donne aux gens la capacité d’acheter des biens et des services.

En d’autres termes, la monnaie n’a pas de valeur intrinsèque. Pas même l’or. Sa valeur lui est attribuée en fonction de la quantité de biens et de services disponibles à l’achat avec cette monnaie.

Donnez un million de dollars à un naufragé sur une île déserte : cela n’aura aucune valeur. Donnez ce même million à un habitant de Buenos Aires, il pourra vivre comme un roi.

Mais actuellement… sous nos yeux… nous voyons ce principe mis à l’épreuve.

Quoi, vous n’avez pas vendu de voitures le mois dernier ? Nous allons vous donner de l’argent. Comment, vous n’avez pas pu aller travailler ? Hé, pas de problème – voici un chèque à votre nom.

Votre restaurant n’a servi aucun repas… votre navire de croisière n’a pas quitté le port… personne n’a acheté vos avions ? Problème résolu : distribution générale de billets verts.

La fausse monnaie peut-elle remplacer la production réelle ? C’est ce que nous allons découvrir.

Mais qui paie le violoniste choisit la mélodie.

Dans une économie saine et normale, ce sont les producteurs qui choisissent… parce que ce sont eux qui ont l’argent.

Dans une économie de fausse guerre, malsaine et contrôlée par le gouvernement, ce sont les autorités qui choisissent la mélodie.

Alors ouvrez l’œil… et attachez votre ceinture : ça va valser.

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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