Compétitivité, emploi, Cahuzac : Etat de choc

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Par Charles Sannat Modifié le 8 avril 2013 à 13h41

Ils sont forts ces communicants élyséens... enfin fort c'est une façon de parler. Leur métier en fait c'est de trouver une solution verbale , des expressions, qui permettent de faire avaler des couleuvres à la population.

Première règle : ce doit-être du quasi slogan. Comme le peuple est vu comme étant crétin, il faut lui faire du court. Du très très court du genre « le changement c'est maintenant », ça tout le monde connait.

Deuxième règle : c'est comme à l'école pour que l'idée gouvernementale forcément bonne se fraye un chemin jusqu'aux cerveaux embrumés d'une plèbe stupide il faut rabâcher et rabâcher encore. C'est la phase 2 de toute bonne communication politico-économique où évidemment chaque Ministre va décliner à son niveau la politique de communication décidée et donc répéter en plaçant les bons mots clefs dans chaque intervention dans les médias.

Troisième règle : un message doit-être toujours positif car sinon ce n'est pas vendeur pour la population incapable d'entendre quelque vérité que ce soit. (Dans l'esprit des zélites il y a eux et nous. Nous on comprend rien et eux savent comment faire notre bonheur à l'insu de notre plein gré). 
Par exemple on ne dit plus se faire virer, ou licencier voir faire partie d'un plan de licenciement. Non souvenez-vous désormais il faut dire : « on bénéficie d'un plan de sauvegarde de l'emploi ».

Celle-là je l'adore, ou comment expliquer à Monsieur ou Madame dujenoux qu'en se faisant licencier elle a la chance extraordinaire de profiter d'un plan de sauvegarde de l'emploi... sauf du sien ! C'est comme cela que l'on se retrouve depuis quelques mois avec un mot toujours le même d'ailleurs, mis au service de la communication gouvernementale.

Tout est un « choc » !
Tout a commencé par le « choc » de compétitivité. Vous vous souvenez ? Le rapport Gallois et tout le tremblement. Il fallait redevenir compétitif donc on a fait un choc de compétitivité. Nous voilà bien avancés.

Ensuite nous avons eu droit au « choc » de confiance. Pour relancer non pas l'économie car ils en sont incapables, ils ont eu l'idée de créer un « choc » de confiance, qui est venu s'écraser lamentablement sur le cas chypriote dont le règlement n'inspire justement pas forcément... une grande confiance au peuple évidemment totalement bête... sauf que le peuple voit bien qu'à Chypre... les gens se sont fait « chyprer » leur sous.

Après on nous a pondu le choc de simplification dans la dernière allocution télévisée présidentielle bien que pour le moment dans ce pays tout reste aussi compliqué qu'avant et que pour concrétiser le moindre projet il faut respecter au bas mots 19852 normes distinctes référencées dans les 300 000 pages de nos 26 codes différents (les chiffres ne sont pas les bons mais c'est l'idée).
 Supprimez une norme et vous aurez un lobby qui viendra hurler sur la place publique que c'est une honte.

Et arrive enfin le « cas » Huzac. Et là, toutes nos éminences à la morale plutôt grise se sont parées de leur plus beaux atours de père la vertu et viennent nous dire le plus sérieusement du monde qu'il faut un... « choc » de moralisation.

Alors disons-le je suis choqué par autant de chocs subits dans un temps aussi court. Je suis également choqué de voir à un moment où la France s'enfonce dans un situation économico-politique rarement vue dans son histoire que nos politiques n'aient comme idée qu'un simple mot. Le choc. Ils devraient d'ailleurs vite changer ce terme car à la vitesse ou vont les choses je peux vous pronostiquer sans guère prendre de risque démesuré que notre grand mamamouchi élyséen va finir par recevoir un « choc » populaire dans son postérieur tout présidentiel soit-il.

C'est le problème en étant le Président de la faillite. Car notre pauvre François, sera bien hélas le Président de la faillite de la France, ce qui lui permettra sans doute de rentrer dans l'Histoire mais pas de la façon dont il l'aurait sans doute souhaitée.

En Italie Bersani a dit :
« Seul un malade mental pourrait avoir une envie irréfrénable de gouverner en ce moment ». 
Pour ceux qui n'auraient pas suivi les péripéties transalpines, Bersani c'est le chef de la gauche italienne qui a tenté pendant quelques semaines de former un gouvernement... sans réussir et il vient de jeter l'éponge.

Il faut dire qu'être le Président de l'austérité et de la rigueur n'est pas le chemin le plus rapide vers la popularité. Sans oublier qu'au bout du chemin, ceux qui sont aux affaires actuellement seront ceux de la faillite car il sera difficile à l'Italie comme à la France de passer le cap de l'année 2014 tout en sachant que la fin 2013 sera déjà particulièrement tendue.

Toujours à propos de nos amis italiens, alors qu'au niveau des autorités européennes on encense la gestion de Mario Monti, on a appris ce week-end que le gouvernement qui n'a plus de déficit primaire grâce à la gestion exceptionnelle de Mario Monti, allait débloquer pour 40 milliards d'euros d'arriérés de paiement...

C'est comme en Grèce ! Hors toutes les dépenses le budget est à l'équilibre. J'en rigole encore. D'ailleurs j'ai pleuré de rire quand j'ai lu la dépêche qui disait sans rire (elle) que sortir ces 40 milliards d'euros n'aurait aucun impact sur le déficit budgétaire... c'est sans doute pour cela qu'ils n'avaient rien payé jusque-là !!!


Il y a 225 000 entreprises concernées pour un montant moyen de 422 000 euros... ce qui en dit long sur l'état de l'économie italienne et la « véracité » de ses comptes publics... mais ce Mario Monti qu'est-ce qu'il est fort tout de même !

Le ministre du redressement productif en direct du Wall Street Journal
Si l'ennemi du Président était la finance, il semble que le Ministre du redressement productif Arnaud Montebourg souhaite faire copain-copain avec les financiers américains.
Il faut dire que la situation économique de notre pays est tellement compliquée que finir la fin de l'année 2013 va nécessiter quelques circonvolutions budgétaires.
Oui c'est très compliqué la réduction des dépenses... surtout lorsqu'il s'agit de tailler dans la « solidarité » nationale.

Résultat c'est Arnaud les rayures, qui vient d'annoncer dans le Wall Street Journal qui comme chacun le sait est un quotidien pour marxistes léninistes, que l'état allait sans doute vendre les derniers bijoux de famille que nous détenons, sans doute à vil prix comme EDF.
Voilà quelques milliards d'euros facilement récupérés, et tout aussi vite dépensés. Cela aura pour conséquence de privatiser tous les gains de notre électricien national pour enrichir les fonds de pension US.

Pour leur garantir une bonne rentabilité il faudra que tous les Monsieur et Madame Dujenoux de France et de Navarre payent un peu plus cher tous les ans leur électricité.
Pour terminer, d'ici 5 à 10 ans, lorsqu'il faudra démanteler les centrales nucléaires, ce sera bien sur à l'état français de prendre en charge ces dépenses énormes.

Nous aurons alors tout perdu. Absolument tout.
Alors oui, face à autant de bêtises, de lâchetés, de compromissions, face à tant de manque de hauteur et d'imagination, face au naufrage économique de notre pays, je dois vous le dire, je suis pris d'une envie « irréfrénable » (comme dirait Bersani) de mettre un grand « choc » global aux postérieurs de notre classe politique qui n'a rien compris aux forces qui actuellement agitent la population, ni à la cristallisation qui est en train de se faire autours d'eux et qui conduira à un printemps français comme je l'expliquais déjà en 2011.

Tout sera balayé. L'économie, l'épargne des français et des européens, les politiciens de la faillite, et les structures de représentativité nationales, sans oublier la superstructure européenne... et cela sera sans doute provoqué par l'effondrement financier de la France.
Pour le moment il n'y a plus qu'à attendre le choc sur la dette de la France.

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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