Prévisions choc 2015 pour la France [BESTOF]

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Par Christopher Dembik Publié le 16 août 2015 à 4h01

Initialement paru le 15/12/14

Saxo Banque fait part tous les ans, à cette période, de ses « prévisions chocs ». L'exercice s'inspire directement de la théorie du cygne noir de Nassim Nicholas Taleb et a pour objectif de prédire l'imprévisible afin de prendre en compte même les scénarios les plus improbables.

François Hollande dissout l'Assemblée Nationale en 2015

Dans la perspective de la présidentielle, François Hollande décide de dissoudre l'Assemblée Nationale. Bien mal lui en a pris. Les marchés financiers s'affolent.

Après un inévitable camouflet aux départementales et conscient du risque de perte par le PS de la plupart des régions qu'il contrôle, François Hollande pourrait annoncer lors de sa traditionnelle allocution du 14 juillet son intention de dissoudre l'Assemblée Nationale. En agissant ainsi, il pourrait espérer retrouver un nouveau souffle, comme l'avait fait Jacques Chirac en 1997, dans l'optique de l'élection présidentielle de 2017. Il pourrait ainsi entrer pleinement dans les habits de président de la IVème République.

L'hypothèse de moins en moins incongrue d'une dissolution

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La gauche sortirait laminée d'un tel scrutin et pourrait ne parvenir à conserver que 56 sièges sur 323 actuellement détenus. La droite gouvernementale sortirait victorieuse et pourrait obtenir la majorité absolue avec près de 500 sièges pour l'UMP-UDI. Le FN confirmerait sa montée en puissance mais peinerait à accroître significativement son nombre d'élus à cause du mode de scrutin majoritaire.

François Hollande n'aurait pas d'autre choix que de nommer Nicolas Sarkozy pour former le nouveau gouvernement mais ce dernier aurait tout intérêt à décliner la proposition et à appeler à la démission du chef de l'Etat. Pris à son propre jeu, le président serait contraint de former un gouvernement ultra-minoritaire dirigé par Michel Sapin et soutenu par les députés PS et radicaux de gauche pour gérer les affaires courantes.

Le blocage politique et l'incapacité à respecter les engagements européens de la France ne manqueraient pas de se traduire par une forte agitation sur les marchés financiers. Les rumeurs de défaut de paiement auraient tôt fait de se répandre. Les investisseurs se détourneraient alors massivement du pays pour se replier sur les Etats-Unis, attirés par la remontée des taux américains dans la foulée du durcissement de politique monétaire de la FED.

L'illusion de taux d'intérêts durablement bas

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En résulterait certainement un krach obligataire. L'histoire récente est riche d'enseignements à propos du déroulement d'une telle crise. Le cours des obligations s'effondrerait et le taux de rendement à 10 ans, maintenu artificiellement bas depuis plusieurs années, passerait probablement en un laps de temps très court de 1,88% à plus de 5%. Les grandes banques françaises, qui détiennent une majorité de leurs fonds propres en obligations d'Etat, seraient contraintes de faire appel d'urgence à l'Etat qui demanderait à l'Union Européenne d'activer pour la première fois le mécanisme de résolution unique prévu dans le cadre de l'Union bancaire.

Aucun pan de l'économie ne serait épargné. Les banques cesseraient de se prêter entre elles. Le taux des crédits immobiliers pourrait passer de 2,40% à près de 10%, conduisant à un éclatement de la bulle immobilière, en dépit de la pénurie de logements dans le pays qui a jusqu'à présent permis d'éviter un scénario catastrophe. Après quelque temps, les agents économiques ne consommeraient et n'investiraient plus conduisant à l'entrée en récession.

Dans ce contexte, l'Etat ne serait pas épargné et pourrait, rapidement, ne plus être en mesure d'honorer ses créances. Les intérêts de la dette actuellement autour de 38 milliards d'euros par an grimperaient à plus de 100 milliards d'euros, ce qui représente un tiers des recettes fiscales et non fiscales annuelles de l'Etat. Pour surmonter les conséquences du krach obligataire, le gouvernement serait contraint de demander l'aide de la troïka. La BCE pourrait intervenir sur les segments de marché défaillants et enclencher pour la première fois le programme OMT (Outright Monetary Transactions) de rachats de la dette souveraine française sur le marché secondaire afin d'éviter l'effet de contagion. De son côté, le FMI interviendrait en débloquant des fonds d'urgence, ce qui n'est pas sans rappeler ce qui s'est passé à l'occasion du tournant de la rigueur en 1983 ou au début de la Vème République. La France serait, de fait, placée sous tutelle internationale.

Ce qu'il faut absolument retenir de ce scénario catastrophe, c'est qu'on aurait tort de croire que la France soit complètement à l'abri d'une crise majeure et que son statut de « moins mauvais » emprunteur de la zone euro puisse la protéger éternellement. D'où notre prévision choc : la dissolution de l'Assemblée Nationale pourrait provoquer un krach obligataire en France en 2015.

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Christopher Dembik est économiste chez SaxoBank.

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