Le gouvernement avait prévenu depuis plusieurs semaines : le bouclier tarifaire, qui a gelé les prix de l’électricité et du gaz durant toute l’année 2022, ne pouvait plus être maintenu en l’état. Il doit évoluer afin de réduire le coût pour les finances publiques. Élisabeth Borne, Première ministre, l’a confirmé définitivement le 14 septembre 2022 en annonçant les taux d’augmentation des factures.
Un bouclier tarifaire 15% plus élevé en France en 2023
Après avoir décidé que le bouclier tarifaire, qui a coûté plus de 20 milliards d’euros entre janvier et septembre 2022 et dont le coût continue d’augmenter, allait prendre fin, la question qui restait était celle du montant de l’augmentation qui aurait fallu annoncer aux ménages français. Pour rappel, le bouclier tarifaire a gelé les prix du gaz au niveau d’octobre 2021 et ceux de l’électricité dès le 1er février 2022 (après une hausse de 4%). Censé être temporaire, il est devenu une mesure majeure pour la protection du pouvoir d’achat des Français.
Élisabeth Borne, Première ministre, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, et Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, ont donc dévoilé le 14 septembre 2022 ce à quoi doivent s’attendre les ménages concernant leurs factures : une hausse de 15%.
Des augmentations de prix plafonnées… mais très élevées malgré tout
Le gouvernement a insisté : si la hausse des prix aura bien lieu, elle est largement inférieure à celle qui surviendrait sans le bouclier tarifaire. « Sans action du gouvernement, les tarifs seraient multipliés par 2,2 au début de l'année prochaine », a précisé Élisabeth Borne. Or, les hausses ne seront que de 15% dès janvier 2023 pour le gaz et dès février 2023 pour l’électricité.
La facture sera néanmoins salée : « Ces augmentations vont conduire à une hausse moyenne des factures de l'ordre de 25 euros par mois pour les ménages qui se chauffent au gaz, au lieu d'environ 200 euros par mois sans bouclier tarifaire. Et à une hausse moyenne de 20 euros par mois pour les ménages qui se chauffent à l'électricité, au lieu de 180 euros par mois sans bouclier tarifaire », a détaillé la Première ministre.
Rapportée sur l’année, l’augmentation de la facture devrait atteindre environ 250 euros par ménage pour 2023, à périmètre de consommation constant. Mais le gouvernement espère également que l’impact sera moindre grâce aux appels répétés à la sobriété énergétique sur fond de risque de pénurie d’énergie. La hausse du prix de l’électricité et du gaz pourrait, d’ailleurs, participer à l’effort en incitant les ménages à réduire leur consommation.
Afin d’accompagner les ménages les plus modestes, le gouvernement a également prévu de nouveaux chèques énergie : 12 millions de foyers devraient les recevoir avant fin 2022, pour un montant de 100 à 200 euros selon la composition du ménage et les revenus.
Le dilemme du gouvernement : inflation, croissance ou salaires ?
Le nouveau bouclier tarifaire sera, certes, inférieur à celui en place en 2022, mais il coûtera tout de même 16 milliards d’euros à l’État, selon les calculs du gouvernement. Ce dernier, d’ailleurs, s’est retrouvé coincé dans une situation inextricable.
Sans bouclier tarifaire, les prix de l’énergie auraient explosé : la conséquence directe en aurait été la baisse de la consommation des ménages, et donc un risque majeur de récession pour 2023. Le tout couplé à un taux d’inflation qui aurait grimpé en flèche. Or, le taux d’inflation est utilisé pour calculer le taux de revalorisation du SMIC : une inflation trop élevée aurait conduit à des revalorisations exceptionnelles, et donc à de nouveaux frais pour les entreprises et de nouveaux conflits entre salariés et patrons.
Mais si le bouclier tarifaire avait été maintenu sans changement, c’est le coût pour l’État qui aurait grimpé en flèche. Et le gouvernement ne peut plus s’engager dans de telles dépenses, notamment à cause de la hausse des taux de la BCE qui font grimper le coût des intérêts de la dette publique.
Avec 15% de hausse, le gouvernement espère donc que l’effet sur l’inflation sera limité tout en essayant de soutenir la consommation et donc l’économie. Avec l’espoir que 2023 ne verra pas le PIB français chuter, ce que craignent certains analystes plus pessimistes que l’exécutif.