Près de 8 milliards d’euros… voilà ce que vaut la catégorie reine des sports mécaniques. A la tête de la Formule 1 depuis 40 ans, Bernie Ecclestone passe (enfin) la main. Même s’il reste impliqué dans la signature des contrats, le Britannique de 85 ans devrait complètement disparaître des paddocks d’ici trois ans. Une bonne nouvelle ? Peut-être bien mais tout reste à faire et à voir.
Après deux ans de rumeurs, de tractations qui ont échouées, la F1 a trouvé un nouveau propriétaire en la personne de Rubert Murdoch, propriétaire du groupe de médias américain, qui a confié la gestion à Chase Carey, ex de la 21th Century Fox. Un rachat étonnant, puisque la F1 n’a jamais réussi à percer pleinement dans le pays de l’Oncle Sam, qui peut être synonyme de développement pour la catégorie reine du sport automobile.
L'Europe délaissée par la F1
Car il ne faut pas l’oublier, la F1 a besoin de changement. Si du côté financier tout va bien (1,1 à 1,3 milliard d’euros générés par an), des courses ennuyeuses et des tribunes clairsemées sont monnaie courante sur tous les grands prix. La F1 est en perte de vitesse depuis plusieurs années. S’il sera bien difficile de changer les règlements immédiatement, Liberty Media pourrait faire rayonner le sport grâce à une utilisation plus intensive des réseaux sociaux et autres moyens de communications modernes. Les pays en développement et sur le continent américain sont les premiers visés au détriment de l’Europe qui concentre toujours le plus grand nombre de fans. Chase Carey devra donc jongler entre le nouveau public et le public historique qui pourrait se sentir délaisser. Rappelons que depuis plusieurs années, la F1 déserte l’Europe mais les horaires des courses sont calculées pour le public européen : course de nuit à Bahrein et à Singapour, par exemple. Une volonté de Bernie Ecclestone qui pendant des années a beaucoup fait pour développer le sport. Est-ce que les Américains tiendront compte de tout cela ?
Et les petites écuries dans tout cela : seront-elles mieux considérées ?
Au fil des décennies, la Formule 1 est devenue une histoire de gros sous. Ferrari, Mercedes et Renault actuellement, BMW, Jaguar, Toyota, Honda par le passé, les grands constructeurs automobiles ou grandes multinationales comme Red Bull, sont les seules à pouvoir fournir assez d’argent pour gagner les championnats. Les plus petites structures comme Sauber, Force India, même avec un passé glorieux tel que Williams et McLaren, ne peuvent suivre la cadence d’investissement, montrant ainsi des championnats à deux vitesses, sans réelles bagarres en piste. Même les artifices introduits ces dernières années comme le DRS (système permettant d’aplanir l’aileron arrière pour offrir plus de vitesse en ligne droite et ainsi doubler plus facilement) ne suffisent plus. Une meilleure répartition des revenus semble indispensable et Liberty Media devrait prendre cette voie en invitant, probablement pas avant fin 2017, les écuries à devenir actionnaires.
Les passionnés attendent de ce rachat des changements radicaux pour plus de bagarres en piste, mais aussi des prix plus bas pour se rendre sur les circuits. Un chantier énorme attend les américains qui devront faire évoluer la F1 tout en conservant son identité, et-ce rapidement puisque les passionnés historiques ayant connu le sport dans les années 70, 80 ou même 90 ne se retrouvent plus du tout dans ce sport moderne qui distribue des pénalités à tout-va et qui invente des artifices pour augmenter le spectacle qui ne vient toujours pas…