L’exode urbain : mythe ou réalité ?

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Séverine Amate Publié le 6 septembre 2020 à 10h39
Inondation Paris Crue Seine
@shutter - © Economie Matin
41%Le nombre d'annonces immobilières à Paris a grimpé de 41%.

L’expérience du confinement a-t-elle fait se détourner la demande d’achat et de location des métropoles au profit des villes moyennes ou, au contraire, l’attractivité des grands centres urbains permet-elle à ces derniers de conserver leurs habitants ?

Sur SeLoger, 2 phénomènes émergent. D'une part, l'augmentation des volumes d'annonces d'achat et de location dans les villes de plus de 100 000 habitants. (+ 41% d'annonces à Paris et +23% à Lyon par exemple). D'autre part, les grandes métropoles demeurent toujours au coeur des recherches avec une attractivité accrue sur des villes comme Toulouse qui ont vu le volume de recherches augmenter de 104% ou encore Nantes avec +91% de recherches. Dresser un bilan sur l'exode urbain nous semble précipité à date. Néanmoins, des marchés nouveaux pourraient tirer leur épingle du jeu : les villes moyennes autour des grandes métropoles.

Oui, les Français désertent les grands centres urbains

La crise sanitaire a-t-elle - vraiment - rebattu les cartes du marché immobilier et contribué à booster l'attractivité de territoires jusqu’alors délaissés car trop éloignés des grandes villes au sein desquelles se concentrent pourtant les créations d’emplois ? À la lecture des chiffres enregistrés sur notre site, on constate que dans certaines villes de plus de 100 000 habitants, le volume d’annonces immobilières (qu’il s’agisse d’achat ou de location) a fortement augmenté si l’on compare entre elles les périodes allant du 1er juin au 31 juillet 2019, d’une part et 2020, d’autre part. C’est le cas à :

Lyon : + 23 % d’offres au global / + 46 % à l’achat + + 7 % à la location.

Nantes : + 16 % d’offres au global / + 6 % à l’achat / + 32 % à la location.

Paris : + 41 % d’offres au global / + 24 % à l’achat / + 64 % à la location.

Mulhouse : 4 % d’offres au global / + 12 % à l’achat / - 5 % à la location.

On peut toutefois légitimement s’interroger quant à l’objectif que poursuivent ces propriétaires vendeurs… Désirent-ils vendre leur logement lyonnais, nantais ou encore parisien afin d’acheter plus grand, moins cher, plus vert, quitte pour cela, à s’éloigner des grands centre urbains ? C’est une possibilité qui ne saurait être écartée. D'après notre étude SeLoger, 29 % des Franciliens interrogés ont ainsi élargi leur périmètre de recherche et prospectent désormais loin des grandes villes.

Non, les grandes villes ne se vident pas leurs habitants

Si l’enfermement auquel nous ont contraints les mesures de confinement ont incontestablement modifié les aspirations des Français, et, par voie de conséquence, transformé la demande, les envies d’espace, d’extérieurs (une grande terrasse, un bout de jardin) et de verdure formulées par les Français semblent n’avoir été suivies d'aucun effet… Même si la banalisation du télétravail change la donne, force est de constater que c'est en ville que se concentre l’emploi. C’est cette métropolisation de la croissance qui fait se concentrer les nouveaux jobs dans les grands centres urbains et se vider les petites villes au profit des grandes. Notre étude révèle d’ailleurs qu’entre le 11 mai et le 31 août de cette année et de 2019, les métropoles ont continué de figurer en bonnes places dans les recherches immobilières (à l’achat comme à la location) effectuées sur notre site. On note tout de même que plusieurs métropoles sortent du lot :

Toulouse : + 104 % de recherches au global / + 69 % pour de l’achat / + 21 % pour de la location.

Nantes : + 91 % de recherches / 139 % pour de l’achat / + 12 % pour de la location.

Nice : + 70 % de recherches / + 87 % pour de l'achat / + 40 % pour de la location.

Marseille : + 65 % de recherches / + 89 % pour de l’achat / + 29 % pour de la location.

Strasbourg : + 57 % de recherches / + 100 % pour de l’achat / + 6 % pour de la location.

Bref, à date, l’exode urbain, que certains annonçaient, n’est pas à l’ordre du jour. Enfin, et bien que les recherches portant sur des locations parisiennes aient baissé (- 23 % entre 2019 et 2020 sur les périodes observées), les recherches sur des biens à vendre augmentent, quant à elles, de 5 %, et cela en dépit du resserrement des conditions d'octroi d’un crédit bancaire et des prix surélevés qui sont pratiqués dans la capitale.

Il est encore trop tôt pour se prononcer

Si les - nouvelles - aspirations des Français, quant à leur logement, semblent n'avoir pas résisté à l'épreuve de la réalité, mais à l’avenir, les citadins troqueront-ils leur mode de vie urbain contre un autre, plus rural, celui-là ? La réponse à cette interrogation est toutefois conditionnée à l’évolution du télétravail (et des mentalités) en France ainsi qu’au maintien (ou à l’érosion) du pouvoir d’achat (ou de location) des Français.

Enfin, il est intéressant de constater qu'au surlendemain du déconfinement, c'est aux villes moyennes, situées à proximité des métropoles, c'est-à-dire à la grande banlieue davantage qu'à la campagne, que la crise sanitaire pourrait avoir donné du poids. L'attractivité de villes comme Choisy-le-Roi (autour de Paris), Marignanne (autour de Marseille) ou encore Givors (autour de Lyon) pourrait s'en trouver rehaussée. Et pour cause, ces villes permettent aux futurs ex-habitants des métropoles d'optimiser leur pouvoir d'achat tout en conservant les avantages liés à un environnement urbain (écoles, commerces, administrations, transports…).

Laissez un commentaire
Cropped Favicon Economi Matin.jpg

Directrice des Relations Médias Groupe SeLoger, Porte-Parole de l'Observatoire du Moral Immobilier

Aucun commentaire à «L’exode urbain : mythe ou réalité ?»

Laisser un commentaire

* Champs requis