La Fed sétonne du volume de rachats d'actions. L'explication est simple : les entreprises qui ont effectué des rachats d’actions ont été récompensées par le marché, elles ont surperformé l’indice.
Point de marché : la Fed s’étonne du volume de rachats d’actions
Dans un très intéressant blog de la Fed de New York, trois des économistes des plus séniors de la Banque, parlent de l’énorme volume de rachats d’actions effectués par les entreprises américaines. Ils partent de la constatation que les rapatriements de liquidités ont explosé après la réforme fiscale Trump.
Nos lecteurs assidus (nous les saluons et remercions ici) le savent et ont vu le graphique ci-dessous depuis belle lurette.
Deuxième point de l’article : ses flux de trésoreries ont essentiellement été utilisés pour des rachats d’actions, alors que l’utilisation pour augmenter l’investissement est restée prudente et décevante.
A LBPAM, nous avons une explication, elle tient dans le graphique ci-dessous. Les entreprises qui ont effectué des rachats d’actions ont été récompensées par le marché, elles ont surperformé l’indice. Les entreprises qui ont investi ont été pénalisées par le marché, elles ont sous-performé l’indice.
En clair et sans décodeur : vous êtes le PDG d’une entreprise, si vous décidez de rendre la trésorerie à vos actionnaires par rachats d’actions, vos stocks options progressent, alors que si vous décidez d’utiliser cette même trésorerie pour investir, vos stock-options baissent. CQFD.
Pour l’anecdote, en littérature académique cela s’appelle « the catering theory of dividends » : lorsque le marché récompense les entreprises à forts dividendes ou à forts rachats d’actions, les entreprises ont tendance à augmenter leurs dividendes et leurs rachats d’actions.
L’article de la Fed est disponible sur : https://www.federalreserve.gov/econres/notes/feds-notes/us-corporations-repatriation-of-offshore-profits-20180904.htm
L’exode italien (bis)
Nous nous étions faits écho mercredi d’une étude de Bruegel sur les flux d’investisseurs italiens durant les derniers mois. Elle montrait, à partir des données de balance des paiements, que les investisseurs étrangers avaient vendu massivement les obligations italiennes en mai et juin (25 milliards de sorties en mai, 33 en juin). L’article est disponible sur :https://bruegel.org/2018/08/italys-capital-flight-2011-2016-and-early-2018/
Intéressant mais pas vraiment à jour car les données utilisées sont publiées avec beaucoup de retard.
Pour avoir une idée des mouvements après juin, nous avons utilisé la position Target II de la Banque d’Italie qui est une mesure du déficit de financement du système financier italien. Il est donc lié de très près (mais pas parfaitement…) aux sorties de capitaux.
La bonne nouvelle c’est que la position Target II s’est améliorée en juillet (de 9,85 milliards) après deux mois particulièrement difficiles (-38,56 milliards en mai, -16,29 en juin).
Avec un peu d’économétrie, on estime que les rachats de papiers d’Etat italiens par les étrangers seraient légèrement supérieurs à 10 milliards sur juillet. A confirmer lorsque les chiffres officiels seront publiés. Mais ce qui est sûr c’est que l’exode massif de mai-juin a épargné juillet.
Williams n’a pas peur d’inverser la courbe
Le président de la Fed de New York, un membre permanent du FOMC donc, a déclaré hier lors d’une « causerie au coin du feu » que la Fed ne devrait pas hésiter à inverser la courbe si besoin est.
C’est surprenant, Williams est vu comme une colombe, il a même une note de « 2 colombes » sur le classement Bloomberg. Sa déclaration valide l’idée de deux hausses de taux à venir (le marché attend une hausse des taux avec 95% de probabilité en septembre, et 63% pour une seconde en décembre).
Nous avons longuement parlé des deux interprétations de la courbe en conflit à la Fed :
- soit la courbe est plate pour des raisons domestiques et donc une récession s’approche et la Fed doit arrêter de monter les taux,
- soit la courbe est maintenue plate car les taux longs sont influencés artificiellement par des facteurs globaux et la Fed doit continuer à monter ses taux pour compenser.
Williams a très clairement choisi son camp : « Nous, ainsi que d’autres banques centrales dans le monde, ont mis en place des politique agressives d’achats de titres long ce qui a probablement poussé la prime de terme à la baisse ». Si même les colombes s’y mettent...