L’existence même de l’euro remise en cause selon la banque Nordea

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Par Charles Sannat Modifié le 23 mars 2023 à 10h02
Euro Bce Inflation 1
@shutter - © Economie Matin
0,90Les économistes de Nordea estiment qu'une rupture de l'euro-dollar sous le seuil de 0,95 ouvrirait la voie à un rapide plongeon vers 0,90.

Mes chères impertinentes, chers impertinents,

L’existence de l’euro pourrait être « remise en question » face à sa chute, selon une analyse de la banque Nordea reprise par Investing.com (source ici). Voilà de quoi frémir et effrayer la ménagère de moins de 50 ans qui ne sera jamais au courant par les infos du JT de 20 heures dont la fonction n’est plus tant d’informer que de participer à la gestion de la stabilité sociale des masses. Voilà ce que dit la banque Nordea dans sa note publiée avant-hier :

« L’Europe a récemment été l’épicentre d’une tempête parfaite sur les marchés de l’énergie. Le choc des prix de l’énergie a et continuera d’avoir un impact sur le secteur industriel, entraînant un choc négatif des termes de l’échange pour la zone euro. Les biens qui étaient auparavant produits en Europe devront désormais être importés de pays étrangers, où les prix de l’énergie n’ont pas augmenté autant qu’en Europe. La détérioration des termes de l’échange plaide en faveur d’un euro plus faible.

La fragmentation politique en Europe a augmenté avec des partis politiques éloignés du centre qui remportent les élections – regardez l’Italie et la Suède, a expliqué Nordeau, qui a prévenu que l’euro est un projet politique, et si les politiciens de l’UE ne s’entendent soudainement plus, alors nous pourrions voir l’existence de l’euro remise en question – comme cela a été le cas pendant la crise de l’euro de 2010 ».

Enfin, en ce qui concerne les prévisions à plus court terme de Nordea, la banque a noté qu’une rupture de l’euro-dollar sous le seuil de 0,95 ouvrirait la voie à un rapide plongeon vers 0,90.

Vous devez comprendre qu’aucune entreprise industrielle européenne ne peut être rentable avec des prix de l’énergie multipliés par 50. Cela veut dire la fin de l’essentiel de l’industrie allemande, des pénuries, du chômage de masse, mais aussi des difficultés sociales sans précédent. Enfin c’est un déficit commercial abyssal puisque tout ce que nous ne pourrons plus produire viendra encore plus de Chine ou des Etats-Unis ce qui affaiblira durablement l’euro.

Les tensions politiques finiront par devenir tellement fortes entre les pays de la zone euro que le risque de fragmentation ira grandissant et c’était prévisible. C’est dans ce contexte très tendu que Christine Lagarde la présidente de la BCE nous a fait une sortie pas franchement rassurante pour les marchés.

La BCE n’a pas vocation à corriger des erreurs de politique intérieure, dit Lagarde

Dans cette dépêche de l’agence Reuters reprise par le site Boursorama, Christine Lagarde a déclaré que « la Banque centrale européenne (BCE) n’activera pas son nouvel outil anti-fragmentation IPT (Transmission Protection Instrument ou Instrument de protection de la transmission) pour alléger les coûts d’emprunts des Etats membres si ceux-ci grimpent en raison d’erreurs de politique intérieure ».

En clair, si Draghi avait ramené le calme en disant la BCE fera tout ce qu’il faut pour rendre l’euro irréversible et, croyez-moi, ce sera suffisant, Christine Lagarde, elle, vient de créer de la défiance en disant l’inverse ! Non, l’aide de la BCE ne sera pas inconditionnelle ! Conclusion ? Si on ne fait pas tout ce qu’il faut alors cela veut dire que l’on n’en fera pas assez !

Enfin, Christine Lagarde a aussi dit que « des mesures supplémentaires seraient peut-être nécessaires si l’inflation ne recule pas autour de 2 % quand les taux d’intérêt auront atteint le niveau dit « neutre », celui qui ne stimule ni ne freine l’économie ».

Nous allons continuer quelques mois encore dans cette politique mortifère, guerrière avec une Commission Européenne belliqueuse. À ce rythme, les peuples européens, effarés vont rapidement découvrir que l’Europe, c’est la misère et la guerre.

Les banques centrales sont véritablement à l’attaque. Elles ont une stratégie très claire qu’elles déroulent, et ce n’est pas pour notre bien quoi que l’on en dise. D’ailleurs elles n’osent pas le dire, puisqu’elles expliquent même qu’elles feront monter le chômage pour tuer l’inflation !

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

Article initialement publié sur Insolentiae, le blog de Charles Sannat

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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