L’exil fiscal… Mais pas que !

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Par Publié le 17 décembre 2012 à 12h30

La France connait un problème, celui de la fuite d'une partie de sa population, la plus riche et la plus entreprenante, la plus industrieuse, aurait-on dit autrefois. Même si on a du mal à le mesurer exactement, ce phénomène est bien réel, et occupe de plus en plus de place dans les médias et dans le débat public. Il explose même littéralement quand une personnalité connue annonce qu'elle quitte la France pour aller résider en Belgique. C'est un problème politique grave, car on ne quitte pas son pays pour de simples raisons fiscales, surtout quand les départs sont aussi importants.

Le cas de Gérard Depardieu est exemplaire et emblématique. C'est un acteur connu, dont la carrière n'est pas terminée, qui vit en France depuis toujours, qui y travaille car sorti de l'hexagone, il ne pèse professionnellement pas lourd. Il a toujours payé ses impôts en France et on peut penser qu'il a un certain attachement à son pays. Or, il part. Ce n'est même pas lui qui l'annonce, mais la presse. Il n'a pas voulu médiatiser son départ, se faire le porte-drapeau d'un mouvement de contestation fiscale. Pourtant, avec 85% de ses revenus 2012 partis à payer ses impôts, il aurait pu et aurait été crédible. Il a été obligé de s'exprimer, devant le tollé et les attaques suscitées par cette annonce. Son propos est limpide. Il part parce qu'il a fait la balance des avantages et des inconvénients, tant financiers que personnels, et il décide, par un choix rationnel, que les avantages du départ l'emportent. Bien des français qui partent sont dans ce cas. Le poids de l'aspect fiscal est variable, parfois motif principal, parfois simple "petit plus" qui fait pencher la balance. Dans la plupart des cas, il n'y a pas de plaisir à s'exiler, car cela implique de résider réellement 181 jours hors de France, donc de rompre en partie avec son réseau social, de quitter des lieux qu'on aime, de se reconstruire un équilibre ailleurs.

La réponse des responsables du gouvernement est également très emblématique : l'insulte et la stigmatisation. Le Premier Ministre qui traite de Depardieu de minable, un député qui propose de déchoir de la nationalité. Bref, le crachat à la figure. C'est dans la parfaite lignée du comportement de ce gouvernement vis-à-vis des entrepreneurs et des investisseurs. Il n'y a qu'à voir les différentes mesures contenues dans les différentes lois financières votées cet automne. C'est un massacre de l'entreprenariat, par la matraque fiscale. Le problème n'est pas seulement financier. Certes, personne n'aime payer des impôts, mais quand l'Etat explique bien, et que ses raisons sont bonnes, on peut arriver à faire faire aux gens des sacrifices financiers impressionnants. Regardez donc le succès des emprunts d'Etat pendant la première guerre mondiale. La question est aussi psychologique, et là, le mal est profond.

"Je n'aime pas les riches". Avec cette phrase, venue du fond du coeur, François Hollande a tout dit. Et depuis le 6 mai 2012, il met en oeuvre ce programme : taper sur ceux qui ont de l'argent. Et leur cracher à la gueule. Il y a une incompréhension abyssale entre les socialistes et le monde de l'entreprise, ceux qui créent, pas les énarques qui viennent pantoufler dans les grosses boites. La petite PME familiale, c'est terra incognita pour les élus PS, composé de fonctionnaires (de l'Education nationale notamment) et d’apparatchiks professionnels. Non seulement, ils ne connaissent pas, mais ils ne veulent pas connaitre. Le mouvement de pigeons, en octobre, c'est le cri du cœur d'entrepreneurs qui sont désespérés face au mur d'ignorance crasse et de mépris qu'ils perçoivent dans les mesures fiscales qui allaient les toucher. Un véritable gouffre psychologique existe entre les actuels gouvernants, et un milieu socio-professionnel.

Résultat des courses, le milieu socio-professionnel, qui se trouve être par ailleurs facilement mobile, part à l'étranger. Puisqu'on ne veut plus de lui en France, puisque le gouvernement de son pays s'emploie à détruire les conditions de la réussite économique à laquelle il aspire, et bien il va voir ailleurs. Quand cela touche des chefs d'entreprises au bord de la retraite, ce n'est pas trop grave, c'est juste un peu de manque à gagner fiscal. Mais quand c'est un jeune, qui sort d'une école de commerce, et qu'il a le choix entre rester en France pour monter sa boite et partir à Londres ou aux USA, c'est autrement plus grave. Le départ des jeunes, ce n'est pas de l'exil fiscal, puisqu'ils n'ont pas un rond. C'est juste une perte de confiance dans l'avenir de son pays, juste le sentiment de ne pas y avoir sa place, avec des gouvernants et des médias qui passent leur temps à dénigrer la réussite économique et à stigmatiser ceux qui ont de l'argent.

Malheureusement, ce n'est guère suprenant. Hormis à quelques très rares moments de son histoire, la gauche française n'a jamais été en phase avec les milieux économiques. C'est culturel. Ce n'est donc pas surprenant d'assister à ce triste spectacle d'un pays en crise économique, qui pressure fiscalement au point de faire fuir, ou de décourager ceux dont elle aurait pourtant grand besoin pour sortir de la crise. La cote d'alerte est atteinte quand des gens qui font pas partie de cette sphère économique commencent, eux aussi, à partir. C'est le signe d'un grave problème politique, qui dépasse de très loin l'aspect fiscal, qui n'est finalement qu'un déclencheur.

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