La nouvelle normalité du marché pétrolier

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Par Christopher Dembik Publié le 23 octobre 2014 à 2h40

La dégringolade des prix du baril de pétrole est l'évènement de 2014 sur le marché des matières premières. Les investisseurs s'étaient habitués ces dernières années à un prix moyen de l'ordre de 110 dollars. Depuis cet été, le pétrole a connu un recul de près de 25%, renouant avec les niveaux atteints au cours du printemps arabe. Le marché a expliqué cette baisse, dans un premier temps, par le contrecoup de la hausse du risque géopolitique en Europe de l'Est et dans le croissant mésopotamien. A tort.

« Back to basics »

C'est surtout l'inadéquation entre l'offre et la demande qui explique le fort repli des prix du baril. Au fur à mesure que nous avancions dans l'année, il est apparu de manière de plus en plus flagrante que les prévisions de production reposaient sur des estimations de croissance économique erronées. Il n'y a pas eu rencontre entre la production pétrolière et la demande internationale, d'où la situation prolongée de surplus d'offre du marché.

Réalisant la nouvelle donne, beaucoup d'investisseurs ont débouclé depuis l'été leurs positions longues, accentuant le repli. Ces dernières séances, le cours du WTI a connu un rebond technique depuis la borne psychologique des 80 USD.

A court terme, tout porte à croire toutefois que le prix du baril de pétrole va rester durablement bas. La prochaine réunion de l'OPEP prévue le 27 novembre prochain est présentée comme décisive mais nous considérons que ce sont en fait les Etats-Unis qui sont les seuls à pouvoir réellement influencer ce marché.

Blocage au sein de l'OPEP

En raison des divergences évidentes entre les pays membres de l'OPEP à propos de l'ajustement des capacités de production, il est peu probable qu'un accord significatif intervienne entre l'Arabie Saoudite, qui plaide pour le statu quo, et le Venezuela et l'Algérie, qui militent pour une diminution importante de la production. Manifestement, l'Arabie Saoudite n'est pas prête à être, une nouvelle fois, la variable d'ajustement du marché pétrolier et préfère profiter de la baisse actuelle pour conquérir de nouvelles parts de marché, particulièrement en Asie.

Les espoirs du Venezuela et de l'Algérie reposent essentiellement sur un autre acteur qui a désormais une assise incontournable sur le marché : les Etats-Unis. Les études réalisées montrent, en effet, que la production de gaz de schiste au Texas et dans le Dakota du Nord n'est plus rentable sous un niveau de prix moyen du baril de pétrole de 80 dollars. Nous sommes actuellement dans cette zone de sensibilité. Si, comme on l'anticipe, le baril devrait rester proche de ce niveau à court terme, il n'est pas exclu que les Etats-Unis décident unilatéralement de réduire momentanément leur production. Dans ce cas de figure, le baril de pétrole pourrait se stabiliser à moyen terme dans une zone de prix comprise entre 90 USD et 100 USD.

Un cycle de trente ans

Au-delà de la situation de surplus d'offre du marché, il faut également rappeler le contexte global. L'évolution du cours du baril de pétrole s'inscrit, en effet, dans un phénomène plus vaste, celui de la diminution généralisée du prix des matières premières à travers le monde. Les matières premières évoluent dans des cycles de trente ans. La première partie du cycle a débuté au début des années 2000 par un mouvement de hausse ayant pour point culminant avril 2011.Aujourd'hui, nous sommes engagés dans la dernière partie du cycle qui se traduit par une baisse ayant toutes les chances de durer au moins jusqu'au milieu de la prochaine décennie. A très long terme, un prix faible du pétrole pourrait donc être la nouvelle normalité.

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Christopher Dembik est économiste chez SaxoBank.

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