L’Europe provoque dangereusement la Russie

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Par Eric Verhaeghe Publié le 15 décembre 2015 à 10h41
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@shutter - © Economie Matin
70%70% des dépenses de la Russie en termes d'armement sont classées "Secret Defense".

L’Europe est en voie d’implosion, elle n’a plus de projet politique, elle est menacée par un terrorisme sunnite invasif, mais elle semble bien décidée à continuer sagement son suicide en provoquant dangereusement la Russie. Mais quelle mouche pique la classe politique européenne?

L’Europe et les sanctions contre la Russie

On se souvient que, avant la COP 21, François Hollande avait accéléré le rythme de son pédalo avec l’intention affichée de constituer une grande coalition contre Daesh, incluant la Russie. Patatras! non seulement le génialissime Obama l’avait envoyé bouler en lui rappelant que les deux pays ne jouaient pas dans la même catégorie, mais Erdogan, l’islamiste allié des Américains, avait choisi ce moment pour abattre un avion russe en action sur le sol syrien. Hollande se retrouvait seul dans son slip face à Poutine pour faire ami-ami contre les terroristes.

En toute logique, et au vu du poids important de la France dans l’Union, nos alliés européens ont annoncé qu’ils décideraient en fin de semaine de proroger les sanctions économiques prises contre la Russie du fait de son attitude en Ukraine. On se rappelle que ces sanctions ont appelé un embargo sur la viande européenne en Russie… qui a torpillé la filière porcine en France.

Une fois de plus, le talent diplomatique de François Hollande éclate au grand jour. Sa crédibilité internationale est manifeste.

L’Europe fait des ponts d’or à la Turquie

L’Europe ne se contente pas de fâcher les Russes. Elle tend la main à Erdogan le scélérat, qui emprisonne des journalistes à tour de bras et protège de façon plus ou moins ouverte l’Etat Islamique au Levant. Après avoir habilement utilisé la bombe humaine des migrations venues de Syrie, Erdogan obtient ce qu’il voulait de longue date: la reprise des négociations d’adhésion.

L’Union vient d’ouvrir les négociations sur le chapitre 17, c’est-à-dire sur la politique économique et monétaire. Il est vrai que la zone euro se porte très bien et que la prospérité en Europe est telle que le bon sens recommande forcément de l’élargir économiquement à la Turquie, dont la politique budgétaire et le modèle économique ajouteront un peu plus de désordre au désordre ambiant.

Encore un incident entre la Turquie et la Russie

Il y a deux jours, on a évité de justesse une collision entre une navire de guerre russe et un bateau de pêche turc en mer Egée. Le navire russe a tiré des coups de semonce… suscitant un incident diplomatique dont chaque protagoniste se rejette la responsabilité. On se demande jusqu’où dérapera la situation entre les deux pays.

Il est en tout cas évident que la tension s’est installée entre les deux puissances d’Europe Orientale, les héritiers de l’empire ottoman, contre les héritiers de l’empire byzantin.

La Russie bande les muscles

Du coup, la Russie fait monter la pression dans ses relations avec l’Europe et les Etats-Unis. L’agence Sputnik multiplie les articles sur les chances que l’OTAN auraient de remporter un conflit armé contre la Russie.

On lira avec intérêt l’analyse américaine sur l’état des forces armées russes. Citant un éditorial du magazine Forbes (dans sa version en ligne), Sputnik souligne quelques remarques bien senties des experts US:

the alliance’s entire eastern flank is vulnerable to invasion given the proximity of Russian forces and the absence of natural barriers to a quick advance (…). In the aftermath of the Ukraine invasion, Western military planners no longer think they can predict how Russian leaderVladimir Putin might react to perceived provocations or opportunities. So the possibility of war in Europe is back on the table as a priority concern, and that means land warfare in which the U.S. Army would have to carry most of the burden.

<la totalité du flanc oriental de l’alliance est exposé à l’invasion du fait de la proximité des forces russes et du l’absence de barrières naturelles empêchant une poussée rapide (…). Dans la foulée de l’invasion en Ukraine, les spécialistes militaires occidentaux n’imaginent plus pouvoir prédire les réactions du leader russe Vladimir Poutine aux provocations réelles ou aux opportunités. C’est pourquoi la possibilité d’une guerre en Europe est à nouveau débattue comme un sujet prioritaire, et elle implique un conflit terrestre dans lequel l’armée américaine porterait l’essentiel du fardeau.>

En outre, Sputnik annonce que l’armée russe a mis au point un nouveau drone de combat et a doté sa flotte en Mer Noire de missiles Kalibr, capables de frapper Daesh.

Bref, peu à peu, l’Europe, sous la houlette des Etats-Unis, rassemble tous les ingrédients pour lutter contre la Russie qui lutte contre Daesh, et pour soutenir la Turquie qui soutient Daesh. Une très belle politique étrangère!

Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog

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Né en 1968, énarque, Eric Verhaeghe est le fondateur du cabinet d'innovation sociale Parménide. Il tient le blog "Jusqu'ici, tout va bien..." Il est de plus fondateur de Tripalio, le premier site en ligne d'information sociale. Il est également  l'auteur d'ouvrages dont " Jusqu'ici tout va bien ". Il a récemment publié: " Faut-il quitter la France ? "

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