Une fausse note ? Face à un concert de dirigeants européens prêts à tout (ou presque) pour sauver la monnaie unique, Thilo Sarrazin, ancien membre du directoire de la Banque centrale allemande, vient de publier un ouvrage intitulé « L’Europe n’a pas besoin de l’euro ». Déjà très controversé, le livre prétend que l’euro a été néfaste à l’Allemagne. « Cette politique fait de l’Allemagne l’otage de tous ceux qui, au sein de la zone euro, pourraient avoir, un jour ou l’autre et pour quelque raison que ce soit, besoin d’aide », explique-t-il.
L’auteur affirme notamment que le commerce allemand avec les pays extérieurs à la zone euro serait plus rentable qu’avec les Etats membres. Mais le passage du livre qui a véritablement lancé la polémique est le suivant : les partisans allemands des obligations européennes seraient « poussés par ce réflexe très allemand selon lequel nous ne pourrions finalement expier l'Holocauste et la Deuxième Guerre mondiale qu'une fois transférés en des mains européennes l'ensemble de nos intérêts et de notre argent ».
Les hommes politiques allemands, de tous bords confondus, ont immédiatement condamné ce lien entre l'Holocauste et la crise de l'euro. Par ailleurs, de nombreux économistes estiment, au contraire, que l'Allemagne a énormément gagné en appartenant à la zone euro. Si le pays avait gardé le Deutsche Mark, la valeur de la monnaie aurait très probablement augmenté, ce qui aurait porté atteinte à sa compétitivité.
Pour autant, certains commentateurs apprécient l’expertise économique de l’auteur, tout en regrettant des propos trop nationalistes. « Dans son livre, Thilo Sarrazin livre son expérience du monde de la finance pour éclaircir des questions auxquelles personne ne trouve de réponse actuellement », écrit ainsi Die Tageszeitung, un quotidien allemand orienté à gauche.
Le précédent ouvrage de Thilo Sarrazin, « L’Allemagne court à sa perte » avait déjà créé une polémique à cause de ses thèses sur l’Islam et la place des étrangers en Allemagne, ce qui avait contraint l’auteur à démissionner de la Banque centrale allemande. Le livre, publié en 2010, est néanmoins devenu un best-seller avec 1,3 million de ventes, ce qui en a fait le livre politique le plus vendu de la décennie en Allemagne ! A défaut d’être reconnu par ses pairs, Thilo Sarrazin serait donc dans tous les cas un expert en marketing…
Par Siobhan Dowling
Global Post/ Adaptation Louise Michel D. / JOL Press
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