Annoncés comme l’un des grands favoris de cet Euro, sortis premiers du groupe jugé le plus compliqué… Les Bleus n’en ont pas moins été éliminés par la Suisse dès les huitièmes de finale. Une surprise non sans conséquences, car au-delà de faire ressurgir au grand jour l’incapacité du sélectionneur à gérer ses joueurs, problème récurrent en équipe de France, une élimination si précoce de l’équipe nationale aura de lourdes conséquences sur l’ensemble du football tricolore.
Décidément, cet Euro 2020 aura été surprenant à bien des égards, mais si les complications liées à son organisation étaient impossibles à prévoir, à l’inverse, l’échec des Bleus était assez prévisible.
On peut tout d’abord repenser à la façon dont Benzema a été réintégré à l’équipe. Sans retomber dans le débat de la légitimité, de savoir s’il méritait, ou non, de retrouver sa place, le fait est que rappeler quelques semaines à peine avant le début de la compétition un joueur voué à devenir titulaire est une erreur : l’équipe a manqué de temps afin de s’ajuster et d’acquérir les automatismes bien présents chez la plupart nos concurrents sur la scène européenne.
Bien entendu, l’impact négatif du retour du numéro 19 n’est pas la seule erreur commise. On peut également souligner le manque de temps de jeu du banc. Pourtant, la saison ayant été des plus compliquée et le climat peu clément durant la phase de poule, les blessures étaient à prévoir… et le manque de confiance des remplaçants l’était tout autant.
Même constat concernant les changements de formation entre chaque match, Didier Deschamps n’est jamais parvenu à mettre en place un système qui marche, ni faire en sorte que chacun soit au service du collectif, contrairement à 2018. Les incidents en tribune entre les familles des joueurs en disent long sur le problème de « gestion des égos », si souvent associé à l’équipe de France.
Désormais, c’est Didier Deschamps qui pourrait faire les frais de cet échec, à l’image des entraineurs allemand et néerlandais, mais paradoxalement, à un an du mondial, le remplacer par Zidane enverrait un message négatif : le fait que les joueurs (pour ne pas dire l’individualisme) ont le pouvoir au détriment de groupe, sans oublier non plus le coût financier non négligeable d’un limogeage, à un an de la fin de son contrat.
Le prix de la défaite
Bien évidemment, cet échec n’est pas sans conséquences économiques, car n’oublions pas que le vainqueur de l’Euro peut espérer remporter jusqu’à 28,5 millions d’euros, une somme non négligeable dont la FFF a grand besoin.
Eliminés dès les huitièmes de finale, les Bleus n’auront empoché que 12,75 millions d’euros, bien loin des 32,5 millions d’euros de la Coupe du Monde 2018, d’autant plus que la somme sera probablement amputée de 30% : en effet, il s’agit de la part réservée aux joueurs et au staff. Certains avanceront qu’y renoncer serait légitime, à la fois car nous sommes encore dans un contexte de crise, mais également car il n’est pas exagéré de parler d’échec. Toutefois, il ne faut pas non plus oublier que Les Bleus jouent gratuitement en équipe nationale depuis maintenant deux ans, il est donc peu probable de les voir renoncer à leur dû.
L’autre problème se situe dans le timing. Bien entendu, on ne planifie jamais ses échecs, mais le fait est que le budget de la FFF est à la baisse : on compte une perte de 30,4 millions d’euros de recettes entre 2018-19 et 2019-20, en raison des matchs à huis-clos. Résultat, la fédération dispose d’un budget prévisionnel déficitaire à hauteur de 5,7 millions d’euros, une première en vingt ans à laquelle les joueurs de l’équipe de France auraient pu facilement remédier : atteindre les quarts de finale de l’Euro aurait permis d’empocher 2,5 millions d’euros supplémentaires par exemple.
Côté diffuseurs, l’impact est également lourd. Le tarif des publicités sur TF1 et M6 lors des matchs était évidemment bien plus élevé si les Bleus étaient encore en lice. A titre indicatif, le tarif brut d’un spot publicitaire à la mi-temps de la future demi-finale diffusée sur TF1 était de 280 000 €, si jamais la France était de la partie, il est désormais de 125 000 €.
Côté finale, laquelle sera retransmise sur M6, un spot publicitaire diffusé à la pause en cas de prolongations aurait coûté la somme record de 400 000 €… qui a désormais dégringolé à 168 000 €. En résumé, TF1 y perdra entre 3 et 5 millions d’euros en raison de l’absence des Bleus en demi-finale, et M6 peut tabler sur une perte sèche allant de 6 à 8 millions d’euros, pour l’ensemble quart de finale et finale.
Qu’il semble loin désormais, cet été 2018 durant lequel les Bleus faisaient l’unanimité dans le cœur des français, et contribuaient au rayonnement du football tricolore dans le monde entier.
Dorénavant, seule une remise en question de la part des joueurs, ou bien une décision forte de la part de la FFF, semblent être en mesure de permettre à l’équipe de France de repartir sur des bases solides en vue de la Coupe du monde 2022.