Eco Digest du 4 juin 2012 (2) – L’euro a perdu 6 % de sa valeur face au dollar en un mois, depuis les dernières élections en Grèce et la crise politique qu’elles ont provoquée. La monnaie européenne est passée de 1,32 à 1,23 dollar, un plus bas depuis juillet 2010. C'est plutôt une bonne nouvelle pour les entreprises exportatrices (elles sont plus compétitives) mais c'en est une mauvaise pour la facture energétique de la France (importations de pétrole). La monnaie unique se rapproche de 1,18 dollar, la valeur à sa naissance, en janvier 1999.
Une sortie de la Grèce de la zone euro entraînerait un effondrement de l'Union européenne dans son ensemble, estimait samedi dernier George Soros, lors d'une conférence économique en Italie. Pour le milliardaire américain, connu pour avoir fait fortune en spéculant contre la devise britannique il y a 20 ans, le gouvernement allemand et la Bundesbank ont trois mois pour corriger les « erreurs et inverser les tendances actuelles » en Europe. Après, ce sera « encore plus difficile pour la chancelière Merkel de persuader l'opinion allemande d'accepter des responsabilités supplémentaires envers l'Europe ». L’été dernier, le même George Soros estimait qu’Athènes devait sortir de la zone euro. « l’Union Européenne et l’euro y survivraient » déclarait-il alors dans le magazine allemand Der Spiegel. Le ton est aujourd’hui nettement plus alarmiste.
Et selon un autre journal allemand, Die Welt, les responsables des quatre principales institutions européennes, dont ceux de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne (BCE), planchent sur un de sortie de crise. Les propositions, pro-fédéralistes, seront présentées au sommet européen fin juin. Elles comprennent notamment la supervision centralisée du secteur bancaire, avec création d’un fonds central de sauvetage des banques en difficultés – ce qui permettrait de sauver les banques espagnoles sans affaiblir Madrid - ou encore l’harmonisation des politiques d’emploi et fiscales. Un plan largement inspiré par l’Allemagne...
- La France est une nouvelle fois priée de faire des efforts budgétaires : moins de fonctionnaires, gel des salaires et des retraites... Dans un rapport non publié mais cité par le journal Les Echos, l’inspection générale des finances énonce une série de recommandations pour que l'État français réalise cinq milliards d’euros d’économie par an et ramène ses finances publiques à l’équilibre dans 4 ans. Le gouvernement va-t-il les suivre? En tout cas, pour Pierre Moscovici, la France doit lutter contre « un déficit de crédibilité budgétaire (...) Il y a une marche sérieuse à franchir pour être à 3% l'an prochain », a déclaré le ministre de l'Économie et des Finances, dimanche, au "Grand Jury" LCI-RTL-Le Figaro.