Les Etats-Unis montrent des signes de reprise économique

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Par Charles Sannat Modifié le 18 janvier 2013 à 9h41

La Bourse de Paris a terminé en forte hausse, portée par les espoirs d’une reprise vigoureuse aux États-Unis. Pour nous autres, il est difficile de croire à une reprise tant les fondamentaux économiques sont mauvais, mais pourtant, il faut le dire car c’est la vérité, les indicateurs (même s’ils sont tripatouillés) montrent désormais quelques signes tangibles de reprise et c’est une excellente nouvelle… notamment pour les détenteurs d’or et je reviendrai sur ce point un peu plus loin. Tout d’abord parce que cette crise a commencé par les déboires du secteur immobilier américain, les dernières statistiques connues montrent une nette progression des demandes de permis de construire et une augmentation de 12 % des mises en chantier. Bien évidemment, il ne faut pas confondre pourcentage d’augmentation et niveau des mises en construction qui reste dramatiquement bas depuis plusieurs années et très loin des records historiques de ce secteur. Mais c’est une bonne nouvelle pour l’économie américaine.

L’autre bonne nouvelle, c’est également la baisse du chômage. Sur ce sujet-là, les choses sont un peu moins claires dans la mesure où les chiffres de la semaine en cours sont toujours annoncés à la baisse et révisés à la hausse la semaine suivante lorsque tout le monde a le dos tourné, ce qui entraîne une stagnation du taux de chômage. Alors la grande question que tout le monde se pose est : y-a-t-il une reprise économique aux États-Unis ? Pour moi, oui, désormais il y a reprise économique. Mais, et il y a de très gros « mais », cette reprise est une fausse reprise, elle est le fruit non pas d’une activité économique saine et autonome, mais le résultat d’injections massives de fausse monnaie. Cette reprise repose uniquement sur la perfusion maintenue depuis cinq années par la FED, la Banque centrale américaine.

D’ailleurs, il est assez remarquable de noter le peu d’efficacité économique obtenue compte tenu des montants injectés depuis 2007. Il y a reprise économique donc, mais elle ne repose que sur la consommation de ménages de moins en moins solvables et donc de moins en moins nombreux et sur le piège des taux d’intérêt qui sont désormais proches de 0 pour l’éternité ou presque. Au moment où nous parlons, il n’y a pas de réindustrialisation notable aux USA, quoi qu’en disent les tenants de l’exploitation des gaz de schiste.

Alors, en quoi une reprise économique serait-elle bonne pour les détenteurs d’or ? Pour une raison qui tient essentiellement au retour de l’inflation. Alors que l’économie mondiale est déprimée depuis une demie décennie, la vitesse de circulation de la monnaie s’est considérablement réduite. Il faut deux conditions pour qu’une inflation importante se matérialise. La première, c’est de la création monétaire sans rapport avec la création de richesse, et de ce côté-là nous avons tout ce qu’il nous faut. La deuxième c’est que l’argent circule. En d’autres termes, qu’il y ait de la croissance. Plus l’argent circule vite et passe de mains en mains, plus les prix montent.

Lorsque l’inflation arrivera, parce qu’elle arrivera, alors les prix exploseront avec d’abord ceux des matières premières. Pour réguler cette inflation, il faudra augmenter les taux d’intérêt… ce qui s’avérera impossible dans la mesure où l’ensemble des pays occidentaux sont dans des situations de surendettement qui sont incompatibles avec des taux d’intérêt ne serait-ce normaux. Logiquement, la croissance se fracassera sur le prix élevé des matières premières, où l’insolvabilité des États apparaîtra en raison de taux d’intérêt rendant les dettes infinançables.

Pour information, depuis que le Japon et son nouveau gouvernement ont annoncé il y a quelques jours de la mise en place d’un plan de relance basé sur de l’impression de nouveaux yens, l’or a dépassé en yens ses plus hauts historiques de tous les temps. L’or peut baisser un peu en dollars ou en euros pour le moment mais il monte fortement exprimé en yens. Cela prouve encore une fois le lien intrinsèque entre augmentation de l’or et érosion de la force d’une monnaie. En dehors de tout ça, il y a quelques informations que je souhaitais vous livrer. Tout d’abord, encore une fois, le marché de l’immobilier est sous les feux des projecteurs.

Immobilier : au moins deux ans de baisse de prix

Après l’étude de The Economist dont nous nous étions fait échos hier, c’est au tour de l’agence de notation Standard & Poor’s d’épingler la santé fragile du marché immobilier européen. Selon une étude parue jeudi 17 janvier, « la tendance à la baisse des prix des marchés français semble s’accélérer et les prix de l’immobilier français devraient baisser de 5 % en 2013 et autant en 2014 ». Standard & Poor’s reste d’ailleurs assez optimiste sur le long terme en relevant que la pénurie de logements et une augmentation sensible de la population française devraient soutenir le niveau des prix. À mon sens, s’il y a bien une fausse idée véhiculée sur le marché de l’immobilier dans notre pays, c’est bien celle de la pénurie. Il n’y a, avec plus de 400 000 constructions par an pendant les 10 dernières années soit plus de 4 millions de logements neufs, avec plus de 2 000 000 de logements vacants, sans compter les millions de résidences secondaires, aucune, je dis bien aucune pénurie de logements.

Il y a en revanche un véritable souci d’accès à des logements peu cher et là, oui, c’est une autre histoire. D’ailleurs, si vous écoutez bien, vous vous rendrez compte que, toujours depuis, tous les ans on nous explique qu’il manque toujours 1 million de logements en France malgré ce qui a été construit l’année précédente… et le cirque continue immanquablement. Si vous cherchez un peu sur Internet, vous tomberez sur des centaines et des milliers de cas « d’heureux » propriétaires d’appartements achetés en défiscalisation et qui, en raison de la pénurie de logements, n’arrivent pas à trouver des locataires… ou alors il faut qu’ils baissent le prix du loyer… et ils perdent de l’argent !!

Après, restent les grandes villes dites en «tension ». Il n’y a aucune tension sur le marché parisien. Il n’y a aucune pénurie même dans les plus beaux quartiers de la capitale. Le petit problème, je vous l’accorde, est de posséder au moins un million d’euros… ce qui n’est pas encore à la portée de tout le monde. Encore une fois, on parle de problème de prix et non de quantité disponible. Pourquoi les prix sont-ils aussi élevés ? D’une part parce que les taux d’intérêt sont bas depuis 2000 et l’explosion de la bulle Internet. Ensuite, depuis 10 ans, les générations du baby-boom ont souhaité préparer leur retraite et générer des compléments de revenus en investissant massivement dans l’immobilier, qui est le seul actif que l’on puisse en tant que particulier financer à crédit… tout en profitant de déductions fiscales.

La population française s’est donc massivement transformée en autant de spéculateurs immobiliers du dimanche. À l’arrivée, les prix ont explosé, en dehors de toute notion de solvabilité moyenne des acquéreurs. L’immobilier va donc baisser, que ce soit en province… ou à Paris. Enfin, nous on est les plus malins et les plus forts et les autres sont que des imbéciles, comme l’Espagne par exemple qui vient d’enregistrer en 2012 une baisse de 9,5 % et pour laquelle Standard & Poor’s prévoit un retrait de 7,8 % pour 2013 (ça c’est précis comme prévision) et de 6 % en 2014.

Mais nous, on a la ligne Maginot. Et le béton c’est du solide !

Allez, passons à la blague du jour : la vente des Rafales de Dassault Aviation !!

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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