Depuis la fin des Trente Glorieuses au milieu des années 70, les signes annonciateurs de reprise boursière, financière et économique sont toujours venus des Etats-Unis. Certes, le rééquilibrage du monde vers l’Est peut changer cette tendance mais elle nous semble encore valable pour un temps.
Dans ce contexte historique, tout ce qui touche l’Amérique nous concerne et a un impact sur nos niveaux de croissance en Europe. Or, il est prévu l’application mécanique d’une disposition couperet impressionnante à la fin de 2012 si aucun accord n’est trouvé entre les Républicains et les Démocrates sur un projet cohérent de rétablissement des finances publiques.
Le couperet, appelé falaise fiscale ou mur budgétaire ( "fiscal cliff") consiste en l’activation automatique de fortes baisses des dépenses budgétaires ( 109 milliards de dollars ) et de suppression d’allègements d’impôts. Dans la mesure où il reste trois mois, un politologue pourrait dire que l’Amérique joue à se faire peur et qu’un accord sera trouvé.
Il faut toutefois rappeler le calendrier tendu puisque l’élection présidentielle est fixée au 4 novembre ce qui laissera un mois de débats, guère plus. Pour les analystes, il ne s’agit pas d’une peur de façade : ainsi l’agence Fitch Ratings considère qu’il s’agit de la plus grosse menace à court terme pour la reprise mondiale et leurs conclusions les amènent à énoncer que la moitié du taux de croissance mondiale pour 2013 est en jeu.
Selon le Congressional Budget Office, la contraction budgétaire d’ensemble pourrait aller jusqu’à atteindre 800 milliards de dollars soit 5 % du PIB. On mesure les enjeux à la lumière de ces deux approches chiffrées distinctes. Si cet évènement arrive, alors que l’Europe est en quasi-récession, que l’Inde et d’autres Brics ralentissent, il est clair – hélas – que la crise va être mécaniquement réalimentée.
Toujours sous la même séquence : chute d’activité, chômage de masse, crise de l’endettement, crise des liquidités bancaires et crise des dettes souveraines. Pour conclure, deux points contrastés : le premier peut être de bon augure : la session parlementaire reprend le 6 Novembre ( après la présidentielle ) et sera peut-être l’occasion d’une forme d’union sacrée face au péril.
Le deuxième point est plus factuel et inquiétant : le Président de la FED, Monsieur Bernanke, a indiqué que son institution n’avait pas les moyens de contrecarrer une tel impact budgétaire. Mesdames et Messieurs les Parlementaires, représentants du peuple, des Nations vous regardent !