Fed : quelques commentaires sur le statu quo attendu

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Par Christopher Dembik Publié le 29 avril 2016 à 5h00
Etats Unis Fed Taux Directeur
@shutter - © Economie Matin
0,5 %Le taux directeur de la Fed est compris entre 0,25 et 0,5 %

La Fed a maintenu son taux directeur. Ce qui n'est une suprise pour personne...

1) La Fed a maintenu sans surprise son taux directeur inchangé, compris entre 0,25% et 0,50% suite à la hausse survenue en décembre dernier. On notera qu’Ester George, de la Fed de Kansas City, a de nouveau adopté une position dissidente en votant en faveur d’un relèvement des taux de 25 points de base ;

2) Comme on pouvait l’attendre, la banque centrale souligne la bonne santé incontestable du marché de l’emploi malgré une croissance qui reste faible, c’est là certainement le point crucial à prendre en considération ;

3) Le communiqué de la FED ne fait plus référence aux risques posés par le contexte international. En revanche, la FED souligne qu’elle va surveiller de très près les indicateurs concernant l’inflation et les développements économiques et financiers mondiaux. Ce changement de ton fait sens, du fait notamment de l’atténuation des tensions en Chine. On aurait tort de l’interpréter comme un feu vert donné à une hausse des taux en juin prochain ;

4) La FED rappelle la nécessité d’accumuler plus de données afin d’avoir un meilleur panorama de l’économie. En d’autres termes, la politique monétaire américaine est en mode pause. Au regard du ralentissement économique à l’œuvre outre-Atlantique, et qui devrait être confirmé par la première estimation du PIB au T1 demain, nous ne sommes pas convaincus qu’une hausse des taux soit le scénario le plus probable en juin prochain.

Pour étayer notre conviction : Voici le graphique qui résume certainement le mieux la situation actuelle de l’économie américaine et qui explique pourquoi la FED n’est pas dans l’urgence d’augmenter davantage les taux :

La hausse soutenue des créations d’emplois depuis trois ans confirme la réalité de la reprise économique outre-Atlantique mais celle-ci va inévitablement ralentir dans les prochains trimestres du fait de la baisse du revenu réel des ménages américains qui se répercute sur la consommation et également sur le PIB comme devrait le montrer la première estimation de la croissance au T1 qui sera publiée demain à 14h30. Le modèle de la FED d’Atlanta table sur une hausse de 0,8% tandis que celui de FED de New York prévoit une augmentation inférieure, à 0,6%. Dans les deux cas, il s’agira certainement d’une contre-performance de l’économie américaine par rapport au trimestre précédent.

Pour une économie comme celle des Etats-Unis qui est aussi dépendante de la consommation intérieure, la baisse du revenu réel des ménages est une vraie épée de Damoclès à moyen terme. En outre, tous les indicateurs confirment que cette baisse va encore nuire à l’activité économique au T2. La dernière enquête du Conference Board a souligné que la proportion de consommateurs anticipant une hausse de leurs revenus continue de chuter, de 16,9% à 15,9%. La stagnation voire la baisse des revenus se répercute directement sur la confiance des consommateurs puis sur les dépenses de consommation. En mars, les ventes au détail ont chuté de 0,3%. Dans le détail, les plus fortes baisses ont concerné les ventes automobiles et le secteur de la restauration. Tout indique l’amorce d’un déclin durable de la consommation aux Etats-Unis.

Plus globalement, notre conviction est que l’économie américaine est arrivée à la fin d’un cycle. Comme la FED n’a pas fait le choix de remonter ses taux dès mi-2015, lorsque les conditions étaient plus propices, sa politique monétaire est désormais paralysée. Elle est contrainte de faire preuve de patience et de gérer les affaires courantes. Une baisse de taux n’est clairement pas nécessaire au regard de l’ampleur du ralentissement et signifierait que la FED a fait une erreur de diagnostic incroyable en décembre dernier lorsqu’elle a enclenché le processus de normalisation de la politique monétaire.

De même, une hausse des taux est impossible car les indicateurs de stress financier, comme l’indice de stress financier de la FED de Saint Louis, sont à des niveaux trop élevés et la pression à la hausse sur les salaires (en valeur nominale) n’est pas encore suffisante. D’où le blocage. Dans ces circonstances, nous anticipons une seule hausse des taux en 2016, au cours du deuxième semestre.

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Christopher Dembik est économiste chez SaxoBank.

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