Janet Yellen peut-elle sauver une économie entièrement basée sur la dette ?

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Par Bill Bonner Publié le 16 décembre 2015 à 5h00
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18 000 milliards $La dette des Etats-Unis représente plus de 18 000 milliards de dollars.

Les élections sont mal comprises. En surface, c’est un concours entre les zombies et les compères. Les zombies (généralement de gauche) veulent plein de petites allocations. Les compères (généralement de droite) en veulent moins… mais plus grosses.

Le butin lui-même provient des électeurs — qui abandonnent volontairement tant leur argent que leur liberté en pensant que, d’une manière ou d’une autre, cela améliore leur sort. Le vrai vainqueur, c’est le Deep State (l’Etat profond). Il contrôle généralement les candidats… et continue à accumuler pouvoir et ressources, quel que soit le parti gagnant.

Aux Etats-Unis, par exemple, la pauvre Janet Yellen doit de nouveau avoir du mal à dormir. Le Deep State, les zombies, les compères… Tous ont tourné vers elle leur brûlante attention et leurs yeux perçants. Mercredi prochain, elle sera à nouveau sous le feu des projecteurs. Et, sous les yeux du monde entier, elle se rendra complètement ridicule.

Le problème avec l’avenir…?

Janet Yellen est censée annoncer une augmentation minime du taux directeur de la Fed… actuellement fixé à 0,25%. Les analystes examineront chacun de ses mots. Les commentateurs vont rapporter, confondre et mal interpréter ses remarques. L’économie et les marchés réagiront. Mais ils ne réagiront peut-être pas comme l’espèrent les initiés… Chaque génération a ses mythes boursiers. Chacune décide de ce qui est important et ne l’est pas.

La génération des années 70 et 80 surveillait les taux d’inflation et la masse monétaire. Les investisseurs s’étaient pris une raclée avec l’inflation des années 70. Puis ils apprirent de Milton Friedman que l’inflation est "toujours et partout un phénomène monétaire". Ils commencèrent donc à scruter la masse monétaire M2 de la Fed comme des éclaireurs guettant les signes annonciateurs d’une attaque de l’ennemi. L’attaque ne s’est jamais produite. Le taux d’inflation des prix à la consommation a chuté, passant de 15% environ en 1980 au quasi-zéro actuel.

Les investisseurs regardent toujours dans la mauvaise direction. Ils le doivent… "Je rentre aux Etats-Unis pour mourir", nous a dit un vieil ami l’autre jour. "Si tu sais que tu vas mourir chez toi", avons-nous demandé, "pourquoi ne pas rester à Paris ?" De même, si les investisseurs savaient ce que l’avenir recèle, ce dernier ne se déroulerait pas comme prévu. Les investisseurs vendraient avant que le sommet n’arrive, évitant un krach. Et ils achèteraient avant que les valeurs atteignent leur plancher, ne permettant jamais à un marché baissier de s’exprimer pleinement.

Les surprises seraient éliminées. Les accidents évités. Si tout le monde savait où un carambolage va se produire, les garages feraient tous faillite. C’est le problème avec l’avenir : il doit surprendre.

Mauvaise direction?

Nous disons souvent de l’emprunt qu’il revient à "prendre à l’avenir". Ce n’est pas vraiment possible, bien entendu. Parce que l’avenir ne s’est pas encore produit. Ce n’est qu’une métaphore pour comprendre ce qui se passe. Les agriculteurs — du moins au temps jadis — économisaient un peu de maïs chaque année, comme semences. C’était ce qu’ils planteraient l’année suivante. S’ils l’avaient mangé au lieu de le mettre de côté, ils auraient "pris à l’avenir". La récolte de l’année suivante s’en serait trouvée réduite. Plus aujourd’hui, moins demain.

Mais "prendre à l’avenir" est toujours un risque. Il y a des siècles, moins de semences — et peut-être moins de pluies, ou trop de pluies, ou trop de vent, ou de grêle, ou de gel — aurait pu signifier la famine. Qu’est-ce que ça pourrait vouloir dire aujourd’hui ? Nous n’en savons rien. L’avenir est toujours une surprise… surtout pour les gens qui sortent de l’ENA.

A présent, nous observons Mme Yellen. Des litres d’encre seront déversés en spéculations sur l’augmentation qu’elle annoncera… et de quels effets cette augmentation sera suivie. Deviner le "rythme du resserrement" (c’est-à-dire combien de temps séparera la première hausse de taux de la suivante) et positionner les portefeuilles en conséquence — plus de dollars, moins de dette des marchés émergents — est déjà en vogue. Se pourrait-il que les investisseurs regardent dans la mauvaise direction ? L’avenir a-t-il évolué… sans Mme Yellen ?

Les actions ont-elles déjà atteint leur sommet ? Les ventes sont-elles déjà en baisse ? Les dettes subprime — étudiantes, automobiles, d’entreprises, des marchés émergents, de l’énergie — sont-elles déjà en train de couler ? Les trains ont-ils déjà quitté leur gare, en route pour des destinations auxquelles les investisseurs n’ont même pas encore pensé ? Se pourrait-il que le système de financement du Deep State, basé sur la dette, soit déjà en difficulté ? Et après 84 mois de taux zéro et environ 4 500 milliards de dollars de relance de la part des banques centrales… Mme Yellen peut-elle le sauver ?

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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