Ce matin les marchés d’actions en Asie se maintiennent sur la trajectoire positive dessinée aux Etats-Unis en fin de semaine dernière. Celle-ci a largement trouvé son origine dans la batterie de chiffres de l’emploi américain pour le mois de juin.
De fait, les statistiques publiées décrivent une sorte de meilleure des mondes : de la croissance économique, sans que pour autant le marché du travail ne se tende davantage, et pas d’accélération de l’inflation par les coûts. Détaillons un tout petit peu. D’abord, les créations d’emplois sont à la fois élevées (213 000 le mois dernier) et stables (les moyennes mobiles sur trois et six mois sont quasiment identiques au niveau atteint en juin) ; ensuite, le taux de chômage a remonté de 3,8% à 4,0% de mai à juin, comme si le taux de participation, sur une tendance haussière depuis un an et demi, pouvait encore monter ; enfin, l’accélération du salaire horaire rester contenue, avec un glissement sur un an stable à +2,7%.
Evidemment, le point qui appelle le plus de discussion est la difficulté des salaires à accélérer. Bien sûr, un marché du travail plus tendu modifie le rapport de force entre employeurs et employés et force les premiers à réagir. Il est cependant clair que les entreprises, dans un environnement compliqué (une concurrence souvent élevée et l’impression que tout n’est pas très stable, des réglementations à la politique commerciale en passant par les équilibres budgétaires fédéraux et le niveau demain des taux d’intérêt) sont réticentes à augmenter les coûts fixes. Ne faut-il pas rester agile ? Et les entreprises de privilégier les rémunérations variables et la protection sociale, voire d’employer des populations assez éloignées du marché du travail. Ainsi le taux de chômage chez les personnes souffrant de handicaps est passé en un an de 9,8% à 9,2%.
Les modalités post-Brexit prennent forme
L’autre « grande nouvelle » des derniers jours est l’évolution du dossier du Brexit. Theresa May, la Première ministre britannique, semblait avoir obtenu le soutien de son gouvernement sur le plan à proposer à Bruxelles (les détails doivent être publiés plus tard dans la semaine). On comprend que celui-ci mixe le souhait de rester dans le marché unique pour les marchandises (mais pas pour les personnes, les services et les capitaux) et la volonté d’une union douanière à la carte. La presse a ainsi pu titrer sur le choix d’un soft Brexit. Remarquons que l’approche s’apparente au cherry picking, que l’Union Européenne a dit plusieurs fois refuser. Pis encore pour la Cheffe du gouvernement britannique, le ministre en charge du dossier, David Davis, vient de démissionner. Le Cabinet reste divisé sur les relations à avoir demain avec le Continent. Dans ces conditions, tout reste bien incertain outre-Manche. Le marché, qui recommençait à accorder une probabilité élevée à une hausse du taux directeur de la banque centrale en août prochain, devra peut-être une nouvelle fois « revoir sa copie ».
Guerre commerciale, financement insuffisant de l'OTAN : pas de détente en vue dans les relations UE-États-Unis
Sur le front de la guerre commerciale, rien de nouveau depuis l’entrée en vigueur par les Américains, puis par les Chinois, de surtaxes sur les importations bilatérales. Notons juste la volonté réaffirmée des autorités de Pékin de faire cause commune avec les Européens. Piste sur laquelle Bruxelles ne paraît guère avoir envie de s’engager, ou alors uniquement avec une extrême prudence. Sur le dossier chinois, l’UE partage dans une large mesure le diagnostic formulé par Washington. Ce qui ne veut pas dire qu’elle trouve adaptés les moyens mis en place.
Et puis les pays européens sont sur leurs gardes dans la perspective, mercredi, du sommet de l’OTAN. Le Président Trump ne va-t-il pas y trouver un nouveau forum pour les critiquer : après l’excédent courant trop élevé de la Zone Euro (3,5 points de PIB), l’insuffisance des dépenses de défense. En 2016, l’engagement de positionner celles-ci à 2 points de PIB avait été pris. Aujourd’hui, l’Allemagne est à 1,2%, l’Italie à 1,1% et l’Espagne à 0,9%. Bien sûr, la tendance est dorénavant à la hausse. Cela suffira-t-il à contenir la probable colère du Président américain ? Et à faire comprendre à l’Allemagne que sur chacun des dossiers elle se trouve « en première ligne » ?