Les appétits verts de la finance sont décidément sans limites.
L’Etat français s’apprête à émettre 9 milliards d’obligations souveraines « vertes » dès 2017. Il est louable de se préoccuper des investissements préservant l’environnement. Pourtant, cette mesure révèle soit une très grande naïveté face à la finance internationale toujours plus avide, soit le dernier des cynismes dans le mépris le plus profond des citoyens.
… En clair, c’est comme si votre garagiste vous fait signer des crédits pour s’acheter un bolide de luxe qu’il utilisera pour son usage personnel, grâce à des bons d’essence que vous lui fournirez. C’est vous qui rembourserez les mensualités de son bolide par une taxe sur vos factures de révision auto, et en payant vos trajets s’il vous emmène faire un tour… tout cela garanti par la loi et le percepteur…qui vous disent que c’est bon pour la planète parce que « ça crée des emplois ».
Ces emprunts « verts » garantis par l’Etat n’ont de vert que le nom, puisqu’aucune définition légale, réglementaire ou normée n’existe à ce sujet. Il faut les considérer que comme un produit destiné à attirer des marchés désemparés. Ils pourront aussi bien financer des décharges, des usines d’incinération, voire des routes ou des supermarchés, s’il y a une étiquette habillant le projet d’un bon coup de peinture verte.(le fameux greenwashing)
Les investissements en énergies renouvelables, souvent considérés comme « verts » bénéficient déjà d’une part de multiples avantages fiscaux en épargne, impôt fortune, dégrèvements, crédits d’impôts, amortissement privilégié, autorisations exceptionnelles etc… Mais ce n’est pas tout, les financiers internationaux viennent sur ce secteur uniquement en raison de ces avantages multiples pour y obtenir des rendements encore plus élevés par les marges prélevées sur machines, les commissions diverses, les reventes de certificats d’énergie, le marché du carbone, qui sont des secteurs qui échappent largement aux contrôles et qui connaissent les pires excès.
Là où la finance veut maintenant le sang après le beurre, c’est que ces investissements sont en plus sans risques puisque leur production électrique est achetée d’avance, jusqu’à trois fois le prix du marché, par… l’Etat, qui ,de plus, ne paie pas lui-même mais fait payer le consommateur par la CSPE sur les factures d’électricité. Notons que c’est un moyen de faire financer des projets par l’impôt, y compris pour les ménages modestes qui ne paient pas l’impôt sur le revenu.
Et maintenant, des obligations vertes garanties par l’Etat devraient donc permettre en plus de financer ces projets à des conditions privilégiées, alors qu’ils sont totalement garantis…par des taxes payées par le contribuable. Après le beurre et l’argent du beurre, on prend maintenant le sang et pourquoi pas la suite avec nos organes ou nos enfants ?