Hors de question de rester dans le marché unique européen. Theresa May a levé toute ambiguïté. A-t-on besoin de Bruxelles pour s’ouvrir au monde ?
La conférence de la Première ministre britannique tenue le mardi 17 janvier a permis de mettre fin à l’indécision qui lui avait valu le surnom de « Theresa Maybe ». Pour le gouvernement, rester dans le marché unique impliquerait d’être soumis à la bureaucratie et à la paperasserie bruxelloises contre lesquelles les Britanniques ont voté le 23 juin 2016. Le Royaume fondera donc sa politique commerciale sur la conclusion de multiples traités. Mais il n’est pas dit que cette voie constitue la meilleure manière de traiter avec les gouvernements européens. Remarquons dans un premier temps l’incohérence des Britanniques qui disent vouloir s’affranchir des règles bruxelloises tout en s’engouffrant dans la négociation de traités qui servent en réalité à harmoniser les normes des uns et des autres.
La conclusion d’un accord bilatéral est ensuite incertaine dans la mesure où les dirigeants européens ont politiquement peu intérêt à négocier un accord satisfaisant. Cela confirmerait la possibilité d’accéder au marché commun sans adhérer au versant politique de la construction européenne. Or il s’agit là d’une distinction inacceptable pour les dirigeants européens. Elle affaiblirait la légitimité de l’édifice communautaire. Après tout, à quoi servent les institutions bruxelloises si elles ne sont pas indispensables à la sauvegarde du commerce sur le continent ?
Bon nombre de défenseurs acharnés du centralisme bruxellois ont intérêt à rendre la sécession britannique la plus douloureuse possible pour éviter tout risque de « contagion ». Il s’agit de faire un exemple pour dissuader les mouvements indépendantistes qui sévissent dans la plupart des Etats-membres. Ce chantage n’est d’ailleurs pas seulement réservé aux mouvements hostiles à l’intégration politique du continent. Il est aussi appliqué aux mouvements régionalistes, même lorsque ces derniers sont en faveur de l’intégration politique du continent européens. C’est par exemple pourquoi l’Etat espagnol met un point d’honneur à rappeler aux sécessionnistes catalans que l’accès au marché européen leur serait refusé dans l’hypothèse d’une sécession.
Les Britanniques sont conscients des postures qu’ils devront affronter. C’est pourquoi le Chancelier de l’Echiquier, Philipp Hammond, a brandi la « menace » d’une concurrence fiscale exacerbée dans l’hypothèse où l’Europe fermerait son marché aux entreprises britanniques. Le Royaume-Uni sait que le continent cherche actuellement à harmoniser sa fiscalité pour réduire la concurrence fiscale et la capacité des contribuables européens à alléger leur fardeau. Un nouveau paradis fiscal aux portes de l’Europe serait malvenu.
Il est déplorable que la sobriété fiscale soit ici conçue comme un moyen de pression diplomatique alors qu’elle devrait être l’objectif de tout gouvernement soucieux d’encourager la production globale de richesses, indépendamment des comportements des Etats étrangers. Il en va d’ailleurs de même pour l’ouverture du marché local au commerce international. Madame May n’a cessé de faire l’éloge d’un Royaume-Uni ancré dans la mondialisation pour dissiper les inquiétudes des investisseurs qui redoutent que la vague protectionniste qui frappe la plupart des démocraties occidentales submerge également le Royaume-Uni.
La recherche de la réciprocité en matière commerciale traduit des préoccupations mercantilistes et la volonté d’aménager les intérêts protectionnistes de certaines industries locales. Autrement l’approche unilatérale se suffirait à elle-même. Elle constituerait un véritable pied de nez vis-à-vis de tous ceux qui défendent l’idée que l’érection de grands blocs politiques et commerciaux serait indispensable pour « affronter » sereinement la mondialisation. Cette idée est en pratique démentie par la vigueur économique des petits pays qui se sont dotés unilatéralement d’un régime commercial relativement ouvert par rapport aux autres grandes puissances : Nouvelle Zélande, Hong-Kong, Singapour….
La réussite des Britanniques ne dépendra que de leur propre politique. A eux de prouver qu’ils n’ont pas besoin de Bruxelles pour s’ouvrir au monde.
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