Depuis le Traité de Maastricht signé en février 1992, ne serait-il pas temps de mesurer les effets non maitrisables de la monnaie unique ?
Comment faire évoluer les points de vues au niveau européen en particulier dans la zone euro ? L’objectif est clair. Il faut absolument éviter avec détermination le maintien de la main mise de l‘Allemagne sur l’activité économique et commerciale dans l’Union.
Depuis les années 2000, avec l’apparition de l’euro, la prise de conscience par tous a été lente pour s’apercevoir enfin que l’Allemagne a développé et a écoulé son très haut niveau d’activité au détriment de ses voisins partenaires Espagne, Italie et France. Tout cela s’explique en profitant dans l’action d’un prix salarial minimum et en bénéficiant de nombreux travailleurs détachés. La politique « soutenue » correspond pour la zone euro à une sorte de « désinflation compétitive ». Rappelons qu’aujourd’hui le taux d’inflation n’excède pas les 1,4% en moyenne pour la zone euro, alors qu’il est de 2,2% pour les autres pays européens.
La réalité d’une monnaie unique à la parité contestable
Avec une Commission européenne « en retrait » dans ce rôle, la politique financière dans la zone euro est caractérisée depuis le début par une politique d’« austérité », dictée par l’Allemagne. Même si cela a été un choix à l’origine, c’est la rigidité de l’engagement et du suivi qui est surprenant. Les pays hors zone euro se portent mieux et ils confirment de façon permanente leur souhait de ne pas intégrer la zone euro.
Quant au commerce extérieur, l’Allemagne profite plus que les autres de l’euro. L’inégalité paritaire à la mise en place de l’euro est de fait favorable d’abord et de loin à l’Allemagne. Il est vrai que les pays du Sud ne sont pas gâtés. D’après les experts, sauf pendant les premières années où les Banques nationales soutenaient la monnaie unique, il semble que le cours de l’euro a été surévalué lié aux importants excédents commerciaux allemands. Avec une erreur de cotation par rapport au mark, les conséquences sont lourdes.
Aujourd’hui, l’euro, monnaie unique, est sous-évalué pour l’Allemagne profitable dans l’Union et hors zone euro, dans le monde entier et en particulier par rapport au dollar (US). A l’inverse nombre de pays européens de la zone euro sont pénalisés.
Les fluctuations successives des monnaies « euro/dollar (US) »
Ce sont souvent les fluctuations par rapport au dollar donnent l’impression que l’euro s’affirme. Pourtant les variations entre 1,36 et 1,10 par rapport au dollar (US) ne font que traduire pour l’essentiel des mouvements bancaires sur les marchés financiers. Qu’en est-il en réalité des taux de change « réels » concernant les devises de chaque Etat ? Ce sont ces taux de change « réels » qui ont du sens, prenant en compte la réalité de l’import-export.
A titre d’exemple alors qu’il a été question, par rapport au dollar (US), d’une dépréciation de 2014 à 2016 de plus de 19%, l’euro n’a été déprécié que de 5% pour la France. Manifestement, « l’euro ne cesse de favoriser les Etats forts et continue à affaiblir les faibles comme l‘a toujours confirmé Louis Gallois. La compétitivité de la France dans l’Union européenne est fortement perturbée. Au plan international, les pays d’Asie, d’Afrique ou en d’Amérique latine ont leurs propres monnaies et les laissent déprécier autant que de besoins. A nous d’en subir les conséquences.
Un accord patronat-syndicat allemand prometteur pour l’UE ?
Dans la métallurgie, l’augmentation des salaires (de 4 à 6%) et/ou la réduction du temps de travail (28 heures hebdomadaires sous conditions) ont fait partie du débat de fond. A noter la rapidité des réactions et la conclusion rapide d’un accord entre les deux parties. Celui-ci a été conclu en Allemagne entre le patronat et le syndicat IG Metall. Que faut-il en penser ? Va-t-il modifier les comportements, non seulement dans le pays mais aussi dans le reste de la zone euro ? C’est ce que la Banque centrale européenne (BCE) espère ? En ajoutant à ce constat, le coût « réel » salarial et les divergences avec l’Allemagne, on peut comprendre que la situation soit délicate dans la zone euro.
La zone euro, plus particulièrement ne peut et ne doit pas en rester là. Quelle attitude devra-t-on adopter vis-à-vis des travailleurs « détachés » légaux, (nombre, condition et durée des contrats ? La France en décompte déjà plus de 510.000 travailleurs étrangers « détachés », considérés comme « officiels », inhérents essentiellement à des absences de qualifications, tous domaines confondus. Avec le retour au pouvoir à la chancellerie, Angela Merkel aura fort à faire pour repenser ses avantages et ses contraintes économiques au regard des préjudices et des risques encourus en zone euro à moyen terme sans changement de politique. Elle devra s’informer pour comprendre comment réagiront désormais ses alliés et ses autres partenaires de la zone euro ?
Une politique d’« austérité » comme simple objectif à terme pour l’Union européenne n’a pas plus de sens. Ceci est d’autant plus vrai, que la disparité entre les 27 Etats est telle, que le « comparatif » permanent n’a plus de sens. A priori, l’Allemagne ne devra plus prétendre diriger « seule » l’Union européenne et surtout la zone euro.