Sortant d’une grave récession, l’économie espagnole connaît une reprise vigoureuse, et les réformes structurelles opérées contribuent à produire des taux de croissance élevés et à faire progressivement reculer le chômage. Toutefois, des mesures supplémentaires visant à favoriser l’investissement dans les entreprises innovantes et à améliorer les compétences sont nécessaires pour stimuler la productivité et garantir que les fruits de la croissance seront partagés entre tous les Espagnols, selon un nouveau rapport de l’OCDE.
Selon la dernière Étude économique de l’Espagne de l’OCDE, la croissance sera supérieure à 2 % sur la période 2017-18. Une gestion budgétaire prudente alliée à la poursuite du processus de réforme permettra de renouer avec des finances publiques assainies et une croissance forte et équilibrée.
Les auteurs de l’Étude, présentée à Madrid par le Secrétaire général de l’OCDE M. Angel Gurría et le ministre de l’Économie, de l’industrie et de la compétitivité M. Luis de Guindos, prennent acte de l’augmentation des niveaux de pauvreté et du creusement des inégalités de revenu causés par la crise. Ils recensent les priorités à cibler pour rendre la croissance plus inclusive, notamment poursuivre la réduction du chômage, mieux concevoir les politiques de réduction de la pauvreté et relever la qualité des emplois grâce à une amélioration des compétences et des formations ainsi qu’à une meilleure adéquation entre l’offre et la demande d’emploi. L’Étude contient également des recommandations visant à rendre le système fiscal plus progressif et plus propice à la création d’emplois, ainsi qu’à développer le rôle du système de prélèvements et de transferts pour mieux répondre au problème des inégalités.
« Malgré un environnement mondial difficile, l’Espagne est sur la bonne voie » a déclaré M. Gurría. « Les finances publiques se redressent et les importantes réformes structurelles mises en œuvre ces dernières années commencent à porter leurs fruits. Il s’agit certes d’une performance impressionnante, mais il est fondamental que la dynamique de la réforme se poursuive, pour qu’il soit possible de faire face aux nombreux défis restant à relever et pour assurer une transition progressive vers une véritable économie de la connaissance. La reprise devra en outre être inclusive, apporter une réponse aux inégalités et offrir à tous des chances et un bien-être accru. »
Afin de stimuler durablement les revenus et de créer des emplois de meilleure qualité, l’Espagne doit s’attaquer au problème chronique de la lenteur des gains de productivité en favorisant l’investissement dans des entreprises innovantes. Pour ce faire, l’Étude recommande de prendre des mesures permettant de mieux orienter les financements provenant des banques, des marchés de capitaux et des pouvoirs publics au profit des nouvelles entreprises innovantes. Une partie des financements publics pour la R-D consentis en tant que prêts pourraient prendre plutôt la forme de subventions, et les fonds publics pourraient être réaffectés au financement des entreprises à un stade précoce, où les financements de marché sont plus rares. Il faudra également améliorer le cadre de la réglementation pour favoriser davantage la concurrence, et réformer le droit des faillites pour permettre un recyclage du capital plus rapide et moins coûteux.
L’Étude souligne que la réduction du chômage figure toujours au premier rang des priorités. Il est impératif de rehausser les compétences, de développer les programmes de formation et de renforcer les services de placement, en particulier pour les jeunes et les chômeurs de longue durée. Améliorer l’enseignement et la formation professionnels aura également un impact direct sur l’adéquation entre l’offre et la demande d’emploi et sur la productivité.
L’Étude souligne le rôle limité du système de transferts du point de vue de la réduction des inégalités et de l’aide apportée aux plus démunis. Accroître le montant et la portée des programmes régionaux de revenu minimum garanti et des prestations en espèces à l’intention des familles avec enfants pourrait contribuer à réduire la pauvreté, de même que des réformes fiscales consistant par exemple à relever les taxes environnementales, ce qui permettrait tout à la fois de disposer de recettes supplémentaires susceptibles d’être affectées au financement de politiques générales au service d’une société plus inclusive et de lutter contre la pollution.
La Synthèse de l’Étude économique de l’Espagne, dans laquelle figurent les principales conclusions, peut être consultée ici : www.oecd.org/spain/economic-survey-spain.htm(seulement disponible en anglais et espagnol).