La baisse très significative des cas d’Ebola en Afrique de l’ouest depuis le début de l’année 2015 est un signe extrêmement positif et encourageant. En Sierra Leone, où nous intervenons dans un centre de prise en charge des malades d’Ebola, le nombre de nouveaux cas enregistrés chaque semaine est cinq à six fois moins élevé qu’en novembre 2014. L’épidémie touchait alors plus de 500 nouvelles personnes par semaine.
Il est néanmoins nécessaire de faire preuve de vigilance : l’épidémie est loin d’être sous contrôle. Deux chiffres le montrent. D’une part, le nombre de personnes contaminées augmente de nouveau dans la région depuis le début de ce mois de février. Alors que 99 nouveaux cas avaient été enregistrés dans la semaine du 19 au 25 janvier, 144 ont été répertoriés entre le 2 et le 8 février. D’autre part, seuls 20% des nouveaux cas détectés en Sierra Leone au cours des deux derniers mois étaient préalablement enregistrés sur des listes de suivi des contacts. Or pour mettre fin à l’épidémie, il est nécessaire d’enregistrer et de suivre quotidiennement 100% des personnes ayant pu entrer en contact avec un malade.
Depuis le mois d’août 2014, beaucoup de moyens ont été investis dans la construction de centres pour la prise en charge des malades. Une mobilisation absolument indispensable pour sauver le maximum de vies et endiguer la progression de l’épidémie. Mais cette stratégie n’a de sens que si elle intègre aussi des actions importantes au sein même des villes et des villages.
Or, à ce jour, même si elle est plus forte qu’au début de l’épidémie, l’implication des communautés dans la lutte contre Ebola reste insuffisante. Les symptômes sont nombreux : enterrements secrets, malades dissimulés ou arrivant trop tard dans les centres de prise en charge. Ces éléments sont connus et des progrès notables ont été accomplis en la matière. Mais il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la détection des cas et le suivi des contacts, pour permettre aux communautés d’enterrer leurs morts dignement sans se mettre en danger, et enfin, pour construire une véritable relation de confiance entre la population et les autorités soutenues par les acteurs humanitaires.
En août 2014, un élan politique et médiatique important, nourri par l’inquiétude croissante au sein de la population des pays occidentaux, a permis de mettre en œuvre une réponse humanitaire sans précédent. Aujourd’hui, alors que le grand public se désintéresse d’une épidémie qui ne semble plus menacer nos frontières, il faut retrouver cet élan et investir toutes les énergies possibles pour mettre fin, définitivement, à cette monstrueuse épidémie.
Le temps nous est compté. La saison des pluies approche et pourra entraver l’accès aux communautés les plus isolées. Un seul cas dans ces villages peut faire repartir la transmission. Nous avons trois mois pour mettre enfin l’épidémie sous contrôle. Les premières pluies tomberont en mai…
Les équipes de Solidarités International sont mobilisées depuis décembre 2104 pour lutter contre l’épidémie, au sein du centre de prise en charge de Moyamba, en Sierra Leone. Une action menée conjointement avec les équipes médicales de Médecins du Monde Espagne, qui consiste notamment à gérer la désinfection du centre, la protection du personnel de santé et la gestion des corps des patients décédés. Depuis cette semaine, Solidarités International déploie des équipes supplémentaires en dehors du centre pour appuyer l’action du gouvernement et des acteurs humanitaires dans la détection des cas, le suivi des contacts, la désinfection des maisons et la sensibilisation communautaire au sujet des rites funéraires.
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