Les salariés de la nouvelle génération mobile nécessitent de repenser l’informatique

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Par Sid Ahmed Lazizi Publié le 1 juin 2015 à 5h00
Salaries Generation Mobile Nouvelles Technologies Entreprises
@shutter - © Economie Matin
26 %Les salariés de la génération mobile effectuent 26 % de leur travail sur smartphone ou tablette.

Plus que jamais, nous tirons profit des appareils mobiles pour nous évader. Le lancement récent de l’Apple Watch, qui a reçu 2,3 millions de précommandes dans le monde au cours de la première semaine de commercialisation, rappelle la demande croissante pour les appareils portables – comme les montres connectées – et mobiles.

Cette croissance rapide peut être attribuée en partie au niveau de flexibilité inégalé qu’offrent les technologies mobiles aux employés. Le travail à distance permet de gérer sa vie professionnelle comme sa vie privée n’importe où et à tout moment. De récents résultats d’étude ont révélé l’émergence d’une nouvelle catégorie démographique appelée Génération Mobile ou « Gen M » qui effectue 26% de son travail sur smartphone ou tablette. La Gen M est principalement représentée par les 18-34 ans de sexe masculin et les individus - qui travaillent sur smartphone - ayant des enfants âgés de moins de 18 ans.

Cette Gen M est principalement caractérisée par son affinité pour les « tâches fantômes », qui consiste en pratique à utiliser son terminal mobile pour basculer rapidement d’une activité professionnelle à une activité privée tout au long de la journée.

Les statistiques laissent penser que la démocratisation des technologies portables ne fera qu’accélérer cette tendance ; la même étude dévoilant que 42% des individus de la Gen M disposent déjà ou prévoient d’acheter un appareil portable – et 95% de ces personnes veulent les utiliser pour leurs tâches au travail.

La protection des données quel que soit l’appareil

Avec la croissance du nombre de salariés mobiles, les vecteurs de risque pour l’entreprise suivent la même courbe. Lorsque les technologies mobiles ont commencé à s’imposer, la réponse initiale des directions informatiques fut de réguler ou restreindre les accès mobiles. Cette approche s’est révélée majoritairement inefficace, les employés trouvant de plus en plus de solutions pour contourner les recommandations de leur département IT (un premier exemple de Shadow IT : l’exploitation d’une technologie informatique sans approbation préalable de l’entreprise).

Les technologies portables présentent le même défi. Liés aux smartphones, elles vont très rapidement débarquer en entreprise sans connaître le même retard qu’on avait pu constater entre consommateurs et entreprises. Non seulement ces appareils sont plus personnels, nécessitant d’y séparer les données professionnelles et privées, mais les entreprises n’ont pas encore anticipé comment ces technologies portables impacteront leurs stratégies et leurs politiques internes.

Etant donné que la restriction n’est pas toujours une option viable, reste le problème de la sécurité des données. Pour commencer, les départements informatiques devraient se concentrer sur les plateformes qui permettent de gérer et de sécuriser au niveau fichier, ce que certaines sociétés avancées font déjà sur mobile. Ces types de services garantissent la protection des données de l’entreprise même si le dépôt central de stockage des données est corrompu.

Les départements informatiques devront également travailler main dans la main avec les équipes RH et juridique pour définir un cadre d’utilisation clair de ces appareils mobiles au sein de l’entreprise, tout comme rappeler les risques de sécurité induits par l’accès aux données de l’entreprise sur des appareils portables ou similaires. Idéalement, ces règlements devraient être communiqués aux employés de façon positive pour valider le potentiel d’exploitation des appareils mobiles à la fois sur le plan professionnel et personnel.

Il est essentiel de faire prendre conscience aux salariés des conséquences potentielles des failles de sécurité, tout comme définir le type de données auquel on peut ou ne peut pas accéder depuis un appareil portable. Cela permettra de favoriser la relation de confiance entre les directions informatiques et les employés.

Soutenir les employés de la Gen M

La demande des employés pour des entreprises favorables aux appareils mobiles est en pleine croissance. La consommation de masse des appareils high-tech induit le fait que 40% des salariés souhaitent utiliser leurs applications pour effectuer leur travail, quelle que soit la politique de leur employeur en la matière. Cela n’est pas surprenant quand on sait à quel point certaines applications grand public peuvent être utiles pour arriver à ses fins.

Partant de ce constat, il n’est tout simplement pas réaliste pour les employeurs d’imaginer interdire ou restreindre fortement l’utilisation des appareils mobiles, incluant les technologies portables, sur le lieu de travail. De nombreux salariés souhaitent accéder à leurs applications professionnelles et personnelles depuis leurs appareils et empêcher cette intégration aura dans la plupart des cas pour conséquence de laisser l’employeur et la direction informatique dans le noir.

C’est là où la direction informatique peut jouer un rôle clé, en implémentant des stratégies où le mobile est privilégié afin d’autoriser les salariés à choisir et à utiliser librement leurs appareils et applications, sans risquer de mettre en péril leurs données privées ou celles de leur employeur.

D’une stratégie orientée mobile découle une infrastructure de sécurité appropriée pour l’utilisation des appareils mobiles sur le lieu de travail. Alors que l’ère du PC est basée sur un modèle de fichiers ouverts qui requiert d’importantes restrictions d’accès, une telle stratégie mise plutôt sur une architecture « bac à sable », permettant une forte isolation entre les applications et limitant leur possibilité à interagir et partager des données sans autorisation explicite du département informatique.

Concrètement, un modèle orienté mobile permet d’accéder aux données privées et professionnelles, protégées et cloisonnées sur le même appareil, offrant au final une meilleure sécurité des données et une plus grande souplesse à la fois pour l’employeur et pour l’employé.

Alors que la Gen M et l’industrie IT s’orientent vers une consommation de masse toujours plus importante, il est probable que le nombre et la variété d’appareils portables ou mobiles utilisés au travail augmente de la même façon. Cela va nécessairement poser de nouveaux défis aux directions informatiques. Mais en contrepartie, c’est également un levier pour développer des stratégies plus flexibles pouvant à la fois concilier les besoins des salariés et les contraintes de sécurité des entreprises, tout en évitant un casse-tête pour les directions informatiques, les sociétés et leurs salariés.

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Sid-Ahmed Lazizi est Directeur régional France chez MobileIron.

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