Les entreprises doivent intégrer le potentiel des jeunes cadres

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Par Sandrine L'Herminier Publié le 18 avril 2015 à 5h00
Entreprises Jeunes Cadres France Innovations
@shutter - © Economie Matin
25 %Le taux de chômage chez les jeunes en France atteint 25,2 % de la population active.

Dans un contexte de compétition internationale, les entreprises doivent apprendre à penser « out of the box », sortir des sentiers battus, insuffler de la rupture dans les formes de management. Inte?grer le potentiel des trentenaires constitue l’une des cle?s de la re?ussite a? long terme des entreprises, et plus globalement de la socie?te?. Une évolution que les dirigeants ont encore du mal à intégrer car les organisations fonctionnent encore sur le modèle dominant/dominé.

La France bénéficie de jeunes extrêmement bien formés, adaptés aux contraintes post industrielles, rompus aux nouvelles technologies…et pourtant les élites tardent à leur confier des missions à responsabilité en maintenant un « plafond de verre » peu propice à la diversité. Or, la jeune génération est peut-être en train de dessiner les contours d’une nouvelle conception de la relation au travail. La génération Y, ne se positionne pas en tant que « demandeur de travail » face à une entreprise « offreuse de travail », mais considère qu’elle a aussi quelque chose à apporter pour accompagner ces transformations. Encore faut-il que l’organisation favorise cette mixité générationnelle.

Sortez du débat d’experts en créant un Youthboard

La création d’un comité de jeunes -Youth Board- pourrait être une alternative, un brin provocante certes, mais originale pour insuffler un vent de liberté dans l’entreprise. Objectif de ce Youth Board : challenger les engagements et les décisions stratégiques prises par l’équipe du Comex. A chaque organisation de déterminer le poids et l’influence attribué à ce Comité de Jeunes. Celui-ci pourrait siéger au comité de direction, être consulté par l’équipe dirigeante pour échanger sur des sujets d’actualité, travailler sur des projets transverses : le digital, l’économie collaborative, les nouveaux usages. Ce comité pourrait réunir de jeunes talents repérés dans l’entreprise ou faire appel à des compétences externes - des étudiants – aux profils pluridisciplinaires en instaurant un processus de sélection rigoureux. Le bilan de ces échanges pourrait être retranscrit dans le rapport annuel de la société. Les jeunes sont un formidable réservoir d’idées et d’énergie. Ce sont aussi les usagers et les décideurs de demain. Les intégrer à la vision stratégique permettrait aux dirigeants non seulement de s’engager de manière originale sur le terrain de la diversité mais aussi de sortir des débats d’experts en mettant cette intelligence collective au service de la performance de l’organisation.

Adoptez le Reverse Mentoring pour digitaliser votre organisation

Danone, Orange, le Crédit Suisse, la Société Générale… les multinationales sont de plus en plus nombreuses à recourir à une nouvelle forme d’apprentissage intitulée le reverse mentoring ou tutorat inversé. L’idée : les juniors ont des compétences en matière de technologie et de réseaux sociaux que leurs aînés n’ont pas toujours. Ces cadres doivent néanmoins se familiariser aux enjeux du web 2.0 afin de capter les signaux faibles qui façonneront les usages de demain. Chez Danone, c’est une stagiaire, Aurélie Truchet, diplômée de l’école de commerce d’Angers, qui a vendu il y a trois ans au patron monde des produits laitiers du groupe, la plate-forme e-learning « Digital for all ». A l’issue de son stage, la jeune recrue a monté un réseau de 80 jeunes mentors issus de 17 pays chargés de former les équipes dirigeantes aux opportunités du numérique. Depuis, la petite stagiaire a fait du chemin. Aujourd’hui en CDI au poste de responsable de la transformation digitale du groupe, sa plate-forme web est accessible aux 40.000 salariés Danone dont le métier est en relation avec ces enjeux.

Encouragez l’innovation collaborative en organisant un hackathon

Il y a quelques jours, 9 équipes composées d'étudiants et de collaborateurs d'Axa France, de Danone et de la Société Générale se sont affrontés au sein de l’Ecole 42 autour d’un hackathon pour tenter de créer l'application RH la plus innovante. Contraction de « hack » et « marathon », le hackaton désigne initialement une compétition réunissant des développeurs informatiques sur plusieurs jours d’affilée. Le concept a été récupéré par l’entreprise et ne se limite plus aux populations d’experts IT. L'objectif de ce HRhackaton : imaginer une application mobile qui aidera les entreprises partenaires à développer un système RH innovant. C’est l’équipe « Gravity » de Danone qui a remporté le grand prix. L’ambition de ce challenge était d’offrir aux candidats une expérience de collaboration ouverte, pluridisciplinaire et intergénérationnelle. Les entreprises qui financent ces événements attendent également un retour en termes d’image et de marque employeur auprès de la génération Y et Z.

Cultivez le sentiment d’appartenance à l’entreprise

L’une des aspirations fortes de la jeune génération est de mettre ses compétences et ses talents au service d’une entreprise qui lui ressemble. Cette génération accorde une grande place à l’humain, l’intégrité, la solidarité. Clémentine Antier reflète bien cet état d’esprit. Le jour, la jeune femme est consultante chez Ethicity, le soir et le week-end elle s’investit dans la communauté MakeSense, qui réunit un bataillon de jeunes volontaires impliqués dans l’entrepreneuriat social. « Il me tient à cœur que les projets auxquels j’œuvre soient à la fois utiles pour construire un mieux-être des hommes et de la planète, concret, et source de plaisir/bonheur pour moi et pour les autres ». Cumuler deux fonctions, s’investir dans un projet citoyen aux côtés de sa vie professionnelle… un engagement presque naturel pour ces trentenaires qui ont grandi avec le chômage et la précarité. Les entreprises qui sauront insuffler à leurs projets une valeur sociétale et/ou citoyenne, entreront plus facilement en résonnance avec ces jeunes actifs qui voient également le travail comme une source de réalisation personnelle.

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Sandrine L’Herminier est experte RSE et journaliste. Elle réalise des missions de conseil éditorial sur la démarche RSE des entreprises. Elle compte plus de 20 ans d’expérience dans le domaine de la presse écrite (Le Monde Argent, Les Echos, La Tribune). Auteur de : « Tu seras un manager responsable, mon fils ! » Editions Yves Michel. Collection Place publique. Février 2015.

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