Les signaux donnés ces derniers jours par la FED ont de quoi nous laisser pantois !
Elle a en effet injecté 75 milliards de dollars le 17 puis à nouveau 75 milliards le 18 septembre sur les marchés financiers, afin de permettre aux entreprises américaines mais pas seulement, de se refinancer à court terme.
Outre le fait que c’est la première fois que le FED intervient de la sorte depuis 2008, cet afflux massif de nouvel dettes contractées par les entreprises à l’échelon mondial montre l’empressement des investisseurs à acheter de la dette d’entreprises cotées, poussés par la baisse de taux et des endettements.
Les entreprises s’endettent grâce à des afflux de liquidités injectées par les banques centrales. Les banques centrales manœuvrent afin de conserver des taux d’intérêt les plus faibles, probablement pour éviter aux entreprises endettées de faire faillite. C’est une bonne technique pour cacher un ralentissement mondial de la croissance.
Les entreprises s’endettent pour que leurs dettes leur coutent moins cher, et se retrouvent avec des liquidités non rentables, puisque les dépôts sont aujourd’hui taxés. Elles placent sur les marchés obligataires à rendement négatif, jusqu’au jour où plus personne ne voudra racheter leurs obligations. Et les taux négatifs contribuent à générer des tensions de liquidités.
La Banque centrale européenne baisse ses taux, relance des programmes de rachats d’actifs et de taux négatifs, taxe plus les dépôts, poussant Trump à faire pression sur la Fed pour faire de même. Les États-Unis y sont contraints, car sinon le dollar se revalorise trop, et freine les exportations américaines. Et puis les États-Unis paient pour emprunter, les Etats européens, eux, sont payés pour s’endetter !
Les entreprises s’endettent. Les États s’endettent. Le tout en étant rémunéré pour s’endetter
Les États ne peuvent faire faillite, ils n’ont pas intérêt à ce que les banques fassent faillite, et l’État et les banques n’ont pas intérêt à ce que les entreprises fassent faillite. Hormis le système, il va bien falloir que quelqu’un fasse faillite !
La question qui se pose est donc de savoir combien de temps peut durer un système financier basé sur un principe de taxation du dépôt et de rémunération d’un emprunt !
L’autre question qui se pose, pour les entreprises, est de savoir non seulement comment interpréter les tendances, mais surtout de savoir comment anticiper les tensions, à commencer par les tensions de trésorerie…
Nous savons que toute crise intervient de façon brutale, impacte les taux d’intérêt, impacte les taux de change, tend les liquidités, réduit la croissance, impacte le taux d’emploi…
Nous, financiers ou dirigeants d’entreprises, sommes des gens simples et pragmatiques. Nous devons nous assurer que nos croissances d’aujourd’hui sont pérennes, que les actifs que nous créons sont stables, et qu’en bons pères de famille, nous ne gaspillons pas ce que nous avons généré.
Nous savons, comme Emile de Girardin, qu’il n’y a rien à gagner à transiger avec l’erreur ou l’injustice, que gouverner c’est prévoir, et que ne rien prévoir, c’est courir à sa perte.
Alors, messieurs les financiers, commençons par prévoir nos cash-flows !