Entreprendre : l’important, c’est toujours l’exécution

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Par Rémi Raher et David Ringrave Publié le 11 juin 2018 à 5h02
Restaurant Chef En Cuisine
@shutter - © Economie Matin
12 %En 2016, Nestor affichait une croissance de 12 % par semaine.

Nestor, c’est l’histoire de trois amis d’enfance qui rêvaient de monter un restaurant ensemble. Devenus étudiants, ils cuisinent et livrent leurs copains, ce qui leur donne l’idée de monter un restaurant virtuel avec livraison à domicile. Trois mois plus tard, en mars 2015, le trio s’installe dans une vraie cuisine qui se trouve dans les sous-sols de The Family, un incubateur de start-up bien connu dans le milieu.

L’idée pour être rentable dans ce secteur si concurrentiel qu’on appelle la food-tech ? Limiter les coûts, optimiser les procédés et améliorer l’offre en permanence grâce aux retours des clients.

« On a commencé avec 500 euros chacun pour payer les frais du tribunal de commerce, en cuisinant chez nous et sans louer de pas de porte, avec des livreurs en autoentrepreneurs. En limitant les coûts au maximum, on a réussi à faire en autosuffisance jusqu’à 70 repas par jour. Puis on a recruté le Chef Julien et on a cuisiné jusqu’à 200 repas par jour dans les sous-sols de The Family. »

Grâce à ces débuts prometteurs, l’entreprise lève 900 000 euros (dont plus d’un tiers via une plateforme de financement participatif), ce qui lui permet de monter en puissance et d’agrandir les équipes afin de livrer plus de 1 000 plats par jour, avec une croissance de 12 % par semaine en 2016.

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L’importance de l’exécution, selon Sixte de Vauplane

S’il y avait une seule chose à refaire dans toute cette aventure ? On se serait lancé en 3 jours plutôt qu’en 3 mois. L’important, c’est toujours l’exécution, car ça permet de valider ou de corriger son idée, et en tout cas de toujours l’améliorer, même quand les conditions ne sont pas idéales.

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Un chemin compliqué vers l’équilibre financier

Malgré beaucoup de bonnes intentions et un succès commercial naissant, quelques compétences de chefs d’entreprise font encore défaut aux trois amis, notamment le pilotage de l’analyse financière et la gestion du cash-flow. Au point de mettre la pérennité de l’entreprise en péril…

« On avait levé 900 000 € au bout de 8 mois pour financer notre expansion donc on pensait qu’on avait les reins solides. Mais à l’époque, l’ambiance de l’univers start-up, c’était un peu de savoir qui allait lever le plus d’argent pour cramer le plus de de cash… On a fait comme tout le monde et en trois mois, on avait quasiment tout cramé ! Quand on a regardé l’intégralité de nos factures avec nos prévisions initiales, il y avait une différence de 30 %, soit plusieurs milliers d’euros mensuels perdus par manque de gestion de trésorerie. »

En reprenant tous les documents comptables et en analysant les chiffres, le trium virat de Nestor s’aperçoit que certains fournisseurs facturent plus cher que ce qu’ils annoncent, d’autres livrent au bon prix mais en plus grande quantité que la commande initiale, d’autres encore, moins scrupuleux, livraient des produits qui n’ont jamais été commandés…

« C’est un peu le problème quand on a subitement plein d’argent et qu’on ne fait pas attention à la trésorerie : tant qu’on ne regarde pas, on ne fait pas attention et on paye… On pensait à la croissance mais on oubliait la rentabilité et on a failli aller dans le mur : faire 30 % de croissance par mois, c’est bien beau, mais si on disparaît au bout de 6 mois, ça ne sert à rien ! »

La claque est dure à encaisser mais la leçon est bien apprise. Désormais, l’entreprise négocie les prix, assure le suivi de ses coûts et optimise la logistique avec une gestion facture par facture. Résultat : l’entreprise est rentable après deux mois d’existence, ce qui ne manque pas d’étonner le petit univers de la food-tech, qui ne comprend pas comment trois gamins réussissent là où des mastodontes sont à la peine.

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Les 3 conseils de Sixte de Vauplane pour réussir

1. Ne pas se poser (trop) de questions

On trouvera toujours une bonne raison de ne pas se lancer donc il ne faut pas tout rationaliser. Le plus simple est de se lancer rapidement pour tester son idée et de l’améliorer un peu chaque jour pour arriver à un produit super. Chercher le produit parfait sans jamais le tester ne fonctionne pas ! Et il faut aussi se dire qu’on a toujours très peu de clients au début donc ce n’est pas si grave s’il y a encore des marges de progrès, car ce ne sera pas une catastrophe
mondiale.

2. Lancer sa boîte le lendemain de son idée

On peut perdre de l’argent comme on peut en gagner, c’est la loi du genre dans les affaires, mais on ne peut pas regagner le temps qu’on a perdu. Se lancer sans attendre est donc le meilleur moyen de ne pas perdre de temps, qui reste la ressource la plus précieuse de chacun.

3. Ne pas écouter ceux qui disent que ça ne marchera pas

Le monde est rempli de pessimistes mais il ne faut pas se laisse influencer par ce genre d’avis. Si ça ne marche pas, ce n’est pas grave ! On aura au moins vécu une expérience géniale et appris beaucoup de choses en chemin.

Ceci est un extrait du livre « Réussites françaises : 20 histoires d'entrepreneurs qui ont réussi en France (et leurs conseils pour entreprendre) » écrit par David Rangrave et Rémi Raher paru aux Éditions Enrick B. (ISBN-10 : 2356443096, ISBN-13 : 978-2356443090). Prix : 19 euros.

Reproduit ici grâce à l'aimable autorisation des auteurs et des Éditions Enrick B.

Réussites françaises

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