La pression de plus en plus importante exercée par les décideurs politiques ou les consommateurs a contribué à positionner l’écoresponsabilité parmi les principales priorités des entreprises en France comme à l’international.
Malheureusement, de nombreux chefs d’entreprises ne considèrent l’écoresponsabilité que comme un simple critère à remplir dans la longue liste d’initiatives liées à la RSE. Cependant, cette approche est loin d’être viable. Effectivement, sans la mise en place d’une réelle stratégie commune à l’ensemble des services de l’entreprise, ces initiatives peuvent rapidement s’effondrer et mettre l’entreprise en difficulté. Le constructeur Volkswagen en a par exemple fait les frais et est tombée en disgrâce pour cause de greenwashing auprès de ses clients.
S’engager sur la voie de l’écoresponsabilité – qu’elle concerne des dimensions environnementales, éthiques ou sociales, est un projet d’envergure. La meilleure façon de s’assurer de son succès est d’amener les discussions aux plus hauts niveaux, avec une optique stratégique et une vision globale de l’entreprise.
Nous vous proposons ici de lever 5 préjugés autour l’écoresponsabilité afin de vous démontrer que chaque entreprise peut s’y retrouver.
Les matières premières issues de bouteilles plastiques ne sont pas si facile à obtenir
Lorsqu’il s’agit de recyclage, beaucoup d'entre nous associent le concept aux montagnes de bouteilles en plastique accumulées dans les décharges ou flottant au gré des cours d’eau. Les consommateurs se demandent d’ailleurs pourquoi les entreprises n’utilisent pas davantage de bouteilles plastiques recyclées dans la fabrication de leurs produits et cela n’est pas étonnant au vu de la situation.
En réalité, même si le nombre de bouteilles en plastique semble important, les matières premières nécessaires à la production de produits recyclés peuvent être difficiles à trouver. Les usines capables de transformer les bouteilles plastiques en matériau exploitable sont en effet peu nombreuses, limitant ainsi l’approvisionnement des fabricants.
De plus, les bouteilles doivent passer par de nombreuses étapes avant de pouvoir être réutilisées sous d'autres formes : premièrement, elles doivent être déchiquetées en petits flocons devant être re-polymérisés en copeaux de plastique. Puis, les copeaux sont ensuite chauffés et filés pour obtenir un fil malléable et flexible pouvant être utilisé dans les coutures d’une multitude d'accessoires - des sacs aux vêtements, les options sont presque infinies !
Une conception durable peut être rentable
Les acteurs du secteur du retail associent souvent les gammes écoresponsables à des produits peu ou pas rentables, étant donné les coûts associés au recyclage, à l'approvisionnement en matériaux, à la production, à l'emballage et à la livraison « verte », etc. Une enquête réalisée par Economist Intelligence Unit (EIU) a révélé que 57% des cadres supérieurs considèrent que les bénéfices à retirer des efforts liés au concept d’écoresponsabilité sont supérieurs aux coûts de sa mise en place.
Néanmoins, il est indéniable que les opérations durables de fabrication et de gestion sont à envisager sur le long terme pour toute entreprise qui se dit innovante. Cet état d’esprit pourra, sur le long terme, permettre à l’entreprise d’apprécier de nouveaux bénéfices sur son activité, qu’ils concernent sa valeur actionnariale ou encore son image. Au final, tout cela contribuera directement ou indirectement à l’amélioration à sa rentabilité.
La prise de conscience autour de l’écoresponsabilité et de l’engagement nécessaire (sur le long terme) est indispensable et pourra faire toute la différence.
Les consommateurs n’ont que faire des certifications
En tant que détaillants ou encore fabricants, nous ne connaissons que trop bien les certifications (telle que la Global Recycling Standard) et l’engagement que cela implique pour la mise en place de processus durables au sein de l’entreprise. Ces certifications sont d’excellents moyens de prouver aux consommateurs ainsi qu’aux parties prenantes que la démarche engagée en matière d’écoresponsabilité n’est pas simplement un écran de fumée. Octroyées par des tiers assermentés, ces certifications sont des preuves concrètes de l’engagement des entreprises.
Mais les consommateurs connaissent-ils et comprennent-ils pleinement la signification de ces certifications ? Plus important encore, se soucient-ils que la marque de sacs ou de chaussures qu'ils achètent respecte les réglementations imposées pour l’obtention de ces mêmes certifications ?
La réponse est non. Les décisions d'achat d'un consommateur sont principalement basées sur des critères tels que le prix, la praticité ou encore sa fidélité à la marque. Il incombe alors aux entreprises non seulement de veiller à éduquer les consommateurs vis-à-vis de ces certifications, mais également de faire en sorte que leurs produits soient aussi pratiques que durables pour rester attrayants.
Les entreprises qui délaissent l’écoresponsabilité prennent un risque énorme
Président et Directeur Général chez Walmart, H. Lee Scott, indique que « l’écoresponsabilité représente une opportunité commerciale unique du 21ème siècle et qu’elle sera à la source d’un véritable avantage concurrentiel ». De nos jours, cela est valable pour chacune des entreprises.
Trop souvent, les entreprises ne modifient leur mode de fonctionnement que lorsqu'elles se sentent menacées, et il est parfois déjà trop tard. Prenons l'exemple de l'industrie automobile. Avant que Tesla ne mette ses solutions révolutionnaires sur le marché, les autres constructeurs automobiles sont restés dans leur pré carré et ne sont pas allés au-devant d’innovations de rupture. Quand ils ont dû faire face à l’arrivée de Tesla, les constructeurs avaient déjà accumulé beaucoup trop de retard sans même s’en rendre compte.
Il en est de même pour l’écoresponsabilité. Que ce soit à un niveau mondial ou Européen, de nombreuses mesures sont prises par les décideurs politiques pour durcir les normes associées à l’environnement. En tant qu’entreprise, la pire des situations serait d’être mise au pied du mur lorsque ces initiatives seront amenées à devenir des réglementations – et cela n’est qu’une question de temps.
Les entreprises les plus expérimentées (autrement dit les plus anciennes) n’avaient pas pour projet ni pour priorité de devenir écoresponsables. Il est naturel de penser que le passage vers des pratiques plus durables peut sembler difficile pour ces mêmes entreprises, d’autant plus lorsque cela affecte l’ensemble de leurs opérations.
À mesure que les exigences de la société évoluent, toute entreprise se doit de répondre aux besoins naissants aussi bien au travers de leurs produits que de leur modèle commercial. De plus, ceux-ci doivent être pris en compte dans la construction des stratégies commerciales des entreprises afin de pouvoir transparaitre dans la relation qu’ils pourront établir avec leurs clients.
L’écoresponsabilité n’est pas un effet de mode
Au cours des deux dernières décennies, nous avons vu de nombreux effets de mode aller et venir, mais l’écoresponsabilité n’en fait pas partie. Pour les prochaines années, nous nous attendons à ce que ce courant soit de plus en plus présent dans de nombreux aspects de la vie des entreprises et des consommateurs.
Une récente enquête menée par Nielsen a montré que 58% des consommateurs seraient prêts à payer plus cher si la marque s’avérait plus respectueuse de l'environnement. Ce chiffre est d’autant plus parlant qu’il atteint 72% pour les nouvelles générations, autrement dit les 15-20 ans.
Il est clair que l'écoresponsabilité est un état d'esprit qui se transmet de génération en génération, et les entreprises ont un rôle énorme à jouer pour assurer sa démocratisation. La durabilité sera un facteur important dans les futures décisions prises par les entreprises et les consommateurs. Moi-même haut responsable au sein de mon entreprise, je considère qu'il est de ma responsabilité de contribuer, dès aujourd’hui, au développement d’un monde et d’un avenir plus durables.