A la suite des Assises de l'entrepreneuriat en 2013, le gouvernement a clairement affiché sa volonté de soutenir l'entrepreneuriat féminin, et de le faire passer de 30% en 2013 à 40% en 2017. Ce pourcentage, à lire avec précaution, est de 10% pour les chefs d'entreprises à fort potentiel de développement et de croissance.
Les porteuses de Croissance
L'étude de « Women Equity For Growth » montre une situation en cohérence avec les difficultés rencontrées par les femmes dans leur accession aux postes à responsabilité au sein des entreprises. Les biais de genre, ou freins auxquels ces femmes ambitieuses doivent faire face restent nombreux. On peut évoquer le manque de rôles modèles, le petit nombre de réussites entrepreneuriales au féminin. Les freins sociologiques restent très forts. Une femme chef d'entreprise devra faire preuve de beaucoup plus de ténacité qu'un homme pour convaincre les partenaires de l'entreprise, que ce soit financiers, clients, fournisseurs, employés. En entreprise, on mise souvent sur le haut potentiel qu'un homme montre dans sa motivation, sur ses capacités à accomplir dans le futur. Pour une femme, on se réfère à ce qu'elle a déjà accompli par le passé.
Cette étude montre également que les entreprises dirigées par des femmes sont plus performantes, et plus durables que celles dirigées par des hommes. Que faire alors, pour bénéficier de ce supplément de croissance ? Il est symptomatique de constater que l'entrepreneuriat au féminin est fortement représenté au Salon de la Micro-entreprise (journée de l'entrepreneuriat au féminin), mais ne dispose pas de stand dédié sur le Salon de l'Entrepreneur. Les aides à l'entrepreneuriat spécifiquement dédiées aux femmes (FGIF) restent marginales, et pour des montants dignes de la micro-entreprise.
Le financement, étape-clé de la Croissance
La pierre angulaire du développement de l'entreprise est le financement. Les femmes démarrent leur entreprise avec un capital moyen relativement faible (8 000 €), ont peu accès au capital investissement, et plus tendance à recourir à l'emprunt. Une attitude prudente, consciencieuse, pour celles qui mettent un point d'honneur à « rembourser leurs dettes » ?
Le parallèle entre investisseurs et « investis », se fait facilement. Le monde du capital investissement est majoritairement composé d'hommes blancs, ayant fréquenté les mêmes écoles ou universités. L'annuaire de l'AFIC (Association Française des Investisseurs en Capital) a 9% de femmes, et 7,2% à des postes de décision. Ces décideurs du capital investissement montrent une tendance à privilégier des profils similaires aux leurs. La barre est placée beaucoup plus haut face à une femme entrepreneur, dans les négociations ou performances d'entreprise demandées, ou dans les montants demandés / investis. La femme aura tendance à demander le montant nécessaire à la poursuite de son exploitation, et en recevra un pourcentage inférieur. L'homme n'hésitera pas à faire preuve d'ambition et à demander plus, à valoriser plus sa société.
Les leviers de la Croissance
Le réseau est un élément-clé en tant que levier de croissance d'une entreprise. Les activités de networking, indirectement liées à la production dans un premier temps, se révèleront cruciales lorsque l'entrepreneur aura besoin d'un coup de pouce, d'un échange entre pairs, de la recommandation d'un fournisseur, d'un partenaire.... A chacune de choisir le(s) réseau(x) qui lui conviennent le mieux, à elle-même et à sa stratégie d'entreprise. L'essentiel est de nouer des liens, se connaitre et être reconnue !
Une plus grande visibilité permet d'asseoir sa propre crédibilité envers les partenaires, en plus de rebooster sa propre estime de soi. C'est l'impact du « vu à la télé », ou dans la presse, une conférence, une présentation... Parler de ses produits, vivre son entreprise, saisir les opportunités de la mettre en avant sont autant de chances de s'ancrer dans le paysage, et d'être reconnue ensuite par un investisseur, un exportateur, un partenaire, un futur associé. L'histoire aura commencé à faire son chemin.
Une entreprise se monte rarement seul(e). Afin de dégager le temps pour à la réflexion stratégique et l'évolution de l'entreprise, le chef d'entreprise doit choisir de s'entourer d'une équipe complémentaire et efficace. Elle renoncera à la culpabilité de déléguer. Ceci se révèle d'autant plus vrai pour une femme, habituée à jongler entre ses différentes priorités professionnelles, personnelles et familiales.
Savoir se faire accompagner, bien choisir ses conseillers est un autre levier-clé de la croissance de l'entreprise. Le chef d'entreprise a un rôle de chef d'orchestre, plus que de maestro.
L'entreprise d'avenir se conjugue au féminin
Un aspect intéressant de cette « minorité visible » que sont les femmes chefs d'entreprises à haut potentiel, est que celles qui sortent du lot se font vraiment remarquer. Après des années de labeur et de travail acharné, elles contribuent à renverser les tendances vues ci-dessus, pour elles-mêmes et pour les générations à venir. Ces femmes qui se lancent de plus en plus, en osant afficher leurs ambitions créent les rôles modèles dont s'inspireront les femmes entrepreneurs de demain.
Accompagnons-les. Il est temps de mettre fin à ces préjugés qui persistent et de donner tous les moyens aux femmes entrepreneurs de sauter le pas, créer et développer les idées nouvelles, les concepts de demain qui créeront de la richesse et de la croissance dans notre pays.