Les énergies renouvelables peuvent et doivent se développer

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Par Eric Sauvaget Modifié le 29 novembre 2022 à 9h15
France Eolien Developpement Energie Propre
cc/pixabay - © Economie Matin
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Les détracteurs des énergies renouvelables (EnR) – en particulier de l’éolien – lui opposent son intermittence, en arguant que nous ne pouvons pas stocker l’électricité à grande échelle. C’est oublier bien vite que les sources d’énergie renouvelables sont diversifiées sur nos territoires et que nous pouvons les mixer pour atteindre des taux de couverture suffisants pour nous approvisionner.

C’est aussi nous dénier la capacité de prévenir les besoins en énergie et d’innover pour développer des solutions de stockage. Comme l’a dit Dominique Maillard, président du Réseau de transport d’électricité (RTE), le 25 juin 2009 au Sénat, « L’intermittence de l’éolien n’est ni une qualité, ni un défaut, c’est une caractéristique de la majorité des énergies renouvelables ».

Oui, c’est un fait, l’énergie éolienne est une énergie intermittente qui, comme la plupart de EnR, dépend du bon vouloir de la nature. Cette intermittence est à la fois temporelle et géographique, les ressources en EnR variant – quelquefois drastiquement – d’une saison et d’une région à l’autre. Pour autant, leur caractère fluctuant et capricieux ne fait pas de leur approvisionnement massif une gageure inenvisageable. L’Homme a relevé par le passé bien d’autres défis ! En effet, l’intermittence a toujours fait partie de l’environnement de l’Homme :

• A la préhistoire, il a été soumis à des cycles saisonniers d’abondance et de raréfaction des ressources alimentaires, variables selon les régions.Cette intermittence temporelle et géographique, il a su la gérer, nous en sommes la preuve puisque c’est ainsi qu’il a assuré notre existence à nous, sa descendance. Comment ? En diversifiant ses sources de nourriture, en adoptant un mode de vie nomade pour ne pas épuiser les milieux naturels, en anticipant sans cesse la disponibilité des ressources naturelles.

• Plus tard, lorsque l’Homme s’est sédentarisé grâce à l’agriculture, il a également su gérer les périodes de mauvaises récoltes et autres aléas climatiques, en développant des méthodes de stockage.

Ensuite, l’Homme a développé le commerce, tout en restant soumis à une forte intermittence des ressources, du fait de la lenteur des transports et du manque de fiabilité des moyens de transport. Pour pallier ces inconvénients, il a une fois encore développé ses techniques de stockage, tout en diversifiant ses sources d’approvisionnement.

Depuis, l’Homme a toujours su développer des moyens techniques, innover pour résoudre les problèmes d’intermittence, et toujours, ces évolutions ont été transmises aux générations futures qui s’en sont inspirées pour gérer leurs propres difficultés. Alors yes, we can ! L’exemple est donné tout au long de l’histoire, nous ne faisons que poursuivre notre lutte ancestrale contre de nombreuses sources d’intermittence et de ressources intermittentes.

Comment ? En nous adaptant, en développant et en transmettant de génération en génération notre ingéniosité et nos savoir-faire, axés sur la diversification des ressources, leur stockage et la prévision de leur disponibilité. Qu’est-ce qui nous empêche de suivre cet exemple pour l’énergie ? Certes, en matière d’énergie, les choses sont un peu différentes. La découverte des énergies fossiles et leur maîtrise rapide a conduit l’Homme a massifier la distribution d’énergie jusqu’à effacer de sa mémoire son expérience de l’intermittence, au profit d’une habitude d’abondance dont les conséquences sont majeures :

Nous gaspillons beaucoup, l’abondance énergétique n’étant pas en adéquation avec nos besoins réels, eux-mêmes fluctuants.

• Cette profusion nous a fait oublier notre capacité à gérer l’intermittence, et nous a conduits à renoncer à une recherche appliquée pourtant essentielle puisque la recherche fondamentale démontre bien, depuis plusieurs décennies, qu’il est possible d’approvisionner l’humanité en énergies propres et renouvelables, toujours par le biais de la diversification, du stockage et de la prévision. Il nous suffit de le vouloir, de nous montrer un peu plus sobres et beaucoup plus éclairés.

Notre gestion de l’énergie constitue une responsabilité, notamment vis-à-vis des générations futures et de la préservation de la planète. Or, pour l’heure, nous dilapidons et ne transmettons pas. Depuis plus d’un siècle, nous sommes engagés dans une voie dont l’avenir est bien incertain pour les générations suivantes. Pour la première fois, une génération – la nôtre – semble ne pas se soucier des conséquences de ses choix sur les générations suivantes.

Pourtant les solutions existent : la diversification des sources de production électrique est l’une d’entre elles, pour pallier la variabilité des énergies renouvelables. Les projets multi-énergies proposant à la fois de l’éolien et du photovoltaïque se multiplient, et l’Etat pense mettre en place des appels d’offres spécifiques. La diversification constitue un enjeu majeur, et chaque collectivité territoriale devrait avoir comme objectif politique, même si cela paraît utopique, l’autosuffisance énergétique et donc l’utilisation des sources énergétiques les plus variées : solaire, vent, biomasse, géothermie etc.

En matière de prévision, une solution est possible avec le dispositif informatique IPES (Insertion de la production éolienne et photovoltaïque sur le système), qui permet de prévoir de plus en plus efficacement la production éolienne. L’éolien est ainsi prévisible à 97% à 24h00, et ne pose aucun problème de gestion pour le gestionnaire du réseau. L’enjeu est d’intégrer toutes les centrales photovoltaïques et tous les parcs éoliens à ce calculateur.

Enfin, pour les solutions de stockage, elles se développent et se diversifient très rapidement. De nombreux prototypes de dispositifs de stockage - par batteries en série ou super accumulateurs, sous forme d’air comprimé ou d’hydrogène, ou faisant intervenir le pompage turbinage - sont en cours d’évaluation. La R&D est très dynamique dans ce domaine. EDF EN a ainsi déployé l’année dernière une unité de stockage dans l’un de ses parcs éoliens. On envisage même de pouvoir stocker et gérer l’électricité excédentaire grâce aux batteries des véhicules électriques en libre service (AutoLib) et non utilisés.

Alors qu’est-ce qu’on attend ? Diversifions nos ressources énergétiques, développons nos méthodes de stockage, assurons une prévision efficace de la disponibilité de ces ressources et transmettons nos innovations à nos descendants. Nous l’avons fait de tout temps, et ça marche !

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Directeur général d’Energie Eolienne France (eef Sas), société de développement de projets éoliens, filiale du groupe eno energy

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