La hausse des prix de l’énergie est une des principales causes de l’érosion du pouvoir d’achat des ménages : la facture grimpe pour les particuliers, mais aussi pour les professionnels qui répercutent ces hausses sur les prix des produits. La Confédération européenne des syndicats (CES) tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme : il faut un voire deux mois de salaire pour… payer la facture d’énergie en Europe.
Et malgré le bouclier tarifaire, qui a limité la hausse des prix de l’énergie en France, l’Hexagone n’est pas en reste. Or, le bouclier tarifaire va évoluer en 2023 et des augmentations de prix sont attendues.
Le SMIC français ne suffit pas à payer un an de factures énergétiques
Dans un communiqué de presse publié le 6 septembre 2022, la CES compare les salaires minimum en vigueur dans 16 États européens avec la facture énergétique annuelle dans ces mêmes pays. Pour la France, c’est simple : le coût annuel de l’énergie en juillet 2022 atteint 1.603 euros. Or, ce montant est proche du SMIC brut (1.678,95 euros depuis l’augmentation du 1er août 2022) et, surtout, supérieur au SMIC net (1.329,05 euros). De fait, les travailleurs au SMIC, alerte la CES, vont dépenser plus d’un mois de salaire net et près d’un mois de salaire brut pour payer leur facture annuelle d’énergie.
La situation est similaire lorsqu’on regarde la rémunération moyenne annuelle en France, 29.972 euros selon les données prises par la CES. Les Français doivent ainsi travailler 20 jours pour simplement payer gaz et électricité.
Parfois il faut travailler plusieurs mois pour payer la facture
Les Français s’en sortent malgré tout plutôt bien : avec « seulement » 30 jours de travail nécessaire pour payer la facture annuelle de gaz et électricité, ils sont dans le bas du classement avec la Roumanie ou encore la Hongrie. Car d’autres Européens souffrent bien plus.
Selon la CES, en Belgique il faudra 37 jours de salaire minimum pour payer la facture annuelle, 48 jours aux Pays-Bas ou encore 65 jours (soit plus de deux mois) en République Tchèque. La facture annuelle en juillet 2022 y atteint 34.468 couronnes tchèques (1.400 euros) pour un salaire mensuel minimum de 16.200 couronnes tchèques (657 euros).
Les syndicats demandent une hausse des salaires et une taxation des plus riches
Face à la situation, qui risque de devenir ingérable pour les travailleurs les moins bien payés, la CES demande « des augmentations de salaires », un « plafonnement du montant des factures », une « taxe sur les surprofits des entreprises d’énergie » ainsi que des aides d’urgence pour les ménages les plus défavorisés.
« Des millions de travailleuses et de travailleurs avaient déjà des difficultés à payer leurs factures avant la crise et on leur demande aujourd’hui de payer des prix de l’énergie qui s’envolent alors que les salaires perdent chaque jour de leur valeur », déclare, dans le communiqué de presse, Esther Lynch, secrétaire générale adjointe de la Confédération européenne des syndicats.