Les énergies vertes sont-elles aussi vertes qu’annoncé ?

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Par Daniel Moinier Modifié le 29 novembre 2022 à 9h14
Renault 5 Version Electrique
@shutter - © Economie Matin
6,3%L'éolien a représenté 6,3% de la production d'électricité en France en 2019.

Face au changement climatique, de nombreux pays se sont engagés dans la transition énergétique. Depuis la COP21 qui a fixé en 2015 d’exigeants objectifs de réduction des gaz à effet de serre, les énergies vertes ont le vent en poupe.

Et si ce n’était pas sur la transition écologique mais plutôt sur la sobriété que nous aurions dû miser pour protéger la terre ?

Les études et analyses effectuées par Guillaume Pitron et Jean louis Pérez sous le titre « La face cachée des énergies vertes » nous emmènent à l'autre bout du monde et en France pour nous montrer ce qu'il y a derrière la production des énergies vertes.

Quelles ressources substituer au pétrole et au charbon pour se diriger vers un monde plus vert et vers une économie plus durable ?

Nos éoliennes et nos voitures électriques sont-elles « propres » ?

Le cas des voitures électriques, conçues du point de vue écologique, pour remplacer le parc essence et diesel, sont-elles aussi respectueuses de l’environnement qu’annoncé ?

Le secteur le plus polluant en émissions de carbone, c’est le transport.

Ci-dessous la liste des secteurs émetteurs de carbone en pourcentage :

  • Transports 29%, dont 28% pour le transport routier (composé à 53% de voitures individuelles)

  • Bâtiments résidentiels/Tertiaires 20% ...

  • Agriculture, sylviculture et gestion des sols 19% ...

  • Industries manufacturières 18%

  • Transformation de l'énergie 11%

  • Déchets 3%

Cet article se consacre principalement sur l’évolution du parc automobile vers l’électrique, la voiture « propre », puisque c’est cette branche qui est promue sans réserve par la classe dirigeante, en partie portée par la mouvance écologique et l’opinion public qui en a emboité de plus en plus le pas. Le résultat des dernières élections municipales en a été le reflet.

La voiture électrique est-elle écologique ?

Sur ce point, deux enquêtes et études m’ont interpellé :

Un ouvrage essentiel d’une rare lucidité, préfacé par Hubert Védrine. getAbstract recommande cette analyse édifiante, fruit de six années d’enquêtes, à quiconque s’interroge sur le côté obscur de la transition énergétique et numérique.

Et l’autre effectuée par Reporterre, le journal de l’écologie sur la voiture électrique : De la production des batteries à leur durée de vie, en passant par le renouvellement du parc, au poids des véhicules et leur usage ; le caractère écolo de l’auto électrique n’a absolument rien d’évident.

La question se pose depuis des décennies : quelle ressource substituer au pétrole et au charbon pour « embrasser un monde plus vert » et favoriser une économie plus durable ?

Le gouvernement a lancé un objectif pour arrêter de polluer, il suffit de changer de voiture ! Il met sur la table huit milliards pour soutenir l’industrie automobile et inciter les français, y compris les modestes, à se doter d’un véhicule propre, moins polluant et moins émetteur de gaz à effet de serre avec des aides à l’achat d’un véhicule électrique avoisinant les 10.000 euros voire 15.000 si l’on arrive à cumuler toutes les aides.

En ce qui concerne la voiture ce n’est pas trop la fabrication de la voiture en tant que tel qui pose un problème, même s’il y a encore des équations à résoudre pour réduire l’empreinte carbone, mais c’est surtout la fabrication de la batterie et de ses métaux rares qui « chagrine et interpelle » !

En effet, ces minerais aux propriétés physiques inouïes sont indispensables à de nombreuses applications technologiques, notamment celles permettant de générer une énergie verte « décarbonée » telle que la technologie photovoltaïque, éolienne ou celle des véhicules électriques. Les métaux rares sont également indispensables à la fabrication d’objets high-tech comme les téléphones mobiles ou les écrans digitaux. Les métaux rares seraient-ils donc la panacée écologique ? Pas vraiment, nous explique Guillaume Pitron, journaliste spécialisé dans les matières premières, car en réalité leur production repose sur des activités hautement polluantes et fortement génératrices de gaz à effet de serre. Outre leur impact environnemental, précise l’auteur, leur extraction a également des répercussions sanitaires sur les populations locales. Ce que les fabricants de panneaux solaires, de tablettes ou de véhicules électriques se gardent bien de nous dire.

La Chine est le premier producteur de métaux rares et ces métaux ont envahi les objets de notre quotidien. On s’en sert pour créer des machines de toutes sortes : il y a une grande variété de métaux rares et autant d’applications possibles. On retrouve du Néodyme dans pas mal d’éoliennes, mais pas toutes ; on trouve du Cobalt dans les batteries de voitures électriques ; du Gallium dans les panneaux solaires ; de l’Indium dans les écrans (ordinateurs, télé, téléphones…). Le revers de la médaille de cette révolution verte, c'est l'impact sanitaire et environnementale des industries en Chine, au Chili ou en Bolivie. Autre inconvénient très inquiétant, c’est que nous sommes très liés « corps et voitures, portables, etc. » à ces pays pour l’approvisionnement de ces métaux !

Si la voiture électrique est moins polluante, son impact carbone notamment au niveau de la fabrication est loin d’être négligeable. Qui plus est, les inconvénients des batteries électriques sont toujours passés sous silence pour faciliter les ventes. En effet, il y a de grandes interrogations quant à leurs véritables capacités largement surestimées par les fabricants.

Ainsi, leur durée de vie exacte est encore une grande inconnue. Elle est estimée entre 10 et 12 ans alors, qu’en réalité, elle est inférieure car elle dépend de plusieurs facteurs. La durée de vie d’une batterie est fonction évidemment de votre utilisation. Si vous employez souvent votre véhicule électrique, il vous faudra la recharger souvent. Or, plus on recharge une batterie électrique, plus elle s’use vite. Les constructeurs sont évidemment au courant de cette tendance, d’où le fait qu’ils proposent encore de façon insistante non pas un achat intégral (avec batterie inclus) mais avec location de batterie.

De même, avec le temps, on constate une diminution rapide de la capacité de stockage de l’électricité pouvant aller jusqu’à plus de 25% au bout de 10 ans. Même si vous n’utilisez pas votre voiture électrique, la qualité de sa batterie se réduit avec le temps. En résumé : tout comme la batterie de votre téléphone mobile, avec la multiplication du nombre de recharges, la recharge devient de moins en moins performante et elle se décharge plus vite !

Alors comment rendre la voiture électrique encore plus propre ?

Une autre importante étude a été réalisée par la Fondation pour la Nature et l’Homme, European Climate Foundation, cinq ONG, les acteurs institutionnels et privés représentatifs du secteur automobile, de l’électromobilité, des fabricants de batteries, des acteurs de l’énergie ayant pour thème : Les risques et opportunités de l’essor du véhicule électrique en France dans le cadre de la transition écologique

Identification des défis à réaliser :

  • Maîtriser des consommations d’électricité et de métaux rares.

  • Responsabilité de la filière depuis l’extraction des matières premières jusqu’au recyclage.

  • Usage plus intensif et partagé de ce moyen de locomotion.

En 10 ans, un gros effort a déjà été réalisé. Les batteries de traction sont passées de 60 à 200-250 Wh par kilo de capacité, elles ont besoin de « fois moins » de ressources minières et donc de « fois moins » d’impacts de production. Elles permettent aujourd’hui 300.000 kms et plus, contre 100.000 en 2010. En prenant tous les paramètres, l’impact environnemental d’une voiture électrique est 3 à 10 fois plus faible en 2021.

D’autres paramètres ne sont pas pris en compte telles les sommes importantes investies pour résoudre les problèmes du cobalt ainsi que les problèmes d’extraction dans de très mauvaises conditions humaines, notamment avec des enfants et adolescents !

Une autre interrogation se pose : Quel est le véritable coût de la transition écologique : l’utilisation de métaux rares aussi polluants que nos énergies et combustibles fossiles ?

Effectivement, une fois sur le marché, ces batteries doivent être régulièrement rechargées, or l'électricité n'est pas aussi propre et décarbonée d'un pays à l'autre. Là où l'électricité est produite à partir du charbon comme en Chine et même en partie en Allemagne, l'impact environnemental d’un véhicule électrique est donc plus néfaste que si l'électricité provenait des éoliennes ou panneaux photovoltaïques et même des centrales nucléaires.

Autre élément souvent ignoré, produire un véhicule électrique demande beaucoup plus d’énergie, et émet deux fois plus de gaz à effet de serre que de produire un véhicule thermique, du fait de la production de sa batterie et de sa motorisation. Le travail de ces analyses de cycle de vie consiste donc à quantifier ces émissions « grises » et à calculer à partir de combien de kilomètres parcourus cette production polluante rend le véhicule électrique avantageux par rapport à son homologue essence ou diesel. Un autre paramètre est la taille de la batterie, qui peut varier de 305 kgs dans une Renault Zoe, de 540 Kgs pour la Tesla Model S de 2,2 tonnes et même de 700 kgs pour une Audi e-Tron!

Toutefois pour être un plus positif, les experts du cabinet de conseil écolo Carbon 4 défendent le véhicule électrique, considérant qu’une électrique de petite taille est moins émettrice de CO2 à partir de 30.000 ou 40.000 kilomètres parcourus, ayant dès lors « compensé » sa fabrication.

Une autre analyse non favorable effectuée par l’Agence européenne pour l’environnement dresse un constat alarmant : Les émissions de NOx, SO2 et particules de la production des véhicules électriques sont 1,5 à 2 fois supérieures à celles des véhicules thermiques. Les conséquences en matière de pollution des sols et des eaux sont doublées, voire triplées, principalement par l’extraction et l’affinage des métaux et la production électronique.

Aurore Stéphant de Systext, association née au sein de la fédération Ingénieurs sans frontière qui regroupe des spécialistes des conséquences de l’activité minière, s’est longuement penchée sur le sujet. Sur de nombreux sites aux quatre coins du monde, nous constatons que les dommages environnementaux ne sont pas quantifiés, les études d’impact n’existent pas et les populations locales se battent sans succès pour que la pollution des sols et des cours d’eau soit prise en compte. Personne n’est aujourd’hui en mesure de calculer le bilan carbone des filières des 70 matières premières contenues dans une voiture !

Dernière réflexion sur le changement de parc automobile et les modifications de comportement des utilisateurs.

Il est important de se poser les questions sur les conséquences écologiques du renouvellement accéléré du parc automobile induit par des primes conversion. Les voitures diesel et à essence partiront-elles prématurément à la casse avant que la production n’ait été amortie ? Peu d’études s’y sont penchées. Autre possibilité la part non négligeable des voitures pas chères, polluantes quittant le marché français, vers des pays pauvres notamment vers le Maghreb, peuvent diminuer l’achat de voitures plus propres dans ces pays.

Autre constat l’Agence européenne de l’environnement vient de découvrir que dans certains pays « plus riches et écologiques », notamment la Suède et la Norvège, les conducteurs ont tendance à beaucoup plus utiliser leur véhicule électrique en remplaçant l’usage des transports en commun, car le coût est moindre (incitations financières à l’achat, gratuité de parking, de péages), par facilité de transport et même par la diminution de la marche à pieds !

Une autre question cruciale avec le tout électrique, la suppression du pétrole, du charbon, du gaz, la production d’électricité sera-t-elle suffisante ? Si on supprime également le nucléaire comme les mouvements écologistes le préconisent depuis longtemps, comment obtenir une électricité constante en toutes circonstances, été, hiver, sans vent, ni soleil, avec peu d’eau (barrages). Les scientifiques nous trouveront peut-être de nouvelles énergies mais sous quel délai pour faire la jointure et trouver les modifications possibles de fabrication, transport et distribution ! Même l’hydrogène sera loin d’être suffisante.

Une autre longue étude très scientifique nous révèle que malgré tous les efforts déployés par les français, le résultat ne ferait descendre la température pour 2100 que de 0,0068 degré !!! au lieu des 2 prévus !!! Les sondes thermiques au platine de Météo France ne pourraient même pas le mesurer puisque l’incertitude de leur mesure est de 0,15 degré !

Pour conclure, l’une des réponses est qu’il faut certainement une autre révolution : celle de nos consciences et de nos modes de vie et encore !

www.danielmoinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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