Le Médiateur de l'énergie dresse un bilan très mitigé de l'ouverture à la concurrence des marchés du gaz et de l'électricité avec notamment davantage de litiges avec les nouveaux fournisseurs.
« Sept ans après l'ouverture à la concurrence, le marché de l'énergie peine toujours à trouver son rythme de croisière », observe l'autorité publique indépendante dans son rapport annuel. « Si une courte majorité de Français sait qu'il est possible de changer de fournisseur, seuls 10% des ménages ont franchi le pas ».
La flambée des prix
Ainsi, EDF et Engie (ex-GDF Suez) restent les mastodontes de l'énergie, indétrônables. Dans le gaz, les nouveaux entrants sur le marché n'ont attiré que 16,7% des consommateurs, et encore moins dans l'électricité, où seulement 9,6% du marché s'est laissé tenté (chiffres à la fin de l'année 2014). Le Médiateur de l'énergie fait remarquer que « si la concurrence devait apporter une baisse des prix, celle-ci est loin d'être au rendez-vous, particulièrement pour l'électricité ».
En moyenne, la facture de courant s'est envolée de 49% depuis 2007 pour les clients aux tarifs réglementés au chauffage électrique, 36 % pour le gaz et de 56% pour les autres modes de chauffage.
Encore de nombreux litiges
« Pour les consommateurs qui ont franchi le pas (du changement de fournisseur, NDLR), la satisfaction n'a pas toujours été au rendez-vous en termes de qualité de service», souligne l'autorité, qui «a observé une recrudescence de litiges, concernant des fournisseurs nouveaux entrants».
Au total, ce sont 14.412 réclamations qui a atterri sur le bureau du Médiateur en 2014, soit 4,2% de moins que l'année précédente. Un peu moins d'un tiers d'entre elles ont été jugées recevables, et une «solution satisfaisante» y a été trouvée dans 65% des cas.
Des aides pour les plus modestes
Le médiateur salue la mise en place prévue par la loi sur la transition énergétique du chèque énergie pour les plus modestes. Alors que sa généralisation est prévue pour 2018 et que son montant est encore inconnu, l'autorité plaide de son côté pour une aide «de l'ordre de 250 euros par foyer», ce qui supposerait le déblocage de un milliard d'euros.
Il réclame aussi la mise en place d'un «fournisseur de dernier recours» pour les ménages faisant l'objet d'une résiliation de contrat à l'initiative du fournisseur. En octobre dernier, l'Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE) a estimé à 5,1 millions le nombre de foyers en situation de «précarité énergétique». Et en janvier, une étude de l'Insee comptabilisait 5,9 millions de ménages en «vulnérabilité énergétique», c'est-à-dire contraints de consacrer une part importante de leurs revenus au chauffage et aux pleins de carburant pour leur voiture.