La chance, va-t-elle sourire aux cadres qui voudront changer d’emploi en 2020 et 2021 ? Tout dépend du métier : certains sont devenus plus demandés dans un contexte de manque de candidatures, alors même que d’autres connaissent un afflux de candidats, mettant les employeurs en position de force.
La hausse des rémunérations, une réponse des entreprises face à la pénurie de certains profils
L’année 2020 a très bien commencé pour les cadres. Leur salaire médian a progressé de 2,3% en moyenne, s’établissant à 46.846 euros (soit 3.903 euros mensuels), apprend-on de la dernière édition du baromètre Expectra (une société du groupe Randstad), établi par analyse de 41.222 fiches de paie. Mais la crise sanitaire n’a pas tardé à s’abattre sur la France et a fortement modifié la donne : les intentions d’embauche des cadres ont ainsi chuté de 18,5% au premier semestre 2020. Les défaillances d’entreprises se poursuivent, libérant des talents sur le marché du travail. La concurrence entre les candidats s’accroît donc, mettant les employeurs en position de force sur le plan de la négociation salariale.
En définitive, les perspectives salariales et les perspectives d’embauche varient fortement en fonction du métier. Les techniciens et ingénieurs de maintenance sont des profils traditionnellement pénuriques, et la concurrence reste forte. Pour attirer les bons candidats, les entreprises n’hésitent donc pas à proposer des rémunérations en hausse. Les perspectives sont encore plus réjouissantes pour les contrôleurs financiers, très recherchés en période de crise économique : le nombre d’offres d’emploi publiées sur ce profil a augmenté de près de 30% au premier semestre 2020. Les gestionnaires de paie restent eux aussi recherchés, ce métier étant victime d’une faible attractivité auprès des jeunes, qui le jugent souvent rébarbatif.
Des baisses structurelles des recrutements dans certains métiers
Pour d’autres métiers, la crise économique que nous vivons actuellement a un impact négatif en termes de perspectives salariales. Les défaillances d’entreprises se poursuivent et vont encore s’accentuer avec la fin du chômage partiel, qui maintient artificiellement en vie bon nombre d’entre elles. Ce phénomène va donc libérer un grand nombre de cadres sur le marché du travail, les mettant en concurrence face aux employeurs.
Déjà, sur les douze derniers mois, on observe une chute du nombre d’offres d’emploi déposées pour des métiers comme ingénieur process (-49,8%), approvisionneur (-48,8%), technicien d’essais (-40,9%) ou encore assistant administration des ventes (-40,2%). La crise économique ne fera qu’amplifier le phénomène. « Dans ce contexte, 2021 pourrait bien être l’année de la modération salariale pour les cadres après trois années très dynamiques », estime Khaled Aboulaïch, directeur général d’Expectra.