Emmanuel Macron a raison, les 40 heures seraient bien le moteur d’une croissance immédiate

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Par Daniel Moinier Publié le 1 septembre 2015 à 5h00
Emmanuel Macron Travail 35 Heures
@shutter - © Economie Matin
10 milliards ?Si l'on revenait aux 40 heures, l'Etat empocherait 10 milliards d'euros de TVA supplémentaires chaque année.

C’est la deuxième fois que le Ministre des finances lance ce pavé dans la mare. Comme chaque fois il a été recadré par son Premier Ministre. Est-ce un jeu, c’est très possible, puisque tous les deux ont la même ouverture libérale, même si ce dernier par sa posture a maintenant les mains liées.

Il faut rappeler que Manuel Valls lors des primaires du parti socialiste, s’était osé à lancer une idée choc dont le titre du Journal le Monde de l’époque était très révélateur : « Les idées iconoclastes de Manuel Valls au PS » En 2011, par exemple, il s'était livré, au micro de RTL, à un plaidoyer pro domo pour une remise à plat des 35 heures. « Depuis 10 ans, on a subventionné le travailler moins, puis le travailler plus, sans que le pouvoir d'achat ne soit au rendez-vous donc je pense qu'il faut changer radicalement de stratégie (...) Je propose d'augmenter de deux ou trois heures la durée légale du travail en supprimant également le dispositif sur les heures supplémentaires. (...) Il faut sortir des 35 heures et être capable d'aller sur tous les sujets : celui de l'entreprise, de l'allègement du coût de travail. (...) Je suis convaincu que la gauche doit renouer un véritable pacte avec le monde économique, avec le monde de l'entreprise. »?Il a même ajouté dans libération en Août 2011 « Dire que les impôts ne vont pas augmenter, c'est mentir aux Français ». Les faits lui ont donné raison, puisqu’ils ont augmenté de plus 30 milliards dans la première année du quinquennat de François Hollande.

Emmanuel Macron s’est donc démarqué une nouvelle fois des valeurs du PS, alors que d’autres au PS ou de gauche prônent la diminution du travail vers les 32 heures, y compris bien sûr les frondeurs. (relire mes articles du 30.06.15 et aussi celui du 16.02.15 sur ce sujet dans Economie Matin).

Les 40 heures permettraient d’augmenter le pouvoir d’achat, donc le niveau de vie par le bas, de plus de 14%. Ce serait une action très sociale et même socialiste. Tout le monde recherche de la croissance, y compris à gauche, pas forcément les écologistes, tel Noêl Mamer, député Maire EELV de Bégles qui annonçait encore jeudi 28 août sur RTL qu’il prônait pour une France avec une croissance zéro pour ne pas pénaliser la planète. Ces mêmes écologistes étant en pleine crise, entre ceux qui sont partisans d’une orientation très Gauche-Mélanchon et ceux qui veulent un mouvement moins politique, plus socio-libéral. Les démissions de deux de leurs leaders, François Rudy et Jean-Vincent Placé, va encore les affaiblir sachant qu’aux dernières élections présidentielles Eva Joly ne totalisait que 2,31% alors qu’ils étaient à 16,3% lors des européennes de 2008, à quelques dixièmes des listes socialistes. La déconfiture est venue lors des élections départementales de 2015, EELV n’obtenant plus que 2,03% au premier tour.

Un autre avis sur la remise en cause des 35 heures, c’est celui de Jean-Marie Le Guen sur Europe le 29 août. Invité de Wendy Bouchard depuis la Rochelle, il prône toujours le partage du temps de travail cher à Martine Aubry, estimant que l’ère des robots arrivant, il n’y aurait pas assez de travail pour tous et qu’il faudra bien partager ce qu’il restera !

Une autre défendresse des 35 heures, c’est Barbara Romagnan ; Député PS-SRC du Doubs avec plusieurs casquettes parlementaires dont celui de rapporteure de la Commission d'enquête relative à l'impact sociétal, social, économique et financier de la réduction progressive du temps de travail et des 35 heures. Rapport parlementaire présenté le 09 décembre 2014 à l’Assemblée nationale.

Invitée de RTL le 28 aout, elle a défendu bec et ongles tous les avantages qu’ont apporté les 35 heures depuis 2000. Même si elle a reconnu un gel des rémunérations sur 1 an ½, 2 ans. Appelé comme contradicteur, j’ai pu rectifier certaines affirmations dont celle de la forte amélioration de la productivité horaire, ce qui est vrai puisque nous sommes passés dans les années qui ont suivi, dans les trois premiers mondiaux. Par contre sur la productivité globale, celle qui comptabilise le véritable résultat, nous n’avons pas arrêté de reculer depuis, en passant à la 25ème place en 2013 à la 29ème en 2014. J’ai pu annoncer également que si nous revenions aux 40 heures, c’était la croissance assurée, soit en plus par année :
60 milliards de salaires
35 milliards de charges
6 milliards d’impôts
10 milliards de TVA

Pour une personne au SMIC, ce serait 200 euros de plus par mois. Pour les entreprises, 3 à 13% de baisse du coût du travail Pour les banques un encours supérieur de 13% (De quoi avoir la possibilité d’octroyer plus de prêts) Il m’a été rétorqué comme à chaque conférence que je fais : Comment travailler plus s’il n’y a pas plus de travail ? C’est justement parce que nous ne travaillons pas assez qu’il n’y a pas suffisamment de travail. En ce qui concerne le gel des rémunérations cela s’est répercuté sur 5 années et non sur 2. La hausse des salaires n’a pas été plus importante sur cinq ans que ce qu’elle avait été pour la seule année 2000. Pendant ces cinq années, le nombre des embauches a chuté considérablement. Suite aux 35 heures, le nombre d’emplois créés à toujours été une source de fortes divergences entre la droite et la gauche. Il faut toutefois se rappeler que des embauches étaient obligatoires pour passer de 39 à 35 heures et qu’en plus une compensation financière était apportée par l’état tous les ans pour les recrutements sur la base du smic. Ce montant déboursé par l’état était encore en 2013 de 33 milliards. Le journal Capital annonçait encore qu’en 2014 le coût des RTT rien que dans la fonction publique s’élevait à 7 milliards par année.

Comme l’activité actuellement n’est pas au mieux et les marges des entreprises non plus (moins 10% que la moyenne européenne), il pourrait être envisagé d’augmenter la durée du travail par exemple d’une heure tous les trois mois ou tout d’un coup en fonction des codes APE. Par exemple, la grande distribution ou les commerces qui ont des rentrées journalières, pourraient démarrer les 40 heures de suite. Les entreprises travaillant avec des retours sur investissement plus longs pourraient étaler ces 5 heures supplémentaires sur 1 an ou un peu plus. Si nous revenons aux gains de productivité horaire depuis les 35 heures dont faisait référence la député PS Barbara Romagnan ci-dessus, il est bon de rappeler l’étude réalisé par l’IREF (Institut de Recherches Economiques et Fiscales) en fonction des temps d’activité. Et le titre ci-dessous est très évocateur.

Productivité du travail : Non, la France n’est pas un modèle à suivre !

Ce qui compte c’est la productivité globale des facteurs : la Suisse et le Canada sont les meilleurs.

Comme le montrent les exemples du Japon, la Suisse ou le Canada, dont la productivité horaire des travailleurs est inférieure à celle du Royaume-Uni (à prix constants) et qui disposent tous de faibles taux de chômage et de salaires nominaux moyens élevés, l’important n’est pas la productivité unifactorielle du travail, mais bien la productivité globale des facteurs. En effet, ces trois pays ont tous les trois connus depuis 2005 une progression supérieure de la productivité totale des facteurs de production à celle de la France, de l’Italie et du Royaume-Uni, bien que la progression la plus importante vienne de l’Allemagne (5 % entre 2005 et 2012). De plus, l’élévation de la productivité du travail ne vient généralement pas de l’accroissement du coût du travail, mais bien d’une politique éducative adaptée, de la formation professionnelle, de l’élévation des niveaux de compétence, de l’accroissement de la technologie de production, d’une meilleure division du travail ou encore de la simplification des tâches opérationnelles et d’un temps de travail suffisant.? Si le Royaume-Uni veut réellement accroître sa productivité, c’est donc sur les exemples de la Suisse, du Canada, du Japon et des Etats-Unis qu’il devrait s’appuyer plutôt que sur l’exemple français, qui malgré une forte productivité du travail en comparaison des pays voisins, reste handicapé par un fort taux de chômage, une croissance atone et un fort niveau de prélèvements obligatoires et de dépenses publiques.

Ce n’est pas la peine d’être très performant sur une heure, si l’on ne travaille qu’une heure ! Effectivement, nous avons un des temps de travail le plus faible du monde (au niveau des horaires base 35 heures soit 36,2 heures semaine) au mois, à l’année. Si nous comparons sur la durée de vie, cela devient catastrophique. Nous avons été les seuls à établir les départs à 60 ans et les 35 heures.. Est-ce un modèle : Personne au monde ne nous a suivis. Le résultat : Un déficit depuis de nombreuses décennies et une dette qui va tout prochainement dépasser le niveau du PIB. De quoi passer largement en commission de surendettement ! Avec en plus, des dépenses publiques à un niveau jamais atteint : 57,5% du PIB à fin 2014, alors qu’elles étaient de 35% en 1960, et un niveau exceptionnel des prélèvements de 46%. Il est passé respectivement de 34,1% en 1970 à 40,2% en 1980, puis 41,6% en 1990 et 44,9% en 1999. Alors les baisses du travail et d’activité, le partage du temps de travail : La solution à tous nos problèmes ? Depuis le temps cela se saurait. Dans le monde et surtout en Europe, presque tous les pays qui travaillent plus pendant leur durée de vie, vont mieux que nous en terme de chômage, déficits, dette, niveau de vie….

Les Pays Nordiques et surtout la Suisse, des exemples à suivre. La Suisse avec ses 43 heures par semaine, une durée d’activité qui n’a jamais dérogé avec ses 65 ans de départ en retraite, a été désigné meilleure économie du monde en termes de productivités et de niveau de vie. Le classement mondial publié par le World Economic Forum (WEF), a couronné celle-ci en continu depuis 2009.

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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