Emmanuel Macron n'y est pas allé par quatre chemins lors d'une rencontre avec les cheminots : l'État est prêt à effacer la dette du groupe ferroviaire, en échange de l'abandon des régimes spéciaux de retraite dont ils bénéficient. Une grenade dégoupillée qui pourrait exploser dès l'année prochaine.
C'est durant une rencontre avec des cheminots que le président de la République a évoqué ce changement radical. La SNCF est plombée par sa dette : 7,9 milliards d'euros pour SNCF Mobilités, 44,9 millions pour SNCF Réseau. L'État pourrait reprendre cette dette à son compte, ce qui allègerait considérablement le groupe et lui permettrait de relancer l'investissement — indispensable alors que l'ouverture à la concurrence sera opérationnelle à partir de décembre 2019. Mais en contrepartie, Emmanuel Macron n'y est pas allé par quatre chemins : il entend supprimer les régimes spéciaux de retraite.
Grenade dégoupillée
« Nous demandons à la SNCF d'aller plus loin sur les réformes, le statut, la mobilité, le régime de retraite », a expliqué le chef de l'État dans cet entretien publié dans Les Infos Le Mag, le magazine interne de l'entreprise. Ce dernier sait bien qu'il a entre les mains une matière sociale particulièrement dangereuse. « Ce qui a été acquis dans les régimes passés reste acquis et vous cotisez à un nouveau régime. Je pense que c'est très important, parce que cela va redonner de la confiance dans le système », a-t-il tempéré. Il n'empêche, c'est à une véritable révolution qu'invite Emmanuel Macron. Les cheminots suivront-ils ?
Consultation avec les cheminots
Le calendrier législatif laisse penser que les choses devraient bouger, même si Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement, sait que cette réforme est explosive. Il a indiqué qu'il n'existait « aucun élément de calendrier nouveau ». Élisabeth Borne, la ministre des Transports, a annoncé de son côté qu'aucune décision n'était prise, et qu'une concertation aurait lieu avec les cheminots. Les Assises de la mobilité auront lieu d'ici deux semaines ; une loi de programmation sera décidée au début de l'année prochaine.