Élisabeth Borne face aux chantiers du Grand Paris

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Par Rédaction Publié le 24 septembre 2019 à 6h05
Grand Paris Express
@shutter - © Economie Matin
130130 chantiers sont actuellement en cours dans l'Île-de-France pour creuser les galeries des futures lignes de métro du projet, le Grand Paris.

L’automne sera mouvementé pour la ministre des Transports. Alors que les chantiers ferroviaires pour le Grand Paris express se multiplient en Île-de-France, les difficultés s’amoncellent dans le ciel de la capitale : riverains incommodés, usagers victimes des interruptions de trafics, entreprises saturées…

Ce samedi 21 et ce dimanche 22 septembre, le trafic a été suspendu sur tout le RER B Nord et sur la ligne K du Transilien. Une interruption prévue pour faciliter les travaux du CDG Express et qui va régulièrement se reproduire dans les prochains mois au grand damne des dizaines de milliers d’usagers contraints de se rabattre sur les autobus. Un épisode révélateur des tensions et des difficultés provoquées par les très nombreux chantiers ferroviaires qui ont désormais cours dans tout le bassin parisien.

En effet, le sol tremble en Île-de-France : près de 130 chantiers sont actuellement en cours dans toute la région pour creuser les galeries des futures lignes de métro prévues pour le Grand Paris. Sur le terrain on compte 8 tunneliers, 3.200 entreprises et 6.000 hommes pour le plus important chantier souterrain d’Europe.

Il faut dire que le temps presse : avec à l’horizon les Jeux olympiques de 2024, certaines lignes en travaux comme la 14 ou 16 accélèrent la cadence, avec un travail 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 et des tunneliers qui avancent jusqu’à 12 mètres par jours. Mais ceci n’est pas sans conséquences.

Pour les riverains tout d’abord, de plus en plus gênés par les nuisances sonores des chantiers, aux sons assourdissants qui s’étendent toute la journée et parfois même le week-end. Pour les entreprises ensuite : le volume de travaux sur le réseau a été multiplié par 2,5 en cinq ans. Des sommes colossales ont été mises sur la table pour rattraper des années de sous-investissements : 2,5 milliards d’euros sont prévus pour le réseau ferroviaire en Île-de-France en 2020, soit plus du double qu’en 2015.

Des financements à la hauteur des enjeux du Grand Paris pour la construction ou la modernisation des lignes de transport. Mais les entreprises du secteur saturent et peinent à assurer la bonne gestion de chantiers devenus soudainement beaucoup plus nombreux et plus importants. « Elles sont en surcharge et ont du mal à dégager les compétences nécessaires », explique un cadre du secteur dans les colonnes des Échos. Bureaux d’études, entreprises du bâtiment, ressources humaines… C’est l’overdose de chantiers, et le secteur peine à suivre la cadence. Au risque de peser sur la qualité du travail final ?

Enfin et surtout, la ministre devra négocier un virage dangereux, celui de l’impact de ces travaux sur les usagers des transports publics en Île-de-France. Un dossier explosif médiatiquement. Confrontés à un réseau déjà décrié pour ses défaillances techniques ou sa vétusté, les Franciliens vont de plus en plus êtes exposés aux interruptions du trafic sur certaines lignes à cause des travaux en cours, comme ce week-end sur la ligne du RER B.

Quid de la ligne 17 ?

Mais la ministre a encore de nombreux atouts dans sa poche. Face à une recrudescence annoncée des tensions et des difficultés dans la mise en œuvre des nombreux chantiers ferroviaires du Grand Paris Express, Élisabeth Borne peut encore appuyer le développement de lignes attendues par les populations, comme la ligne 17.

Un tracé qui doit désenclaver certains territoires en difficulté du nord de l’Île-de-France tout en les reliant aux grands pôles d’activité économique : Saint-Denis Pleyel, La Courneuve, l’aéroport du Bourget, le Triangle de Gonesse, le parc des expositions de Villepinte, Roissy-Charles de Gaulle et le Mesnil-Amelot. Près de 10 communes et trois départements doivent bénéficier du trajet de la ligne 17 : la Seine–Saint-Denis, le Val-d’Oise et la Seine-et-Marne.

Des zones socialement en difficulté qui devraient bénéficier grâce à la ligne 17 d’un accès facilité à la capitale, mais aussi aux futurs bassins de création d’emplois : la construction du nouveau Terminal numéro 4 à Roissy devrait permettre la création de 40.000 nouveaux postes et l’aménagement du Triangle de Gonesse (avec le quartier d’affaire Triango et Europacity) devrait créer environ 50.000 emplois. Cette ligne du « en même temps » a été rendue possible par les importants projets d’investissements sur son tracé tout autant que par les difficultés sociales importantes des territoires qu’elle traverse.

La ligne 17 et ses emplois sont donc particulièrement attendus par toute une France des « quartiers » pour qui les difficultés de transport sont encore un frein à l’emploi. Un rapprochement des lieux de vie et des espaces économiques dynamiques qui doit enfin permettre de réduire l’utilisation de l’automobile dans tout le Nord-Est francilien.

Une ligne sociale et écologique donc, longtemps mise au second plan par les pouvoirs publics au profit du CDG Express. Mais maintenant qu’il est acquis que le CDG Express qui devait relier l’aéroport de Roissy et le centre de Paris ne sera pas prête pour les Jeux olympiques de 2024 (ce qui était l’objectif initial), la ligne 17 pourrait bien revenir en grâce. Alors que sa finalisation avait été repoussée en 2030, la ministre et l’État pourraient bien choisir de soutenir et de hâter la construction de l’une des lignes les plus utiles et les plus attendues. Une manière habile de compenser les remous politiques et médiatiques provoqués par l’enchevêtrement des chantiers du Grand Paris Express tout en rassurant les investisseurs, notamment étrangers, qui commencent à douter de la capacité de la France à tenir ses promesses en termes d’attractivité.

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