A plusieurs reprises depuis des années le patron de Stellantis, géant international de l’automobile (fusion de PSA et FCA), s’est prononcé à propos de l’avenir de la voiture électrique (cf. article du Club Espace 21 de juin 2019). Il s’exprime cette fois-ci avec vigueur contre la politique de l’Union européenne qui s’acharne sur le passage au tout électrique pour réduire les émissions de CO2. La Commission européenne d’Ursula Van der Leyen se flatte d’avoir fini par faire voter en juillet 2021 l’interdiction de vendre des véhicules à moteur thermique après 2035.
Ces décisions sont lourdes de conséquences. C’est la raison pour laquelle, Carlos Tavares s’est exprimé sur la question lors d’une interview publiée dans quatre quotidiens européens dont « les Échos » en France. Il conteste fortement la politique européenne tant sur l’irréalisme de cette opération que sur ces graves conséquences. Il s’attaque avec détermination contre l’Union européenne qui envisage de décarboner l’industrie automobile en obligeant dès 2035 à un 100% électrique pour les véhicules particuliers et de… transport !
Les raisons de sa colère sont à la fois à caractère économique, industriel, environnemental et politique. S’ajoute à cela un impact qui peut aller jusqu’à une fracture sociale et dont les dirigeants européens n’appréhendent pas l’ampleur.
Les futurs véhicules électriques, bénéficiant de larges aides des États, verront leurs prix de vente augmenter de plus de 50% pour l’acheteur. Un véhicule hybride, en progrès, coûte déjà moitié prix. Cette option est laissée de côté. Ne pas placer ce choix du tout électrique « sans l’inscrire dans l’analyse de son cycle de vie » n’a pas de sens, confirme-t-il. Quant à la signature carbone du « tout électrique, on a tendance à oublier qu’il faudra rouler plus de 70.000 km pour espérer en effacer la « mauvaise empreinte ».
`Pour le PDG de Stellantis, le monde automobile est aujourd’hui en crise d’approvisionnement et de commandes. C’est pourquoi, quoiqu’on en pense, on va assister à la destruction de nombreux constructeurs automobiles de tailles moyennes ou petites, dans toute l’Union européenne en commerce avec l’étranger. Les plus grands en quête de rentabilité au détriment des acquis, seront obligés de se séparer de quantités d’ouvriers, de techniciens et d’ingénieurs en surnombre et non récupérables. Leur reconversion devient impossible avec un calendrier trop court. 2035 est une date, sans référence, fixée par technocrates aux ordres d’oligarques et de politiques soucieux de jouer dans le dernier « carré », gouverné par l’Allemagne et une France, partisane d’un suivisme habituel !
Les conclusions ne laissent aucun doute sur le message transmis par Carlos Tavares sur l’impossibilité d’atteindre les objectifs et la catastrophe sociale qui s’annonce.