A qui Obama doit-il sa victoire ?

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Par Philippe David Modifié le 12 novembre 2012 à 5h15

Pour une fois les sondages ne se sont pas trompés : Barack Obama a été réélu Président des Etats-Unis.

Même si les instituts prévoyaient un résultat serré, le Président sortant a fait la différence en s’imposant dans les "swing states", ces états qui votent une fois démocrate, une fois républicain et qui font à chaque fois ou presque la différence. Barack Obama est le seul chef d’état rescapé de la crise qui frappe les pays occidentaux depuis 2008.

Avant lui, tous les chefs d’état qui étaient en fonction en 2008 (lors du déclenchement de la crise) ont été battus, que ce soit au Royaume-Uni, en Espagne, en Italie ou en France, en attendant peut-être le tour d’Angela Merkel dans quelques mois. Cependant, Obama ne doit en aucun cas sa réélection à son bilan qui n’est pas particulièrement brillant d’un point de vue économique, crise oblige, ni politique puisqu’il a renié ses promesses sur nombre de points dont la fermeture de Guantanamo ou le "Patriot act".

Obama doit pour partie sa réélection au rejet de la frange la plus religieuse du Parti Républicain qui a servi de repoussoir à l’électorat féminin et modéré et qui a torpillé dès le début la campagne de Mitt Romney (on pense aux propos sur le viol d’un représentant du Missouri et d’un candidat au Sénat de l’Illinois). On comprend mieux dès lors, comme le montre l’enquête de "USA today" que 54.7 % des femmes et plus de 56 % des gens ayant fait des études supérieures aient voté Obama.

Comme il y a quatre ans, les USA sont coupés en deux : la côte est, la côte ouest et la région des grands lacs votent démocrate tandis que le centre et le sud votent républicain. En clair, les américains qui ont voyagé, ceux qui sont les plus ouverts sur le monde ont voté Obama tandis que "l’Amérique profonde" a voté Romney. Ainsi, les villes de plus de 500 000 habitants ont voté Obama à 69.4 % tandis que les villes de moins de 10 000 habitants ont voté Romney à 60.6 %.

Cette sociologie électorale est exactement la même qu’en France : les quartiers aisés votent socialiste, vert ou UMP tandis que les quartiers populaires votent Front de Gauche ou Front National. Car, aux USA comme en France, il y a les gagnants et les perdants de la mondialisation. Si le Michigan, épicentre de l’industrie automobile, et la Pennsylvanie, épicentre de la sidérurgie, ont voté Obama à 54 et 52 %, c’est avant tout pour le remercier d’avoir sauvé l’industrie automobile américaine en quasi nationalisant General Motors, ce qui est un comble dans le pays qui prône à la planète entière le libéralisme économique.

Car, si la mondialisation se fait sur des critères socio-culturels américains, les américains qui restent sur le bord de la route du fait de cette même mondialisation se comptent par millions. Barak Obama va donc diriger la première puissance du monde pour quatre ans de plus. Mais pour quoi faire ?

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Philippe David, 46 ans, est cadre dirigeant à l'international, auteur de plusieurs livres politiques dont le dernier, « De la rupture aux impostures », est sorti en 2012 aux éditions du Banc d'Arguin. Il est également chroniqueur sur Sud Radio.

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